Numérique Durable : Le Datacenter et les données

Les activités numériques centralisées dans nos datacenters ont un impact environnemental très important, même proportionnellement plus important que mesuré dans des études européennes ou nationales. Le domaine de la recherche gourmand en données et en calcul explique en partie ce résultat. Voici quelques informations sur ce qu’abritent nos datacenters et sur la manière de diminuer leur impact environnemental.

Quel est la part des datacenters dans l’impact environnemental du numérique ?

Dans cet article, on s’intéresse aux datacenters de l’UNIL, les autres aspects étant traités dans d’autres articles de la même série. L’UNIL est un environnement particulier dans lequel la recherche joue un rôle majeur. Or, cette dernière est particulièrement gourmande en données et en puissance de calcul pour les traiter. La partie administrative ou d’enseignement se distingue peu de toute autre administration publique. Finalement, l’impact du datacenter a un impact similaire à la somme des impacts du réseau, de l’environnement utilisateur, de l’impression et de la téléphonie, donc environ 50% de l’impact si on ne considère pas les étudiants. Dans une étude de référence en France, de l’ADEME (Agence de la transition écologique ou Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), les datacenters représentent entre 4 et 22 % des impacts liés au numérique. Les datacenters de l’UNIL ont donc proportionnellement un impact plus important que la moyenne en Europe.

Découvrez notre série consacrée au numérique durable :
Impact environnemental pour les différents appareils et activités à l’UNIL pour le personnel (périmètre global). Les impacts des différents types d’appareil sont normalisés et présentée sur une échelle arbitraire. Pour chaque type d’appareil, les impacts mesurés selon les 4 indicateurs sélectionnés (légende) sont représentés par un code couleur. Sans les étudiants, les datacenters (DC) a le plus d’impact. GES = Gaz à effet de serre éq. CO2, Eau = tension sur l’eau exprimée en m3, ADP = abiotic depletion potential (Epuisement des ressources abiotiques tel que minéraux et métaux.

Que contiennent les datacenters de l’UNIL ?

Voici quelques chiffres sur les datacenters de l’UNIL et le matériel pris en compte dans l’étude de l’impact du numérique à l’UNIL :

Information datacenter (début 2001)Nombre
Nombre de datacenters3(*)
Nombre de racks112
Nombre de serveurs physiques592
Nombre de Baies de stockage176
Éléments de réseau (Switch, firewall, VPN, ect)83
Surface des datacenter (m2)630
Consommation annuelle des datacenters (KWh)11015
(*) provisoirement 4 durant la migration d’un datacenter
Mesure des équipements du Datacenter au moment de l’enquête (fin 2021) et mesure de l’énergie consommée par les datacenter. En comparaison, une puissante éolienne produit environ 3’000 KWh. La consommation du datacenter correspond donc à un peu moins de 4 éoliennes.
Les armoires à serveurs réservées pour l’UNIL dans le datacenter de l’EPFL

En complément, voici le type de données générées à l’UNIL et leur évolution fin 2023

Type de donnée% approx.TB approx.Tendance
Données de recherche807800augm. rapide
Données administratives101000stable
Données individuelles sur les laptops5500stable
Données d’enseignement2200stable
Données sur microsoft 3652200augm. rapide
Divers/autre1100stable
Le volume de l’ensemble des données numériques a été estimées ou mesurée selon les cas (valeur 2023). En comparaison, le disque dur de votre machine permet de stocker 0.5 ou 1TB de données.

A quoi servent les datacenters de l’UNIL ?

De nombreuses infrastructures sont présentent dans les datacenters. Certaines dédiées à des tâches précises, d’autres à de multiples usages :

  • Différentes Infrastructures de calcul pour la recherche en fonction du type de données (non sensibles, sensibles, médicales)
  • Différentes infrastructures de données en fonction de leur provenance (recherche ou administratif), du type de données (sensibles ou non) et de leur utilisation (données utilisées régulièrement dites chaudes ou données peu utilisées dites froides)
  • Infrastructure pour faire tourner de nombreuses machines virtuelles (VM) dédiées à des tâches très diverses (sécurité, site web, Moodle, Sylvia, SAP, applications RH, GED, Impression, etc. ainsi que de nombreuses machines virtuelles nécessaire pour faire tourner les infrastructures physiques ou virtuelles de l’UNIL. Au total un peu plus de 1000 machines virtuelles
  • Infrastructure VDI pour les salles de cours
  • Infrastructure de backup des données
  • Infrastructure de backup des VM

Au vu de la diversité des tâches réalisées dans les datacenters, il apparaît déjà clairement qu’il n’y a pas de solutions simples pour réduire leur impact environnemental. De plus, de nombreuses stratégies de numérisation de processus administratifs ainsi que de nouveaux appareils scientifiques prolifiques en données vont à l’encontre d’une diminution de l’impact des datacenters.

D’où vient l’impact environnemental des datacenters ?

Contrairement à l’environnement des utilisateurs pour lequel la fabrication est l’étape la plus polluante et la phase d’utilisation moins critique, la phase d’utilisation est la plus polluante pour les datacenters. L’impact sur l’utilisation des ressources minérales et métallurgiques est toutefois une exception car cet impact provient de la fabrication des équipements informatiques (serveurs). Cette différence provient d’une utilisation intensive et partagées des équipements qui fonctionnent souvent 24h/24h, ce qui n’est pas le cas de votre télévision ou de votre ordinateur personnel.

Quelques chiffres tirés de l’étude sur le numérique en Europe, publiée en 2021 :

  • 67% de l’impact sur les ressources, minéraux et métaux est dû au matériel informatique, principalement sa construction. 80% de l’impact si on ajoute les éléments réseaux.
  • 58% de l’énergie consommée durant la phase d’utilisation est due aux matériel informatique, une part de 42% est imputable aux équipements d’assistance technique (ventilation, refroidissement, génératrices etc.).
  • 35-45% des impact environnementaux sont dus à l’usage du matériel informatique dans les datacenters, selon l’indicateur choisi.

En conclusion, tout ce qui peut réduire la consommation énergétique des équipement informatiques du datacenter va avoir un effet positif sur l’impact énergétique. Si cette réduction permet d’éviter la construction d’équipements supplémentaires, cela aura également un impact sur l’utilisation des ressources minérales et métallurgiques.

Quel comportement adopter pour diminuer son impact ?

Contrairement à l’environnement utilisateur sur lequel chaque personne exerce une influence importante, il est plus difficile d’avoir une influence personnelle sur les impacts d’un datacenter. Si vous travaillez à l’UNIL vous n’avez pas le choix d’utiliser les produits à votre disposition tels que SAP, Moodle, Sylvia ou les sites web qui sont situés dans les datacenters. Ces processus numérisés ont généralement également quelques points positifs dont des délais raccourcis et une diminution importante de l’utilisation du papier, et potentiellement des imprimantes.

Les comportements pouvant diminuer l’impact des datacenters sont principalement de l’ordre de l’hygiène numérique pour laquelle vous trouverez de nombreux sites internet qui vous proposent divers comportements. En voici quelques principes :

Éviter de stocker tout pour toujours. Les données stockées ne consomment pas beaucoup mais ce stockage est sur une longue durée. C’est finalement comme votre garage : de temps en temps, il faut faire de la place.

Questionner nos besoins. A-t-on besoin que le monde entier sache que l’on a mangé une pizza hier à midi ou rencontré un chat devant chez soi ? Ou de prendre 40 photos du paysage devant soi qui ne seront, probablement, pas visionnées à l’avenir ? Tout simplement ne pas utiliser le numérique pour des besoins inexistants simplement car c’est facile et rapide à faire, même si la société pousse exactement dans le sens opposé.

Tout geste est utile, même si son impact est minime. Le cas le plus souvent cité est la suppression de mail. Les spécialistes s’accordent à dire que l’impact environnemental est mineur et bien plus faible que de prolonger la vie de votre smartphone ou de votre TV. Toutefois cela fait partie des gestes du numérique durable qui, s’ils sont faits par tout le monde, ont un impact comme éviter d’envoyer des mails à trop de personne, éviter les grosses pièces jointes, vider sa corbeille, etc.

Quels mesures l’UNIL peut-elle prendre ?

L’UNIL est en phase finale de migration de son plus ancien datacenter vers un nouveau bien plus efficace d’un point de vue énergétique afin d’améliorer son bilan global. L’ancien datacenter n’a pas été conçu pour cela donc les mesures de sécurité ou d’optimisation de la consommation énergétique actuel ne sont pas présents. La migration de tous les éléments à forte consommation électrique sera terminée en été 2024. Diverses initiatives ont également été mises en place pour limiter la croissance et améliorer la gestion des données de recherche qui sont les plus nombreuses avec une forte augmentation. Toutefois, la question de diminuer les différentes tâches faites dans nos datacenters risque d’être difficilement conciliable avec la tendance actuelle de numérisation de la société. Des arbitrages seront donc nécessaires et cet aspect sera traité par la Direction dans sa stratégie globale concernant la durabilité à l’UNIL, à la suite de l’assemblée de la transition.

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