L’URSS de Brejnev vue par les médias suisses
Dans un contexte de course frénétique à l’armement des blocs américain et soviétique, la période dite de la Guerre froide s’étale sur toute la deuxième moitié du 20ème siècle, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à la dislocation du bloc soviétique en 1991. L’arrivée de Brejnev au pouvoir en 1964 s’effectue dans un contexte particulier de détente des relations avec les Etats-Unis.
Pour cause, la politique dite de “déstalinisation” instaurée par Khrouchtchev quelques années auparavant a visé à créer une atmosphère de “coexistence pacifique” avec le bloc de l’ouest. Par la suite, alors que la crise de Cuba, qui marque la fin de l’ère Khrouchtchev (1962), est proche de provoquer une troisième guerre mondiale, les décisions qui suivent tentent en premier lieu de calmer l’atmosphère entre les deux blocs. De manière notable, la mise en place du téléphone rouge en 1963 reliant les Etats-Unis au Kremlin, ainsi que la longue série de traités signés entre l’URSS et le bloc de l’ouest montrèrent leur préoccupation quant à la dangerosité de l’armement nucléaire[3].
Règne de Leonid Brejnev, événements majeurs
Les événements historiques sélectionnés pour ce travail se consacrent exclusivement à l’époque durant laquelle Brejnev est au pouvoir. De manière globale, le contraste le plus intéressant est à noter entre la période de détente qui précéda les accords d’Helsinki (1975) et la remontée progressive des tensions entre les deux blocs qui se solda par la guerre d’Afghanistan en 1979.
Durant la première période, comme explicité précédemment, beaucoup de traités sont signés dont on citera : le Limited test ban treaty en 1963 contre les essais nucléaires en atmosphère, le traité sur la non-prolifération d’armes nucléaires en 1968[8,9], SALT 1, signé en 1971 et pour finir, les accords d’Helsinki de 1975. Ces derniers représentent une avancée conséquente en matière de coopération en Europe. En opposition, la révolte tchèque contre le communisme en 1968, appelée printemps de Prague, augmente grandement les tensions avec les pays européens mais aussi dans le bloc soviétique lui-même[2,7]. La décision prise par Brejnev, sous le prétexte de la souveraineté limitée des Etats satellites, d’envahir la Tchécoslovaquie afin de maintenir l’ordre est considérée comme une grave menace par une grande partie des états européens, communiste ou non.
En deuxième période, la détente commence à s’essouffler pour laisser réapparaître les tensions originelles entre les deux adversaires. Dans ce contexte, la guerre d’Afghanistan fut choisie comme l’élément le plus important de la période post-Helsinki, marquant en effet la fin de la détente. Cette dernière fut accompagnée de la crise polonaise due à la répression du mouvement Solidarnosc[5]
Présentation du Corpus
Les textes qui seront soumis à l’analyse numérique proviennent exclusivement des archives du Temps ( « Les Archives Du Temps », [2]), regroupant le Journal de Genève (JDG) et la Gazette de Lausanne (GDL).Il faut prendre en compte que ce sont des médias libéraux, qui ont donc une certaine opinion par rapport au communisme et à l’URSS. Dans leur globalité, ces données s’étendent sur tout le 20e siècle. Leur degré de qualité (i.e de retranscription) est plutôt bon à partir de 1920.
Pour notre travail, la première restriction temporelle ne gardera que les articles publiés entre 1962 et 1984. De cette manière, toute l’ère Brejnev pourra être étudiée et la possibilité de regarder les transitions avant et après Brejnev restent intacts.
Plusieurs aspects de cette période seront passés au crible. En particulier, notre analyse portera sur trois périodes distinctes : celle précédant la crise de Prague, celle s’étendant de la crise de Prague à la guerre d’Afghanistan et celle suivant la guerre d’Afghanistan. Des analyses lexicales permettent d’affiner notre compréhension de l’opinion médiatique à leur sujet.