Numérique durable : Les outils de travail personnel

L’environnement utilisatrice/utilisateur a un fort impact environnemental numérique. Que faire pour diminuer son impact environnemental ? Quelles mesures sont efficaces et lesquelles ne le sont pas ? Découvrons quelle partie du cycle de vie a le plus d’impact et donc quelles mesures chaque individu peut prendre pour contribuer à prendre soin de la planète.

Quelle est la part de l’environnement utilisateur dans l’impact environnemental du numérique ?

L’impact de l’environnement utilisatrice/utilisateur, selon la définition en encart, a été étudié dans le détail et certains résultats sont présentés dans cet article. Dans la pratique, les études se concentrent généralement sur les éléments les plus pertinents pour un périmètre donné et qui sont suivis par des inventaires ou dont une estimation peut être raisonnablement faite. À l’UNIL par exemple, certains appareils sont peu présents et ne sont pas pertinents, notamment les consoles de jeux. Dans le tableau ci-dessous, les équipements principaux intégrés à l’analyse d’impact numérique de l’UNIL. Les appareils des étudiants n’y sont pas inclus.

Le type d’équipement à l’UNIL ne cesse d’évoluer. Par exemple, depuis la pandémie, l’achat d’ordinateur fixe a très fortement chuté tandis que l’achat de portable est désormais la norme.

L’environnement personnel (généralement nommé environnement utilisateur) correspond à tous les appareils ayant une composante numérique qui ne sont ni localisés dans un datacenter, ni nécessaires au réseau. On y trouve principalement les ordinateurs, écrans, téléphones portables et fixes, imprimantes, télévisions, jeux électroniques, box internet personnelles, objets connectés comme les montres, réveils,…

Découvrez notre série consacrée au numérique durable :
Matériel (UNIL)Nombre
Ordinateur fixe2413
Ordinateur portable2722
Station d’accueil244
Périphérique (disque dur, webcam, etc.)552
Tablette610
Ecran d’ordinateur2832
Télévision101
Vidéo projecteur203
Imprimante596
Equip. de vision spécifique119
Téléphone fixe2843
Smartphone230
Liste du matériel pris en compte dans l’étude de l’impact environnemental du numérique à l’UNIL. Cela correspond au parc existant début 2021. Les effets de la pandémie ne sont encore que peu visibles car la majorité du matériel a été acquis avant le début de la pandémie.

Dans l’étude européenne sur le numérique citée précédemment, l’environnement utilisateur est responsable d’environ 70% des impacts allant entre 55% et 85% selon l’indicateur étudié (figure ci-dessous, A). Dans l’étude UNIL (figure ci-dessous, B), les imprimantes et la téléphonie ont été mises à part mais les trois premières colonnes correspondent à l’environnement étudié dans l’étude européenne. Finalement, l’environnement utilisateur pèse moins de 50% de l’impact du numérique à l’UNIL. À noter toutefois que les étudiantes et étudiants ne sont pas inclus. Si on inclut ne serait-ce qu’une demi-machine par étudiante ou étudiant dans l’analyse, l’environnement augmente fortement et dépasse les datacenters d’un point de vue impact environnemental.

Dans les deux études, le réseau est le moins impactant. De plus, ces proportions changent d’une étude à l’autre, en fonction du périmètre, mais l’environnement utilisateur arrive toujours en tête lorsque le grand public est pris en compte.

L’étude européenne montre que l’impact de l’environnement utilisateur représente un peu plus de 60% (partie bleu) en général, voire presque 90% pour l’utilisation de ressources abiotiques (minéraux et métaux).
A l’UNIL, l’environnement utilisateur correspond à environ 35% du total en prenant en compte l’impression et la téléphonie mais sans prendre en compte les étudiants. Ceci est dû conjointement au besoin élevé de ressources informatiques pour la recherche et par le fait que plusieurs types d’appareil inclus dans l’étude européenne ne sont pas – ou très peu – utilisés de manière professionnelle (télévision, console de jeux etc.)

Comment expliquer la différence entre l’étude de l’UNIL et l’étude européenne ?

Deux raisons expliquent cette différence :

  • Premièrement, dans l’étude européenne, des équipements extrêmement répandus ont des effets majeurs et le nombre d’équipements par personne peut être très élevé. Les télévisions par exemple représentent à elles seules 25% de l’utilisation de l’énergie primaire, sans tenir compte des téléviseurs. A l’UNIL le nombre de machines par personne est relativement contrôlé et les télévisions sont très peu présentes. A contrario, l’augmentation du nombre d’écrans observé actuellement qui accompagne les ordinateurs portables pourrait significativement augmenter l’impact environnemental à l’avenir.
  • Deuxièmement, l’UNIL est un environnement qui génère beaucoup de données et d’activités scientifiques nécessitant une puissance de calcul élevée ce qui proportionnellement augmente l’impact des datacenters (développé dans un autre article de la série).

Quel est l’impact de l’environnement utilisateur durant son cycle de vie ?

L’analyse des impacts environnementaux de différents biens de consommation selon leur cycle de vie (production, transport, utilisation et fin de vie) a été faite par différents organismes. Le graphique ci-dessous a été réalisé par l’AEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, France) qui compare différents biens de consommation dont les appareils électroniques (figure ci-dessous) mais uniquement pour l’indicateur « Changement climatique / gaz à effet de serre (CO2) ».

La production des appareils (ECV1 à 4-assemblage) a le plus fort impact environnemental comparativement à la distribution (ECV4-distribution) ou à l’utilisation (ECV5). La fin de vie ne permet que très légèrement diminuer l’impact. La diminution de notre impact environnemental passe donc nécessairement par la diminution de la production d’appareil.

La production des appareils (ECV 1 à ECV 4) est de loin la première cause d’impact écologique pour les gaz à effet de serre comme démontré ici, mais les autres études arrivent à la même conclusion. Toute action permettant donc de diminuer la production de nouveau matériel est donc une action pertinente à prendre.

L’impact du transport et l’impact de son utilisation sont plus variables suivant les équipements considérés mais dans tous les cas plus faibles que la fabrication. Pour le transport, l’impact principal vient du moyen de transport utilisé à la sortie de l’usine. Tout transport par avion augmente l’impact sur l’indicateur de 9 à 22%. L’utilisateur final ne peut généralement pas ou peu influencer l’impact dû au transport.

Pour l’utilisation, la plupart des équipements connectés 24h/24h ont un impact non négligeable (modem, box TV) ainsi que les appareils intrinsèquement gourmands en énergie (télévision). L’utilisateur peut plus facilement avoir une influence sur l’impact dû à la consommation.

Une infographie sur une page résume les impacts du numérique pour la France également éditée par ADEME en 2022 est disponible sur leur site.

Quel comportement adopter pour diminuer son impact ?

De nombreux documents et sites web proposent des solutions et le but n’est pas ici de lister toutes les mesures possibles mais de donner quelques principes qui doivent vous permettre de choisir les mesures les plus efficaces. Ces principes sont naturellement applicables dans votre vie professionnelle et privée.

Le premier principe, efficace, est d’éviter de fabriquer et donc d’acheter. Le but est de  questionner son besoin et d’acheter ce qui est utile et nécessaire. Par exemple, ai-je besoin d’une télévision dans chaque chambre ? Ou d’un ordinateur, une tablette, un smartphone, et une montre connectée ? À noter que l’argument d’acheter un nouvel appareil pour remplacer un ancien plus gourmand en énergie n’est généralement pas valable car la fabrication du nouvel appareil a un impact bien plus important que l’énergie économisée.

Le second principe, efficace, est de prolonger la durée de vie des appareils. Le but est de se questionner sur la nécessité d’obtenir la dernière innovation. Par exemple, ai-je vraiment besoin de changer ma télévision à chaque coupe du monde de football ? Dois-je absolument changer mon smartphone car l’écran est passé 6.5 pouces à 6.6 ? Ai-je besoin de remplacer ma montre connectée qui fonctionne par une autre pour épater mon entourage ? Dans les exemples précédents, qui sont caricaturaux, la réflexion doit permettre de prolonger la durée de vie tant que l’appareil est fonctionnel et remplit le besoin. Au final, le nombre d’appareil acheté diminue et les impacts environnementaux également.

A noter que l’achat d’appareils reconditionnés ou de seconde main permet également de prolonger la vie de certains appareils.

Le troisième principe est une utilisation économe des appareils. La phase d’utilisation n’est pas l’impact principal mais l’usage économe des appareils est souvent assez simple à mettre en œuvre. La mise en place d’écran de veille, d’un interrupteur général pour éviter la consommation résiduelle lorsque l’appareil est inutilisé, ou la diminution de la luminosité d’un écran sont des gestes bienvenus qui ne gênent aucunement l’usage de l’appareil, et permet même de faire des économies en réduisant l’impact. Encore plus simple et efficace, n’oubliez pas d’éteindre un appareil lorsque vous avez fini de l’utiliser.

Quelles mesures l’UNIL peut-elle prendre ?

Notre centre de compétence en durabilité a réalisé une étude globale sur les impacts environnementaux et sociétaux de l’UNIL selon une méthode dite du Donut. Cette dernière a ensuite été présentée à l’assemblée de la transition qui avait pour mission de proposer des objectifs et des actions à la Direction ce qui a été fait fin 2023. Il apparaît clairement que le numérique a un impact important à l’UNIL comparativement à d’autres domaines même si la méthode utilisée ne fait pas discrimination entre les différents usages ou type de matériel.

Durant ces prochains mois, une stratégie globale concernant la durabilité à l’UNIL pour les années à venir sera élaborée à l’UNIL et des mesures concernant le numérique y seront intégrées.

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