Matthew Tyson – Tita Reut

Matthew Tyson – Tita Reut
Tita Reut, Une étroite permanence, interventions graphiques de Matthew Tyson (Piégros-la-Clastre : Imprints, 1998)

Figure connue de la scène artistique internationale, Tita Reut a côtoyé pendant des années le peintre-sculpteur Arman (Armand Fernandez). Commissaire de plusieurs expositions d’art contemporain, elle est aussi l’auteur de poèmes et a publié de nombreux livres d’artiste. Son texte Une étroite permanence a inspiré à Matthew Tyson un livre tiré à 12 exemplaires imprimés par ses soins.

Né en 1959 à Londres, Matthew Tyson vit et travaille à Piégros-la- Clastre, près de Crest (Dauphiné). Peintre, il a également conçu une série de dix vitraux pour la cathédrale de Saint-Claude (Jura). Il publie à l’enseigne des éditions Imprints des livres d’artiste et des gravures.

Susan Litsios – Le fuyard

Susan Litsios – Le fuyard

Susan Litsios, Le fuyard (Baulmes, 2010)

Peintures et découpages sur texte imprimé à la presse à épreuve sur papier Ruscombe.

« Le fuyard, livre unique écrit, imagé et découpé par Susan Litsios, est un travail qui s’inscrit dans la tradition du livre pour enfant imaginé par des adultes. On ne peut s’empêcher de penser à Kate Greenaway ou à Beatrix Potter, deux figures marquantes de la culture victorienne. L’ouvrage assume son caractère rétro par le choix de ses éléments figuratifs découpés, la typo-graphie qui « dessine » le texte, ou encore le ruban de dentelle qui noue la reliure.

Mais ces éléments volontairement surannés sont mis au service d’un récit dynamique, qui fait jouer les textes avec les images. Celles-ci n’« illustrent » pas ceux-là : les motifs ont une autonomie, vivent et, à l’instar du cheval noir qui traverse ces pages, se chevauchent. Comme s’il se trouvait face à un herbier vivant, le lecteur assiste à une histoire qui est celle du livre en train de se faire, de s’écrire, de se découper, de s’animer, non seulement au travers du récit, mais encore sous l’action des motifs et des décors aux couleurs lumineuses » (P. Kaenel).

Née à Philadelphie en 1937, Susan Litsios a été très tôt confrontée, dans la librairie parentale, à l’univers des livres, notamment les livres d’enfant illustrés par Arthur Rackham, Ernest H. Shepard, on encore C.W. Wyeth. Après son mariage avec Socrates Litsios, ingénieur de formation, elle suit ce dernier à Genève, où le couple s’installe en 1957. Dès 1974, Susan Litsios grave régulièrement des bois, qu’elle imprime « à la cuillère », de manière artisanale. Elle commence également à graver dans le cadre du Centre de gravure de Genève en 1976.

Etablie à Baulmes depuis 1982, l’artiste poursuit ses expérimentations dans le domaine du dessin, des découpages et de la gravure sur bois, la nature environnante et les animaux constituant pour elle une source inépuisable d’inspiration. Fabriquant elle-même ses couleurs, Susan Litsios est très sensible à la qualité et à la texture des papiers, qu’elle choisit avec beaucoup de soin. Elle utilise dans son atelier une presse manuelle rudimentaire, avec laquelle elle tire non seulement des bois, mais aussi des livres d’artiste produits à quelques unités, quand il ne s’agit pas de pièces uniques. Une presse taille-douce lui permet de tirer des monotypes et des eaux-fortes.

«The work is instinctual, although intellectually I watch what I’m doing. I often feel as though some other force is working through me. I’ve learned to stop when it’s not going well and let my subconscious salve the problem overnight. I don’t draw very much on the block and start to proof print as soon as I can see that something is happening; the wood often has a lot to say, and it seems only sensible to listen to it.»

Prix de la BCU, catégorie « Livres uniques », attribué lors du concours organisé à l’occasion du festival Tirage limité (Lausanne, septembre 2010).

Monica Lombardi – Leventina, il tempo trasparenza

Monica Lombardi – Leventina, il tempo trasparenza

Monica Lombardi, Leventina : il tempo trasparenza (Préverenges, 2010)

Jet d’encre sur film polyester, tiré à 5 exemplaires signés et numérotés.

Née au Tessin en 1963, Monica Lombardi vit à Préverenges depuis 23 ans. Elle a fréquenté de 1988 à 1991 l’Académie Maximilien de Meuron, à Neuchâtel, puis suivi en 1992-1993 les cours d’expression par le dessin de la School of the Museum of fine Arts, à Boston. En 1998, elle a créé l’atelier MaMo à Denges. Depuis 2008, Monica Lomardi se livre à une recherche artistique personnelle inspirée d’une vallée du Tessin. Un long périple l’a mené sur les sentiers de la Léventine, découvrant son histoire au détour d’un clocher, d’un pan de mur, d’herbes sèches, mais aussi de légendes. Au fil des jours, elle a réalisé de nombreux dessins sur papier calque, un support qui s’est naturellement imposé par sa transparence, complice de l’histoire lorsqu’on tourne les pages. Leventina est le premier élément concrétisé de cette recherche.

Prix de la BCU, catégorie « Livres multiples », attribué lors du concours organisé à l’occasion du festival Tirage limité (Lausanne, septembre 2010).

C.F. Ramuz – Les deux vieilles demoiselles

C.F. Ramuz – Les deux vieilles demoiselles
C.F. Ramuz, Les deux vieilles demoiselles (manuscrit autographe signé C.F. Ramuz, 1 vol.)

Les deux vieilles demoiselles, œuvre mineure, appartient à l’époque où Ramuz séjourna à Paris (1904-1914) tout en participant à la vie littéraire romande. Pendant cette période, il signa des chroniques, des comptes-rendus, des poèmes et des nouvelles dans la Gazette de Lausanne, le Journal de Genève, la Semaine littéraire, ainsi que dans la revue française Essais. Les deux vieilles demoiselles ont paru dans le Journal de Genève en juillet 1906.

Ce manuscrit original a appartenu à Pierre Weiller, dont l’ex-libris gravé a été collé sur la page de garde.

Si une grande partie des archives de C.F. Ramuz sont encore conservées à Pully par sa fille, Marianne Olivieri, le Département des manuscrits de la BCUL conserve de nombreux originaux de ce grand auteur vaudois. Toujours d’actualité, l’édition critique de son œuvre fait partie des projets majeurs du Centre de recherches sur les lettres romandes (CRLR). La fin de la parution est prévue pour 2012.

Catalogue raisonné de l’oeuvre de Ric Berger

Catalogue raisonné de l’œuvre de Ric Berger (Lieux divers, 1914-1967, manuscrit autographe avec dessins, schémas des œuvres et coupures de presse, 1 vol.)

Le Morgien Richard Berger, alias Ric Berger (1894–1984), est l’auteur de nombreux ouvrages sur le patrimoine archéologique et historique du canton de Vaud. En plus d’avoir réalisé une production picturale importante, Ric Berger fut professeur et historien d’art, auteur et éditeur d’une centaine de livres sur le patrimoine vaudois illustrés par des dessins de son cru. Il fut aussi linguiste et promoteur de la langue internationale « INTERLINGUA ».

Pendant 53 ans de 1914 à 1967, Ric Berger a tenu un catalogue raisonné de ses œuvres. Ce catalogue contient les numéros de chaque peinture (plus de 3’000 tableaux), les lieux, les croquis, les formats et leur destination.

Ce document a appartenu à Claude Girardet, qui a publié en 2010 l’ouvrage intitulé Catalogues raisonnés en deux volumes de l’œuvre de Ric Berger. Il vient compléter la très large collection de manuscrits en relation avec l’histoire et l’histoire de l’art vaudoises conservée par le Département des manuscrits de la BCUL.

Henri Fraisse – Croquis et relevés

Henri Fraisse – Croquis et relevés
Henri Fraisse, Croquis et relevés, voyages en Italie et en Provence en 1826 (Lieux divers, 1826, 2 vol. in-folio)

Henri Fraisse (1804-1848), fils de Jean-Abraham Fraisse, architecte, et frère de l’ingénieur William Fraisse, entreprend en 1820 des études à l’Académie de Lausanne pour devenir pasteur. Sa santé fragile et son goût pour le dessin l’orientent vers l’architecture à laquelle il a été initié par Jean-Siméon Descombes architecte lausannois.

Agé de 22 ans, il entreprend de décembre 1825 à mai 1826 un voyage en Italie en compagnie d’un jeune artiste français.

L’ensemble acquis comprend 450 dessins originaux au crayon et à la plume, en partie lavés et aquarellés, de format variable.

Ces dessins, rapportés d’un voyage à but culturel, illustrent des monuments connus, des bâtiments et des demeures caractéristiques, des perspectives urbaines et des vues panoramiques ainsi que des objets de musées et de collections. Le premier volume, daté d’avril 1826, est consacré essentiellement à Rome et à sa région. Le second, daté de mai à août 1826, contient des vues de Spolète, Foligno, Assise, Pérouse, Arezzo, Florence, Lucques, Pise, Livourne, Voltera, Viterbe, Bologne et Milan. On y trouve également des vues d’Arles, Nîmes et Orange. Les dessins architecturaux, basés sur des relevés précis, frappent par la qualité de leur rendu très professionnel et par leur sens des proportions. Les vues urbaines, scènes de rue et paysages témoignent d’une bonne maîtrise technique et d’une sensibilité aux détails.

Ces albums, qui ont appartenu à l’architecte genevois Edmond Fatio, dont ils portent l’ex-libris, viennent compléter la collection de docu-ments architecturaux que conserve le Département des manuscrits de la BCUL, comme notamment les archives d’Henri de Geymüller.


Antonin Artaud – Lettres de Rodez

Antonin Artaud – Lettres de Rodez

Antonin Artaud, Lettres de Rodez (Paris : GLM, 1946)

Un des 26 exemplaires réservés aux amis de GLM (Guy Lévis-Mano), dans un emboîtage façon étui à cigares en lézard cerise réalisé par Clara Gevaert en 2007. En novembre 1942, Robert Desnos prend contact avec le docteur Gaston Ferdière, ami de longue date des surréalistes et médecin-chef de l’hôpital psychiatrique de Rodez, afin de permettre le transfert d’Antonin Artaud, alors enfermé à l’hôpital de Ville-Évrard, en région parisienne. Jusqu’en 1946, Artaud écrira au Dr Ferdière, qu’il voit cependant chaque matin, une cinquantaine de lettres qui offrent un témoignage fascinant de l’internement du poète, qui subira 58 séances d’électrochocs. C’est en 1945, durant ce séjour à Rodez, qu’Antonin Artaud commence à tenir un journal sur de petits cahiers, réinvente un nouveau corps d’écriture, entre texte et dessin, entre théâtre vocal et danse rythmée de coups de couteaux qui transpercent la feuille.

La vocation de Guy Lévis-Mano commence en 1923, alors qu’il publie avec quelques amis La revue sans titre, revue illustrée de gravures sur bois dont la mise en page fait l’objet d’une recherche formelle évidente. Ce souci constant pour la typographie et l’illustration ne le quittera plus, qu’il s’agisse des nombreuses autres revues créées ou de son travail d’éditeur. En 1933, le poète urugayen Rodriguez Pintos lui laisse une petite presse à levier avec quelques casses, et GLM commence alors à imprimer lui-même.

« […] Puis, il y avait Aragon, alors rôdeur familier des passages et des ruelles de la capitale. Dans son livre sur ce thème, il avait oublié le poète-imprimeur qui vivait avec sa chienne Elsa dans un enclos du quatorzième arrondissement où il avait son atelier. Paysan de Paris plus qu’Aragon ne l’eût jamais imaginé, Guy Lévis Mano, l’éditeur des surréalistes, travaillait là, dans une arrière-cour de la rue Huyghens où la concierge, qui vivait dans une minuscule baraque, était souvent la mère nourricière de ses artistes. Guy s’affairait lentement dans une minuscule pièce (on avait peine à se glisser autour de la presse d’imprimerie). Il allait composer là, sous la raison sociale GLM, Les Yeux fertiles d’Éluard, La Main passe de Tzara, les Poésies complètes de Soupault, Kyrie de Pierre Jean Jouve et les Lettres de Rodez d’Antonin Artaud. Je le verrai toujours, les doigts brillants de plombagine, cherchant dans le haut de casse la lettrine d’un Garamond. » (Pierre Courthion, D’une palette l’autre)

Monique Joss – Nikolaï Zabolotski

Monique Joss – Nikolaï Zabolotski

Nikolaï Zabolotski, Le poème de la pluie = Po?ma doždja, traduction de Christian Mouze, gravures originales rehaussées de Monique Joss (Paris : Editions du Rouleau libre, 1993)

Tirage limité à 26 exemplaires numérotés et signés.

« Née en 1947, formée aux écoles des beaux-arts d’Angers et de Nantes, Monique Josse expose depuis 1981. Dans ses premiers travaux, elle opte pour la gravure, pointe sèche, aquatinte et bois, techniques énergiques au service d’une émotion intérieure forte, restituée par une esthétique dépouillée, en prise avec le réel. La démarche artistique restera la même par la suite : la technique est au service du propos. […] Chez Monique Josse, l’exercice du regard s’impose comme un préalable expérimental à toute construction artistique. L’observation méthodique et régulière permet de percevoir, sous l’apparente banalité quotidienne, les déterminismes ou les idées reçues, comme les entraves des fondamentaux humains. S’affranchir des modèles dominants, mettre en évidence la vanité, la bêtise, les peurs, justifient des choix techniques parfois abrupts dans lesquels les noirs et les blancs, les gris aussi, prennent leurs significations essentielles. » (Extraits tirés du site web de l’artiste)

Pierre Mréjean, né à Alger en 1960, a fondé en 1988 les Editions du Rouleau libre après avoir réalisé des livres uniques en détournant des textes imprimés ou des manuscrits enluminés. Les livres qu’il publie depuis 1989 à cette enseigne, illustrés de linogravures, de bois ou de peintures originales, sont tirés à quelques dizaines d’exemplaires.

Un voyageur belge dans les Alpes

Un voyageur belge dans les Alpes
Charles-Alexandre Snoeck, Promenade aux Alpes (Gand? 1824)

Récit d’un voyage dans les Alpes suisses accompagné de gravures reproduisant les dessins réalisés par l’auteur durant son périple : le nombre et la nature des dessins variant selon les exemplaires, il est difficile d’en préciser le nombre ; selon une étude de May de Rudder parue dans la Revue d’alpinisme (Bruxelles, année 1939-40, p.13-42), l’illustration comprend : un titre-frontispice en couleurs représentant l’auteur en randonneur alpin, 18 planches de costumes coloriées, 48 planches de paysages, 7 cartes dépliantes (dont une retraçant le trajet effectué depuis Rennaix, en Belgique) et une planche de musique (Ranz des vaches), le tout réalisé en lithographie.

Carla Neis – Heisaberg

Carla Neis – Heisaberg

Carla Neis, A voyage with the contship Romance : La Spezia – Melbourne, text: Heisaberg (Buttes/Berne, 1996-1997)

Livre d’artiste entièrement gravé et réalisé par Carla Neis, tiré à 10 exemplaires numérotés et signés.

Partagée entre son domicile bernois, son atelier de Buttes, dans le Val-de-Travers, et la Haute Ecole d’art et de design de Lucerne, où elle enseigne, Carla Neis voue une attention particulière au livre, sous toutes ses formes : carnet d’artiste, leporello, rouleau… Les livres qu’elle crée, uniques ou produits à quelques unités, constituent autant de jalons dans un parcours très original.

Olivier Estoppey – Claude Reichler

Olivier Estoppey – Claude Reichler

Claude Reichler, Olivier Estoppey au domaine de Szilassy, dix-neuf dessins d’Olivier Estoppey (Lausanne : art&fiction, 2009)

Un des 20 exemplaires de tête signés, reliés par Sofi Eicher, accom-pagnés d’une gravure originale imprimée sur papier japon par Raymond Meyer à Pully.

« Le domaine de Szilassy surplombe le village de Bex et la plaine du Rhône. Depuis 1981, tous les trois ans, le parc paysager est investi le temps d’un été par une exposition de sculpture contemporaine intitulée Bex & Arts. Olivier Estoppey a participé à chacune des dix édi¬tions de la triennale et Claude Reichler les a visitées régulièrement. Cet ouvrage est une pièce à quatre mains. Des motifs s’y déploient, des harmonies le parcourent, des résonances prolongent leurs échos en traversant le temps. Vingt dessins de l’artiste, à l’encre noire, reproduits en taille réelle et sur papier calque, le même support que les originaux, tissent des accords avec les textes. Ils sont écrits avec, bien plus que sur l’artiste, précise le visiteur fidèle, dont les mots se vouent à raconter, au long d’une vingtaine d’années, ce lien particulier. » (Christian Pellet)

Deux livres uniques de Valéria Pasina

Deux livres uniques de Valéria Pasina

Deux livres uniques de Valeria Pasina:

  • Voici que naissent
  • Un peu toi petite chose

Livres d’artistes produits en 2008 par Valeria Pasina dans le cadre du collectif Le Grand Os, à Toulouse, sur des textes d’Aurelio D. Ronda. Exemplaires uniques

Active dans la création artistique autant que dans la mise en scène théâtrale ou la chorégraphie, Valeria Pascina crée des livres uniques en combinant la peinture et la technique du collage.

Martial Leiter – Guerre(s)

Martial Leiter – Guerre(s)
Guerre(s), dessins de Martial Leiter, textes de Françoise Jaunin Walter Tschopp, Duc-Hanh Luong, Brigitte Ziegler (Lausanne : Humus, 2009)

Album paru à l’occasion de deux expositions consacrées au travail de Martial Leiter présentées à Neuchâtel, au Musée d’art et d’histoire et au Centre Dürrenmatt début 2010.

Un des 75 exemplaires de tête signés et numérotés par l’artiste, com-portant une pointe sèche originale.

Né en 1952 à Fleurier, Martial Leiter vit et travaille à Lausanne depuis de nombreuses années. Après avoir suivi une formation de dessina¬teur en machines à Yverdon-les-Bains, il a mis ses talents au service de plusieurs journaux satiriques à la création desquels il n’est pas étranger, comme La Pomme. Devenus progressivement plus graves, avec une charge politique et émotionnelle évidente, ses dessins en noir et blanc, généralement sans texte, paraissent dans la presse suisse et parisienne.

Pierre Schopfer – Marina Tsvetaïeva

Pierre Schopfer – Marina Tsvetaïeva

Marina Tsvétaïéva, Le poème de la montagne, 15 clichés-verre de Pierre Schopfer (La Chaux : A l’enseigne de la Sirène, 2009)

Etabli à La Chaux, près de Cossonay, le peintre Pierre Schopfer est un des rares artistes à pratiquer régulièrement la technique du cliché-verre. Cette technique, utilisée dès la fin du 19e siècle par des peintres tels Camille Corot ou Jean-François Millet, consiste à produire une image sur une plaque de verre mince recouverte de collodion en dessinant ou griffant cette dernière avec une pointe de métal ou de bois taillé ; tamponné avec une brosse ou un pinceau dur, le verre laisse apparaître le dessin original qui, par un jeu de transparence et d’opacité, devient analogue à un négatif verre. Le tirage est ensuite effectué en révélant l’image par insolation, au travers de la plaque, d’un papier enduit d’une couche photosensible.

Ce livre, dont la typographie a été réalisée à Lausanne par Nicolas Chabloz, a été tiré à 20 exemplaires numérotés et signés.

Zivo – Cahier des évocations

Zivo – Cahier des évocations

Zivo, Cahiers des évocations (Lausanne : Chabloz, 2008)

Fac-similé d’un cahier d’artiste réalisé au fil des jours de février à décembre 2000 par Zivo. Né en 1960 à Belgrade, peintre, graveur, auteur d’installations et performer, Zivo réside et travaille à Lausanne.

Un des 20 exemplaires de tête (outre 135 ex. ordinaires) sous coffret toilé, enrichi d’une aquarelle originale signée et justifiée par l’artiste.

Anne-Charlotte Sahli – Dialogue des 4 saisons

Anne-Charlotte Sahli – Dialogue des 4 saisons

Dialogue quatre saisons (Neuchâtel : La Caille, 2010)

Série de quatre livres d’artiste, consacré chacun à une saison, mêlant un texte inédit à des gravures originales d’Anne-Charlotte Sahli:

  • Jacques-Pierre Amée, Printemps
  • Orélie Fuchs, Eté
  • Anne-Charlotte Sahli Automne (petite suite sans paroles, encres)
  • Alice Cochand, Hiver

Imprimé à Vevey sur les presses du Cadratin, cet ensemble a été tiré à 8 exemplaires numérotés et signés par les auteurs et l’artiste.

Michaël Reinhardt – Ulysses

Michaël Reinhardt – Ulysses

Michaël Reinhardt, Ineluctable modality of the visible : Ulysses revisited (Lausanne : Editions du Revenandray, 2008)

C’est la rencontre décisive de Leo Koenders en 2003 à Zurich, à la James Joyce Stiftung, puis à Lausanne en 2004, lors du Bloomsday, qui a permis à ce travail consacré à Ulysses de prendre forme.

De l’idée originale d’oeuvre unique accompagnée d’un journal décrivant le cheminement de l’artiste, le projet évoluera au fil du temps, au gré « des humiliations et des illuminations », pour donner naissance à un livre à part entière, avec des contributions de François Ansermet, Jacques Aubert et Jean-François Reymond.

Un des 5 exemplaires de tête (HC A) accompagnés chacun de deux gravures originales signées et justifiées.

Laurent Guenat – Etiket

Laurent Guenat – Etiket

Laurent Guenat, Etiket (Sainte-Croix : -36 édition, 2009)

Principal animateur de -36 édition / édition de la Vachette alternative, Laurent Guenat, actuellement basé aux Bayards est aussi l’auteur de plusieurs livres d’artiste à tirage confidentiel, tel Etiket, qui propose une réflexion à la fois ludique et sérieuse sur le concept d’étiquette, central dans notre société qui veut nommer et classer toute chose.

Tirage limité à 9 exemplaires numérotés, signés (voire étiquetés…).

Caroline Viannay – Gris le temps a plu

Caroline Viannay – Gris le temps a plu

Gris le temps a plu, images, textes, composition et réalisation de Caroline Viannay (Vaux-sur-Seine, 2008)

Livre d’artiste créé à partir d’une collection de photographies prises entre 1996 et 2008 sur la presqu’île de Ramatuelle. Il a été imprimé à 20 exemplaires avec le procédé ultrachrome d’Epson (à partir de pigments colorés au lieu d’encre d’imprimante classique).

Caroline Viannay a abandonné en 1988 sa carrière d’ingénieure en environnement pour suivre les cours d’Angelica Caporaso, puis de Christiane Vielle, en peinture et en gravure. Très active dans le domaine du livre, elle publie de nombreux ouvrages à petits tirages en alliant à des techniques numériques un goût prononcé pour les belles matières (papiers, tissus…).

Aurélien Farina – Core sample

Aurélien Farina – Core sample

Aurélien Farina, Core sample : fast-forwarding through Starsky and Hutch’s seasons 1 & 2 (Genève : HEAD, 2010)

L’Atelier de micro-édition de la Haute école d’art et de design de Genève, animé par Barbara Fédier et Alain Berset, permet aux étudiants de se confronter à la conception et à la réalisation de livres d’artiste. Core sample a été tiré à 30 exemplaires.

Thieri Foulc – Olivier O. Olivier

Thieri Foulc – Olivier O. Olivier

Thieri Foulcet Olivier O. Olivier, Mouchoirs de Chine (et chameaux) (Auradou : Editions de la Fournial, 2008)

Recueil tiré à 20 exemplaires contenant un choix de dessins réalisés lors d’un voyage en Chine, initialement pour communiquer avec les autochtones, puis par jeu entre les deux artistes.

Thieri Foulc, membre fondateur de l’Oupeinpo (ouvroir de peinture potentielle), créé en 1980 sur le modèle de l’Oulipo (ouvroir de litté-rature potentielle, fondé vingt ans plus tôt par Raymond Queneau et le mathématicien François Le Lionnais), fait partie du Collège pata-physique, dont il assume la charge de provéditeur-éditeur général. Olivier O. Olivier (alias Pierre-Marie Olivier, 1931-2011), peintre de l’absurde, de la dérision et de l’inquiétant, fit partie dès 1963 du groupe « Panique » avec Fernando Arrabal, Roland Topor et Alejan-dro Jodorowsky. Régent d’onirographie (écriture du rêve) du Collège de Pataphysique, il participe également à l’Oupeinpo.

L’Oupeinpo revendique le recours à des contraintes mathématiques, logiques ou ludiques capables de soutenir le travail des peintres et plus généralement des artistes visuels.

Petr Herel – Jean Tardieu

Petr Herel – Jean Tardieu

Séquelle, 10 eaux-fortes de Petr Herel (Paris : Librairie Nicaise, 2009)

« Jean Tardieu n’a jamais rencontré Petr Herel. Ce graveur d’origine tchèque a vécu en France dans les années 76-77. Il avait exécuté, à la demande d’un éditeur, une série de gravures représentant des monstres transposant aux yeux de l’artiste sa lecture de certaines nouvelles des Fictions de Borges. L’éditeur ayant renoncé à la publication projetée, les plaques ont été rachetées par Robert Dutrou, qui a réalisé les tirages et les a montrés à Jean Tardieu. Alors que celui-ci commençait à écrire un texte extraordinaire consacré à ces gravures, Petr Herel, qui traversait alors de graves difficultés, est parti en Australie. Le texte de Tardieu est donc paru seul en édition courante, tandis que les eaux-fortes étaient publiées de leur côté à Sydney par le galeriste Rudy Komon sous le titre de Borges Sequel. C’est moi qui ai retrouvé en 1990 la trace de ce graveur dont Jean Tardieu avait oublié le nom et qui ai établi le lien entre texte et gravures. […] Quant à l’idée de procéder à un retirage des gravures à partir des plaques ayant rouillé à cause du temps écoulé, elle est née de notre correspondance […] » (Frédérique Martin-Scherrer)

Le texte de Tardieu, La vérité sur les monstres, a paru dans le recueil Les tours de Trébizonde.

Reliure magnétique d’Hélène Potin. Tirage limité à 35 exemplaires.

Claire Nicole – Raphaël Aubert

Claire Nicole – Raphaël Aubert

Raphaël Aubert, Toro, toro !, illustration originale de Claire Nicole (Lausanne : Nicolas Chabloz, 2008)

Reproduction d’une œuvre peinte unique de Claire Nicole en forme de leporello, avec le texte de Raphaël Aubert imprimé en blanc. Après l’impression, l’original a été découpé en 21 pages constituant chacune un dessin original accompagnant les exemplaires de tête de l’ouvrage.

Claire Nicole vit et travaille à Lausanne. Son intérêt pour le livre d’artiste et les relations d’amitié qu’elle a nouées avec nombre d’écrivains de Suisse romande et d’ailleurs sont pour elle une source vive d’inspiration.

Fils du graveur Pierre Aubert, Raphaël Aubert, né à Lausanne en 1953, est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, dont des essais et des romans.

Christiane Vielle – Valère-Marie Marchand

Christiane Vielle – Valère-Marie Marchand

Les rivières du ciel, treize poèmes de Valère-Marie Marchand, aquatintes de Christiane Vielle (Paris : Al Manar, 2009)

Journaliste passionnée de calligraphie, sujet auquel elle a consacré plusieurs ouvrages, Valère-Marie Marchand est assoiffée d’écriture, dans tous les sens du terme. Ce livre est né de sa rencontre avec Christiane Vielle, dont la maîtrise parfaite de la gravure, comprise comme un véritable langage, avec ses alphabets et sa grammaire propres, en font une des actrices majeures de l’estampe contemporaine.

Tirage limité à 30 exemplaires sur papier pur fil Zerkall (ex. n° 23).

Claude Hermann – Almanach II

Claude Hermann – Almanach II

Claude Hermann, Almanach II (Genève : Jacques Benador, 2006)

Contenant une suite de douze gravures imprimées à l’Atelier de Saint-Prex par Michel Duplain, cet ouvrage a été tiré à 90 exemplaires. Un des 12 premiers exemplaires (n° 12) enrichis d’une suite imprimée en noir sur Chine et de 10 dessins écartés de chaque signe du zodiaque.

La typographie, conçue par l’artiste et composée par Dumaret & Golay à Genève, a été imprimée par Nicolas Chabloz à Lausanne.

Formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Genève, Claude Hermann « oppose aux modes de l’abstraction, de la figuration libre, de l’expressionnisme et des installations, la discipline de l’imagier, la rigueur et la préciosité de l’enlumineur.» (Jean-Luc Daval)

Martine Clerc – Pierre-Alain Tâche

Martine Clerc – Pierre-Alain Tâche

Pierre-Alain Tâche, Forêt jurée, pastels originaux de Martine Clerc (Moudon : Editions Empreintes, 2008)

Un des 15 exemplaires de tête accompagnés de l’original d’un des pastels de Martine Clerc, dans un coffret réalisé au Musée Encre et Plomb, à Chavannes-près-Renens (ex. n° 14).

André Marfaing – Jean-Marc Bouzat

André Marfaing – Jean-Marc Bouzat

Jean-Marc Bouzat, Sur ton précepte de lenteur, eaux-fortes d’André Marfaing (Paris : Clivages, 1981)

« Avec Soulages, Hartung, l’Américain Kline […], Marfaing est un des grands broyeurs de noir apparus après la dernière guerre, mais il caresse cette couleur avec prudence, tendresse et fermeté. On peut opposer Soulages, tempétueux, matériel, sensuel, même sous la rigueur de ses dernières toiles, à la sévérité, à l’ascétisme de Marfaing. La peinture tourmentée et batailleuse laisse peu à peu la place à un art sans matière, où le blanc, souligné d’éclairs bleus, se charge de toute l’énergie d’une lame à l’instant de frapper.»

(Frédéric Edelmann, Le Monde, 18 octobre 1986)

Tirage limité à 50 exemplaires numérotés et signés par l’auteur et l’artiste sur papier d’Auvergne Richard de Bas.

Pierre Bonnard – Alfred Jarry

Pierre Bonnard – Alfred Jarry

Alfred Jarry, Almanach illustré du Père Ubu, XXe siècle (Paris : Ambroise Vollard, 1900)

Rarissime autant que célèbre édition, illustrée de 79 lithographies originales de Pierre Bonnard, imprimées en bleu, en rouge et en noir.

La mention « 2ème édition » figurant sur la couverture fait référence au premier Almanach du Père Ubu, déjà illustré par Pierre Bonnard, publié fin 1898 par Jarry.

Sylvie Deparis – Salah Stétié

Sylvie Deparis – Salah Stétié

Salah Stétié, La chute du jour, peintures originales en technique mixte de Sylvie Deparis (Neuilly-sur-Seine : Al Manar, 2010)

Née en 1965, Sylvie Deparis est établie dans le Gard. Son travail dans le domaine du livre d’artistes se caractérise par des interventions jouant sur l’équilibre et la dynamique des pages, développant au fil du texte, une poétique visuelle d’une rare intensité.

Ce texte de Salah Stétié, une des figures majeures de la poésie francophone contemporaine, a été tiré à 30 exemplaires.

Philippe Hélénon – Charles-Albert Cingria

Philippe Hélénon – Charles-Albert Cingria

Charles-Albert Cingria, Aria del mese, un dessin et trois peintures de Philippe Hélénon (Saint-Clément-la-Rivière: Fata Morgana, 2011)

Ce livre à tirage confidentiel (33 exemplaires) contient deux textes de Charles-Albert Cingria, «Aria del mese» et «Rue Denis Papin», parus tous deux dans la NRF, en décembre 1934 pour le premier, en mai 1935 pour le second.

Né en 1954, Philippe Hélénon vit et travaille à Paris. Depuis quelques années, il s’adonne à l’illustration, agrémentant de peintures originales des textes d’auteurs contemporains ou plus anciens, notamment pour le compte des éditions Fata Morgana.

Outre trois peintures pleine page et un portrait inédit de Cingria en colophon, l’intervention de Philippe Hélénon comprend un dessin original en guise de papier de garde.

La rose de la cathédrale mise en images par Paul Boesch

La rose de la cathédrale mise en images par Paul Boesch

La rose de Lausanne (Lausanne : Roth et Sauter, 1947)

Douze compositions en couleurs de Paul Boesch monogrammées « PB », accompagnées d’un texte de Paul Budry.

Exemplaire accompagné de douze croquis de l’artiste au crayon (pour la couverture et onze des douze mois, manque le mois d’août), et de douze épreuves des planches avec essai de coloris.

Naomi – Les envoleurs

Naomi – Les envoleurs

Naomi, Les envoleurs (Genève, 1995)

Livre d’artiste gravé (eau-forte, carborundum et Chine collé), tiré en 10 variantes (variante 4/10).Après une formation à l’Ecole supérieure d’arts visuels de Genève de 1993 à 1998, Naomi Del Vecchio a étudié à la Jerusalem Rubin Academy of Dance and Music, avant de poursuivre des études postgrades (MAPS – Art in Public Sphere) à l’ECAV, à Sierre.

« Les livres, et plus largement les mots, ont toujours fait partie de ma pratique artistique, comme une forme en parallèle ou reliée au dessin, à la gravure et plus récemment à l’installation. »

La Fontaine illustré par Carlègle

La Fontaine illustré par Carlègle

Jean de La Fontaine, Les amours de Psyché et de Cupidon, illustrations par Carlègle (Paris : G. Briffaut, 1932)

Exemplaire n° 1079, enrichi d’une suite en noir des illustrations, d’une suite coloriée, ainsi que de dix dessins originaux à l’encre de chine.Né à Aigle en 1877, Carlègle, alias Charles-Emile Egli, a mené une riche carrière d’illustrateur à Paris dans la 1ère moitié du 20e siècle.

Marianne Décosterd – Virginie Favre

Marianne Décosterd – Virginie Favre

Virginie Favre, Kaoz, sept gravures en taille-douce de Marianne Décosterd (Atelier de Saint-Prex, 2010)

C’est en découvrant une série de 27 gravures réalisées par Marianne Décosterd au cours de ses nombreux séjours en Bretagne près de la Baie des Trépassés que Virginie Favre a écrit le texte de Kaoz (mot signifiant en breton « causerie, question, discussion, bobard, conte »).

Ce livre d’artiste à quatre mains a été tiré à 52 unités par Michel Duplain à l’Atelier de Saint-Prex et, pour le texte, par Nicolas Chabloz à La Tour-de-Peilz. L’exemplaire présenté est un des sept premiers, enrichis d’une suite des 20 gravures non retenues.

Ian Anüll – Fo pas

Ian Anüll – Fo pas

Fo pas, suite de sept lithographies et un texte typographié de Ian Anüll (Lausanne : Atelier & Editions Raynald Métraux, 2010)

Né en 1948, Ian Anüll vit à Zurich. Il expose depuis une trentaine d’années dans des musées et galeries du monde entier.

La suite Fo pas a été tirée chez Raynald Métraux à 30 exemplaires.

Maya Boisgallays – Les sept paroles du Christ en croix

Maya Boisgallays – Les sept paroles du Christ en croix

Les sept paroles du Christ en croix, gravures originales de Maya Boisgallays (Paris : Editions Bellaria, 2007)

« Femme, voici ton fils. Fils, voici ta mère.»

Maya Boisgallays partage sa vie entre son atelier parisien et la maison qu’elle et son mari, le compositeur Jacques Boisgallais, habitent à la Tour-de-Peilz. Ses livres sont produits à un nombre très restreint d’exemplaires, 21 pour celui-ci.

Gérard de Palézieux – Philippe Jaccottet

Gérard de Palézieux – Philippe Jaccottet

Philippe Jaccottet, Dans l’eau du jour, cinq gravures originales de Gérard de Palézieux (Meaux : Ed. Revue Conférence, 2009)

Les gravures ont été tirées à La Sarraz dans l’atelier de Catherine McCready. Un des 30 exemplaires comprenant une suite signée des gravures (n° IX/XXX).

Un exemplaire annoté par Antoine Baron, premier archiviste vaudois

Un exemplaire annoté par Antoine Baron, premier archiviste vaudois

Charles-Louis de Bons, Notice sur Chillon, en partie extraite des Mémoires historiques de feu A.J. de Rivaz (Lausanne : M. Ducloux, 1843

Exemplaire enrichi d’abondantes notes manuscrites de Pierre-Antoine Baron (1788-1864) constitué par ce dernier à l’intention du capitaine Louis Chollet, directeur du fort de Chillon, auquel il a été offert en 1854. Chargé de la collection de médailles de la Bibliothèque cantonale dès 1832, puis conservateur des antiquités, Antoine Baron fut le premier archiviste d’Etat vaudois, fonction qu’il assuma de 1838 à sa mort.

Un manifeste réactionnaire dans une reliure romantique

Un manifeste réactionnaire dans une reliure romantique
Charles Cottu, De la nécessité d’une dictature (Paris : Belin-Mandar et Devaux, 1830)

Juriste et publiciste né en 1778, Charles Cottu fut un partisan convaincu de la réaction incarnée par Charles X et un ennemi juré de la liberté de la presse : « Ils ont voulu la liberté indéfinie de la presse ; ils périront par la presse ».

Publié en mars 1830, De la nécessité d’une dictature intervient au moment où la tension entre Charles X et la classe politique est à son comble en raison des prérogatives que le roi veut s’attribuer, ressenties comme un retour à la monarchie absolue.

Contraint à l’exil après le renversement de Charles X, en juillet 1830, Cottu se réfugie à Lausanne, où il rédigera son principal ouvrage : Théorie générale des droits des peuples et des gouvernements appliquée à la Révolution de Juillet.

Reliure en plein veau olive décorée à la roulette à froid, fleuron central estampé en négatif, double filet doré encadrant les plats.

La Bastille revue et corrigée par Linguet

La Bastille revue et corrigée par Linguet
Mémoires sur la Bastille et sur la détention de M. Linguet, écrits par lui-même (A Londres : de l’imprimerie de T. Spilsbury, 1783)

L’avocat Simon-Nicolas-Henri Linguet fut l’un des plus brillants publicistes des années pré-révolutionnaires. Son esprit caustique et sarcastique lui valut de nombreux ennemis, et il préféra quitter la France. On le retrouve en Suisse, en Hollande, à Londres, où il publie en 1777 sa célèbre feuille, les Annales civiles, politiques et littéraires. Suite à son enlèvement par la police française à Bruxelles en 1780, il passera deux années à la Bastille qui lui inspireront la rédaction de ces Mémoires dont la publication fit grand bruit.

Parmi la dizaine d’éditions publiées en 1783 sous l’adresse supposée de Londres, deux le furent à Lausanne. Celle-ci sort des presses d’Abraham-Louis Tarin, identifiable à son matériel typographique, probablement pour le compte du libraire-éditeur François Grasset.

Frontispice représentant l’auteur, en compagnie d’autres personnages se prosternant devant la statue élevée à la gloire de Louis XVI avec, à l’arrière-plan, la Bastille en ruine. La prémonition ne se vérifia pas complétement : la Bastille fut bien détruite, mais pas par Louis XVI, et Linguet fut décapité en 1794…

Des fleurs et des fruits à profusion…

Des fleurs et des fruits à profusion…
Raoul Adrien Fréard du Castel, L’école du jardinier fleuriste, nouvelle édition, corrigée et augmentée par un membre de la Société œconomique de Berne (Yverdon, 1767)

Imprimée par F.-B. de Félice, cette édition revue par le pasteur yverdonnois Jean Bertrand témoigne de l’engouement, à la faveur des théories énoncées par les physiocrates, pour les jardins fruitiers et les plantations florales.

Exemplaire doté d’un frontispice gravé par Le Veau d’après Gravelot représentant deux gentilshommes devant une plantation de tulipes.

Aux sources du « pittoresque »

Aux sources du « pittoresque »
William Gilpin, Three essays : on picturesque beauty, on picturesque travel, and on sketching landscape (London: printed for R. Blamire 1792)

«The art of sketching is to the picturesque traveler what the art of writing is to the scholar. Each is equally necessary to fix and communicate its respective ideas.»

Formulée dès 1768 dans son Essay on Prints, la définition du pittoresque en peinture de William Gilpin (1724-1804) a marqué le goût anglais en matière picturale pendant près de cinquante ans. Figure incontournable de l’esthétique pré-romantique, Gilpin est, avec Jean-Baptiste Le Prince ou plus tard Goya, un des principaux promoteurs de l’aquatinte, ou gravure en manière de lavis, appelée à dominer la scène artistique à la fin du 18e et au début du 19e siècle.

« L’heureux jour » contrefait à Lausanne

« L’heureux jour » contrefait à Lausanne
Masson De Pezay, L’heureux jour, épître à mon ami (A Paris, et à Lausanne : chez François Grasset, 1768)

Contrefaçon lausannoise d’un opuscule publié la même année à Paris. La vignette et le fleuron ont été gravés en taille-douce  à Lausanne par Chovin sur le modèle parisien, oeuvre d’Eisen ; le titre gravé et le frontispice illustrant l’édition originale n’ont pas été repris.

Né à Genève en 1718, Jacques-Antony Chovin est le premier taille-doucier établi à Lausanne, en 1761, après avoir été actif à Bâle, où il signe des travaux dès 1748 au moins.  Auparavant, les planches illus­trant des ouvrages imprimés à Lausanne étaient confiées à des professionnels parisiens, lyonnais ou genevois.

Masson

Un incunable de l’aquatinte

Un incunable de l’aquatinte
Coqueley de Chaussepierre, Le roué vertueux (Lauzanne, 1770)

Cette pochade littéraire prétend réduire à quelques exclamations le texte de l’auteur («En n’y mettant rien, en n’en pourra pas critiquer le style»), laissant le soin à quelque bonne plume de «s’exercer et remplir, en vers ou en prose, ce grand sujet». Prisé par les dadaïstes, qui y virent une préfiguration de leurs idées, ce livre étonnant est illustré de cinq planches anonymes attribuables à Jean-Baptiste Le Prince, considéré comme l’inventeur de la technique de l’aquatinte.

L’aquatinte, grâce à un procédé de grainage au sable des plaques permettant d’obtenir un effet de lavis, constituera un mode de représentation très apprécié à la fin du 18e siècle, avant d’être relayé par la lithographie puis par les procédés photomécaniques, moins coûteux. L’adresse de Lauzanne figurant est fictive. L’ouvrage a paru à Paris.

Coqueley

Une rare édition de Lamartine

Une rare édition de Lamartine
Alphonse de Lamartine, Histoire de la révolution de 1848 (Lausanne : Imprimerie suisse, 1849)

Rédigé au lendemain de l’échec de Lamartine face à Louis-Napoléon Bonaparte aux élections de 1848, ce livre, en dépit de sa  diffusion relativement large (on dénombre cinq éditions différentes en 1849), marque la fin des ambitions politique de l’écrivain.

L’origine réelle de cette édition rarissime (seul exemplaire localisé) reste mystérieuse : aucun autre livre publié à cette époque à Lausanne ne porte l’adresse de l’Imprimerie suisse.

Un « erotica » lausannois

Un « erotica » lausannois
Aphrodisiaque externe ou Traité du fouet et de ses effets sur le physique de l’amour, ouvrage médico-philosophique; suivi d’une dissertation sur les moyens capables d’exciter aux plaisirs de l’amour (1788)

Attribué au médecin François-Amédée Doppet (né à Chambéry en 1753), cet ouvrage fait partie de ce que les libraires de l’époque appelaient pudiquement les « Livres philosophiques ». Il témoigne de la mode du libertinage et de la curiosité que suscitent les thématiques hédonistes pour les contemporains du marquis de Sade.

Cette édition, sortie des presses lausannoises d’Henri Vincent, identifiable à son matériel typographique (selon Pascal Delvaux, étude en cours), constitue un des rares exemples connus de tels livres imprimés en terre vaudoise.

Un Robinson veveysan

Un Robinson veveysan
Collection de cent-cinquante gravures représentant et formant une suite non interrompue des Voyages et aventures surpre­nantes de Robinson Crusoé, dessinées et gravées par F. A. L. Dumoulin à Vevey (Vevey : chez Blanchoud, vers 1818)

François-Aimé-Louis Dumoulin (1753-1834) quitte Vevey à l’âge de vingt ans pour aller chercher fortune à Londres. Il y embarque pour les Antilles, où il demeurera neuf ans. En marge de ses emplois dans le commerce, il apprend la peinture en autodidacte. De retour à Vevey au bénéfice d’une petite fortune, il a pu vivre de sa peinture, notam­ment en vendant des œuvres et en donnant des cours de dessin privés.

Les Voyages et aventures de Robinson Crusoé, de Daniel Defoë ont paru en anglais en 1717. La première traduction française a été publiée à Amsterdam en 1720. Cette fiction inspirée de l’histoire véri­dique d’un marin écossais abandonné pour s’être rebellé sur l’île de Juan Fernandez, au large du Chili, de 1705 à 1709, a fait rêver des générations d’adolescents. Dans l’ « Avertissement » placée à la tête du volume, Dumoulin souligne bien l’importance de ce texte et de son illustration pour le jeune homme qu’il avait été : « Dès mon enfance, ce livre et les figures qui y étaient attachées, fixèrent singulièrement mon attention ; je leur dois le goût de la lecture, du dessin et de l’étude de la nature, et Robinson Crusoé développa chez moi le désir de voyager ».

La suite gravée à l’eau-forte et retouchée au burin par Dumoulin constitue un des ensembles d’images les plus riches inspirés par les voyages de Robinson.

Le volume présenté appartient à la rarissime réédition sur « grand pa­pier » publiée à Vevey par le libraire Blanchoud vers 1818, quelques années après la parution originale, imprimée par Loertscher et fils.

Un fac-similé de l’édition originale de ce livre peut être commandé à la BCU-Lausanne ou acheté à la boutique du Musée.

Un dessinateur yverdonnois peu connu : Fritz de Niederhäusern

Un dessinateur yverdonnois peu connu : Fritz de Niederhäusern

Souvenirs de la campagne du Rhin, 1857, dédiés au vingtième bataillon (commandant Many) par F. de Niederhäusern (Genève : Imprimerie Auto-lith. Eisenhardt, 1857)

Cet album relate en vingt planches lithographiées la participation d’un bataillon genevois à une des premières mobilisations de la toute jeune armée fédérale, placée sous le commandement du Général Dufour- Il s’agissait de contenir la menace d’une invasion prussienne de la Suisse à la suite du coup d’état tenté en 1856 pour rétablir la souveraineté de la Prusse sur le canton de Neuchâtel, réuni à la Confédération depuis 1848.

Né à Yverdon en 1828, François-Louis (alias Fritz) de Niederhäusern a été l’élève d’Alexandre Calame à Genève. Le recueil intitulé Badenweiler 1862 (14 planches) témoigne de son établissement en Alsace, près de Mulhouse, où il épouse en 1867 Olga Koechlin et où il décédera en 1888. L’exemplaire acquis est dédicacé à « Monsieur Emile Koechlin » (industriel de Mulhouse apparenté à son épouse).

Une perle dadaiste imprimée à Lausanne

Une perle dadaiste imprimée à Lausanne
Francis Picabia, Poèmes et dessins de la fille née sans mère : 18 dessins, 51 poèmes (Lausanne : Imprimeries réunies, 1918)

Ce célèbre recueil de poèmes « mécanomorphes » dans lequel Picabia a tenté de réconcilier deux des facettes de son talent, celle d’auteur et celle de peintre, a été réalisé durant les années difficiles où l’artiste sombre dans une profonde neurasthénie. C’est à l’occasion d’un séjour en Suisse, où il rencontre le Dr Brunnschweiler, que Picabia fera imprimer ce livre, probablement à compte d’auteur. Exemplaire dans une reliure originale de Bernard Bichon comportant sur chaque plat un décor d’esprit mécaniste constitué de pièces détachées d’horlogerie reliées par un fil rouge.

24 vues de Lausanne au temps des Romantiques

24 vues de Lausanne au temps des Romantiques
Souvenirs de Lausanne (Lausanne : G. Rouiller, vers 1830)

Cet album contient 24 vues de Lausanne signées « J. Dubois ». L’activité du peintre genevois Jean Dubois (1789-1849) prend place dans le contexte du développement du tourisme en Suisse, à l’époque romantique. Il a gravé des vues pittoresques qui ont fait l’objet de publications plus ou moins ambitieuses selon les possibilités de l’éditeur. Destinés à une clientèle aisée, ces recueils étaient réali­sés avec beaucoup de soin. Les gravures publiées permettent de docu­menter de nombreux endroits et bâtiments modifiés ou disparus, qui n’ont pas toujours connu les honneurs d’une représentation pictu­rale.

Les planches qui composent ce volume ont été imprimées par André-Philibert Spengler, l’un des premiers lithographes romands, établi à Genève et à Lausanne au début des années 1820.

Des Hurons lausannois qui n’en sont pas…

Des Hurons lausannois qui n’en sont pas…

L’Ingénu, histoire véritable tirée des manuscrits du Père Quesnel

Ce texte, l’un des plus célèbres de Voltaire, a paru à Genève, chez les frères Cramer, sous l’adresse fictive d’Utrecht en 1767.  Parallèlement, une édition pirate a été publiée à Paris sous le titre Le Huron, ou l’Ingénu et l’adresse, tout aussi fictive, de Lausanne. Ces deux éditions ont été réimprimées l’année même une douzaine de fois par des ateliers restés anonymes. On dénombre 8 éditions différentes datées de Lausanne en 1767…

La Terreur à Lyon…

La Terreur à Lyon…
Liste générale des dénonciateurs et des dénoncés, tant de la Ville de Lyon que des Communes voisines et de celles de divers Départemens (Lausanne : Société typographique, 1795)

« Plusieurs Citoyens de Lyon, qui s’étoient réfugiés dans notre Ville, et à qui nous avons donné l’hospitalité pour les soustraire à la hache triumvirale, nous ont fait-parvenir, après leur retour dans leurs foyers, les listes des dénonciateurs et dénoncés, avec prières de les faire imprimer. Nous avons acquiescé à leur demande, et nous nous sommes persuadés que non seulement nous rendions service aux braves Lyonnais, en publiant ce recueil qui leur fera connoitre les bons et les mauvais Citoyens, et dont nous garantissons l’autenticité par les pieces originales et en bonnes formes, qui sont entre nos mains, mais nous croyons encore avoir préparé des matériaux à l’homme de lettres qui donnera l’histoire impartiale de la Révolution de la France.

Description de la gravure :

A droite, une mère avec ses enfans arrosant de leurs larmes un Mausolée qui renferme les restes d’un époux fidelle, d’un père tendre, égorgé par les Robespierriens. Des cyprès ombragent le Mausolée. Un génie planant dans les airs, ceint de la couronne de l’immortalité, une urne cinéraire, qui surmonte la pyramide. A gauche, un canon, pour désigner le genre de mort, inventé par le sanguinaire Collot, pour punir les prétendus rebelles de Lyon. »

L’origine lausannoise de cette liste dénonçant les méfaits des parti­sans de la Terreur à Lyon est douteuse : la Société typographique, censé l’avoir imprimée, a cessé toute activité en 1783 déjà.

Cervantès imprimé à Lausanne

Cervantès imprimé à Lausanne
Nouvelles exemplaires de Michel de Cervantes Saavedra, traduction et édition nouvelle augmentée de trois nouvelles qui n’avoient point été traduites en françois & de la vie de l’auteur par Mr. l’abbé S. Martin de Chassonville (Lausanne : Marc-Michel Bousquet, 1759, 2 vol.)

Le libraire-éditeur lausannois Marc-Michel Bousquet, dont le com­merce s’étendait à l’Europe entière, a publié les Nouvelles exem­plaires de Cer­vantès à plusieurs reprises, en espagnol (1743) et en français (1744 et 1759), dans la traduction publiée par l’abbé Saint-Martin de Chas­sonville à Amsterdam de 1705 à 1707.

Le frontispice gravé et les 10 planches qui ornent cette parution sont identiques dans toutes les éditions de ce livre publiées par Bousquet.

Le premier dictionnaire français-italien

Le premier dictionnaire français-italien
Dictionnaire françois et italien, recueilli par Jean Antoine Fenice
(A Morges, et se vendent à Paris chez Nicolas Nivelle, 1585)

Cet ouvrage constitue le premier dictionnaire français-italien connu. Oeuvre de Giovanni Antonio Fenice, érudit protestant originaire de Ferrara établi à Paris, il est dédicacé à Matthias Le Noir, trésorier d’Henri III, qui a assuré le financement de l’entreprise.

Ce sont les frères Jean et François Le Preux, grands libraires parisiens réfugiés à Lausanne puis à Morges pour cause de religion, qui ont imprimé ce dictionnaire, en coédition avec leurs confrères Jacques Du Puys et Nicolas Nivelle. La date imprimée sur le titre est tantôt 1584, tantôt 1585. Certaines entrées, par exemple « Omble », suggèrent que Fenice pourrait avoir séjourné quelques temps sur les rives du Léman :

Umble, espece de poisson du lac de Geneve : Pesce che nasce nel lago di Geneva, molto buono e delicato.

Un brûlot réformé imprimé à Lausanne en 1574

Un brûlot réformé imprimé à Lausanne en 1574
Francois Hotman, Francogallia, editio secunda (Coloniae : ex officina Hieronymi Bertulphi, 1574)

François Hotman, jurisconsulte et homme de lettres né à Paris en 1524, a enseigné la philologie pendant quelques années à l’Académie de Lausanne après avoir adhéré au protestantisme en 1547. Il rejoint en 1556 Strasbourg avant de s’établir à Bourges. Suite au massacre de la Saint-Barthélemy, il se réfugie à Genève, où il publie, en 1573, un pamphlet qui fera sensation intitulé Francogallia. Ce livre défend l’idée que la couronne de France n’est pas héréditaire mais élective, et que les rois peuvent par conséquent être déposés. Il a fait l’objet en 1574 d’une seconde édition et d’une traduction en français (La Gaule françoise), toutes deux imprimées à Lausanne sous la fausse adresse de Cologne par les frères Le Preux, identifiables à leur matériel typo­graphique. François Hotman est mort à Bâle en 1590.