Deux portraits de Gabriel Delagrange et de son épouse sont revenus en Suisse après un long détour par l’étranger. Leur présentation et l’évocation de cette famille de réfugiés huguenots, qui a donné au Pays de Vaud deux de ses meilleurs architectes, mettent en perspective une précieuse donation faite au Musée historique de Lausanne
MVD 4-2013
Laura Bottiglieri, « La maison de Kalbermatten dite « la Préfecture », à Sion »
Protégée par un portail grillagé et précédée d’une cour pavée, la maison dite «la Préfecture», en référence à un pan de son histoire, intrigue autant qu’elle impressionne. Autrefois clairement intégré au tissu urbain de la rue de la Porte-Neuve, par laquelle on y pénétrait, le bâtiment n’a eu de cesse de s’affirmer, depuis le début du XVIIIe siècle déjà, comme une maison de maître. La demeure de la famille de Kalbermatten est majestueuse, fière, imposante et dissimule tout de son splendide jardin, véritable havre de paix au cœur de la ville, lequel contribue à en faire un édifice atypique à Sion. Rien de tel pour piquer la curiosité de l’historien de l’art
Martine Jaquet, « En haut ou en bas: stades lausannois et ambitions olympiques »
La relation qu’entretient Lausanne avec ses équipements sportifs n’est pas un long fleuve tranquille. En effet, périodiquement ressurgit la question complexe : faut-il construire en haut ? ou plutôt en bas ? Cette question a trouvé une nouvelle actualité dans le contexte du projet Métamorphose.
Il n’est pas question ici de s’interroger sur la pertinence des choix contemporains. Par contre, il est intéressant pour l’historien de se pencher sur un débat long de plus d’un siècle, scandé par quelques moments forts, en particulier les candidatures déposées par Lausanne pour l’organisation les Jeux Olympiques.
Gaëtan Cassina, « Le blason inédit d’Antoine Cosson (vers 1454). Coup de projecteur sur la chapelle Saint-Sébastien de l’église d’Agiez »
Des travaux effectués en 1972-1973 dans la chapelle Saint-Sébastien attenante à l’église d’Agiez (district du Jura-Nord vaudois) ont mis au jour, dans des circonstances demeurées mystérieuses, une console armoriée en pierre jaune.
Discrètement, mais soigneusement conservée, elle n’a pas fait depuis l’objet d’études visant, d’une part, à déterminer sa provenance exacte et, d’autre part, à identifier les armoiries figurées dans un écu de petite dimension.
Il est fort tentant et plausible d’attribuer ce blason à Antoine Cosson, notaire et alors mayor d’Agiez.
Denis Decrausaz, « Les portraits des Gingins par Pierre Guillibaud, ou Les désirs de paraître d’une famille patricienne »
Le château de La Sarraz conserve une riche collection d’objets mobiliers qui servaient de décor à la vie quotidienne des Gingins – l’un des rares lignages vaudois ayant appartenu au patriciat bernois.
Après les premières recherches menées sur place par une équipe de la section d’Architecture et Patrimoine (UNIL), un ensemble de portraits remarquable, tant quantitativement que qualitativement, a pu être mis en évidence. La présente contribution propose d’examiner une série d’œuvres inédites exécutées par le peintre Guillibaud (1655-1707), en s’intéressant particulièrement à leurs fonctions sociales et symboliques.
Claire Huguenin, « Portraits en façade. La reconstruction du portail Montfalcon à la cathédrale de Lausanne (1892-1900) »
Commencé en 1515, le portail Montfalcon constitue un des éléments majeurs de la campagne de travaux engagée par l’évêque Aymon de Montfalcon, une opération qui a conféré au secteur occidental de la cathédrale sa physionomie actuelle. Cet écran monumental en grès de Montbenon est venu clore le porche largement ouvert du XIIIe siècle, jusqu’alors séparé de la nef par le passage couvert de la «grande travée». Il restera cependant inachevé.
En janvier 1889, le comité de restauration de la cathédrale engage David Lugeon et son fils, Raphaël, pour mener à bien le renouvellement du portail, une opération dont la durée est alors estimée à cinq ou six ans, mais qui au final, va occuper le second pendant vingt ans. Le nouveau portail de Lugeon intégrera les portraits des principaux restaurateurs de la cathédrale.
Laurent Chenu, « Rupture et permanence. La transformation du temple de Saint-Luc »
Si les cathédrales et les édifices majeurs de l’architecture civile et religieuse sont désormais tombés dans les considérations touristiques et commerciales de la société de l’image, le patrimoine de quartier, plus modeste, est confronté depuis plusieurs années à la nécessité de transformer ses usages pour en assurer la pérennité.
Le temple de Saint-Luc, à Lausanne, participe pleinement de cette histoire à transformations multiples dont le patrimoine nous livre les plus emblématiques exemples.
Béatrice Lovis (avec une contribution d’Eric J. Favre-Bulle), « Les boiseries peintes du château de Mézery. Le récit imagé d’une vie de seigneur dans le Pays de Vaud vers 1760 »
Situé à quatre kilomètres au nord-ouest de Lausanne, le château de Mézery abrite l’un des plus beaux salons peints du canton de Vaud. En 2011 et 2012, son nouveau propriétaire fait entièrement rénover le bâtiment et ses boiseries peintes sont conservées et restaurées par l’Atelier Saint-Dismas.
Classé au patrimoine depuis 1981, cet ensemble peint est constitué de 26 panneaux en bois de sapin formant un cycle de 19 scènes qui font pour la plupart référence aux divertissements de la noblesse de l’Ancien Régime, la danse, la musique et le théâtre d’une part, la promenade, la chasse et la pêche d’autre part. A ces thématiques s’ajoutent quelques scènes pastorales ou galantes et une scène militaire.
Monique Fontannaz & Anna Pedrucci, « Château de Coppet. Histoire et archéologie: un état des connaissances »
Le château de Coppet compte parmi les châteaux classiques les plus imposants de Suisse romande avec celui de Prangins. Son aspect actuel paraît relativement homogène et résulte essentiellement des travaux de reconstruction effectués par Jean-Jacques Hogguer ; mais, malgré les apparences, la construction du château s’est échelonnée sur plus de quatre siècles (de la fin du XIIIe siècle à 1715-1720).
Les travaux de restauration systématique du château, qui touchent aujourd’hui à leur fin avec la campagne en cours sur les façades côté lac et Lausanne, ont permis d’en affiner la connaissance, grâce à la recherche d’archives, à la fouille et à l’analyse archéologique.
Dave Lüthi, « L’école-usine. L’Ecole des métiers de Lausanne. Chronique d’une (très) lente gestation »
En 1931, l’Ecole des métiers de Lausanne ouvre ses portes. Son architecture moderne est due à un quatuor d’architectes quelque peu dissonant, mené par Jacques Favarger ; structure en béton armé, toiture plate, rationalité du plan sont loués dans les revues d’architecture d’alors. Pourtant, il aura fallu un tiers de siècle (1897-1931) pour que le projet voie le jour : construire un établissement de formation pour les futurs ouvriers n’est pas une évidence au début du XXe siècle. Et, par conséquent, l’architecture choisie reflètera la conception qui prévaut alors pour ce genre de programme : il s’agit moins d’une école que d’une usine, préparant les élèves à leur future vie professionnelle.