Stars et vedettes européennes de cinéma: figures de la norme et de la transgression

Jeudi 11 et vendredi 12 octobre 2018 

Université de Lausanne, Unithèque 4215

Programme

L’objectif de ce colloque est de renouveler la recherche sur la question des stars et du vedettariat dans le cinéma européen par rapport à des caractéristiques nationales, ethniques, de genre, d’âge ou à des valeurs politiques hégémoniques dans une période historique donnée.
Conférencier(s)/animateur(s):  Geneviève Sellier Université Bordeaux Montaigne  –  Jeanne Rohner Université de Lausanne  –  Charles-Antoine Courcoux Université de Lausanne  –  Ginette Vincendeau King’s College London  –  Raphaëlle Moine Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3  –  Gwénaëlle Le Gras Université Bordeaux Montaigne  –  Mauro Giori Università degli Studi di Milano  –  Valerio Coladonato The American University of Paris

L’étude des stars de cinéma, à partir de l’ouvrage pionnier d’Edgar Morin (1957), a été axée avant tout sur des actrices et des acteurs hollywoodien·ne·s. En effet, les recherches de Richard Dyer (1979; 1986), fondateur des star studies, qui ont donné lieu à une production scientifique importante dans le contexte académique anglo-saxon, ont été essentiellement dédiées aux stars hollywoodiennes, à la question de la performance actorielle, à l’articulation entre leurs images publique et privée, à la pluralité des significations qu’elles véhiculent, mais aussi à la diversité des pratiques de réception qu’elles ont engendrées. En Europe continentale, les star studies sont un phénomène plus récent. En France par exemple, il a fallu attendre les années 2000 pour observer un développement significatif de ce champ de recherche (Juan, 2014 ; Daniélou, 2017), notamment au travers d’études consacrées à des stars nationales (Vincendeau 2000; Le Gras 2010). En Italie, malgré la contribution pionnière et très influente de Francesco Alberoni (1963), l’étude des stars et des vedettes ne s’est imposée que dernièrement, mais souvent dans le prolongement des travaux centrés sur le jeu d’acteur (Pitassio 2002, 2003, Jandelli, 2006, Pierini 2006). En Allemagne enfin, les star studies semblent encore reléguées à la marge des études cinématographiques.

L’objectif de ce colloque est de renouveler la recherche sur la question des stars et du vedettariat dans le cinéma européen par rapport à des caractéristiques nationales, ethniques, de genre, d’âge ou à des valeurs politiques hégémoniques dans une

période historique donnée. La star, la vedette ou le star-système en général peuvent être considérés dans l’ensemble comme des facteurs de consolidation de la légitimité de l’ordre dominant (Marshall 1997). Cependant, la star, avec sa complexité sémantique, peut aussi véhiculer des valeurs opposées au système en vigueur, faire ressortir des contradictions propres à ce système même ou alimenter le désir d’émancipation des classes subordonnées ou des minorités politiques (Coladonato, 2015). En tant que “polysémie structurée” (Dyer, 2004: 67), l’image d’une star est en effet composée d’une pluralité de qualités individuelles et de valeurs sociales ou politiques, parfois contradictoires. Les (para)textes qui présentent et promeuvent les stars, ainsi que les représentations produites par la critique ou les fans, peuvent ainsi exploiter des caractéristiques différentes au sein d’un éventail plus ou moins large d’interprétations possibles.

 

  • Charles-Antoine Courcoux et Mattia Lento (Section d’histoire et esthétique du cinéma, lettres)
  • Avec le soutien de la Plateforme interfacultaire en études genre de l’UNIL (PlaGe), du Centre en études genre (CEG, SSP) et du Fonds national suisse (FNS)