Conclusion

L’analyse que nous avons faite dans ce travail permet de mettre en exergue des points importants qui répondent en partie à notre problématique. Au-delà du cas grec assez évident et évoqué ci-dessus, nous pouvons constater un durcissement de la ligne éditoriale des journaux face au régime franquiste au cours du temps. En plus du changement de rédacteur en chef (notamment René Payot pour le JDG), ce changement est probablement aussi lié à l’évolution des valeurs de liberté et démocratie portée par divers mouvements au cours de la seconde moitié du XXème siècle. Au contraire, les analyses ne permettent pas d’affirmer que les journaux aient été critiques face à Salazar. Ils se contentent d’informer le lecteur lors de troubles importants, mais il ne semble pas y avoir d’articles de fond critiquant le régime sur une longue période. Cela est cohérent avec la politique du gouvernement suisse (et de nombreux autres pays) qui ne considère pas le Portugal comme un régime totalitaire et entretient en tout temps des relations cordiales avec ce pays. Cette différence de traitement entre les deux régimes peut également s’expliquer par les nombreux immigrés espagnols arrivés en Suisse dans les années 60, témoins du régime franquiste qui ont pu sensibiliser la population suisse quant à la politique de leur pays d’origine, tandis que l’immigration portugaise qui reste très faible jusque dans les années 80, a sûrement moins influencé les médias pendant la période étudié dans ce travail. Enfin, les résultats tendent à montrer que le Journal de Genève était plus complaisant face à ces régimes totalitaires que la Gazette de Lausanne.

Bien que l’approche méthodologique que nous avons choisie soit assez simple, elle nous a tout de même permis de comprendre dans les grandes lignes comment ces régimes étaient perçus au cours du temps par ces deux journaux. Cependant, une analyse plus complexe aurait peut-être permis de dégager d’autres éléments. Ainsi, pour la plupart des corpus, Iramuteq n’a pas mis en évidence beaucoup de noms propres, il était donc compliqué de comprendre à qui le JdG et la GdL donnaient la parole. La création de plusieurs sous-corpus aurait peut-être pu donner de meilleurs résultats. Aussi, les analyses de similitudes (notamment les graphes) étaient difficilement interprétables. Un travail plus « fin » dans la création du corpus ou un traitement plus complexe des graphes sur Gephi aurait sûrement permis de mieux comprendre les champs lexicaux utilisés. Enfin, « découper » les corpus par intervalle de temps (par ex. un corpus tous les 10 ans) nous aurait donné de meilleurs résultats de manière générale, notamment pour l’Espagne et le Portugal.