Pourquoi devrions-nous améliorer nos compétences de santé en matière de soins de fin de vie ?

Les compétences de santé en matière de soins de fin de vie sont importantes. En Suisse, en Europe et dans la plupart des pays développés, les populations vieillissent. Nous vivons toujours plus longtemps avec davantage de maladies chroniques et de maladies non transmissibles. Pourtant, l’augmentation en besoins médicaux ne s’accompagne pas d’une meilleure compréhension de la problématique, ce qui permettrait pourtant à la population de prendre des décisions éclairées pour leurs vieux jours. 

Les prestataires de soins de santé étant mieux à même de diagnostiquer et de traiter les conditions de fin de vie, l’accent est mis sur un modèle de soins davantage centré sur le patient. Il est donc essentiel de pouvoir offrir aux personnes âgées et à leurs familles les moyens de prendre des décisions pour les soins, même si les niveaux de connaissances en matière de santé varient énormément d’une personne à l’autre.

C’est la raison pour laquelle Clément Meier, chercheur postdoctoral à HEC Lausanne, a mis au point un nouvel outil de mesure permettant d’évaluer le niveau de compétences de santé en matière de soins de fin de vie. Il s’agit du premier outil de ce type au niveau mondial et il s’appuie sur un travail approfondi d’enquête sur les compétences des Suisses dans ce domaine.1  

L’un des principaux résultats de la recherche a montré qu’un tiers des personnes âgées en Suisse ont un faible niveau de connaissances de santé en matière de soins. Elles ont également des difficultés à gérer les questions liées à la santé. 1 La fin de vie est un moment délicat, car les individus et les proches doivent prendre des décisions médicales complexes dans des situations où la santé physique et mentale est moins bonne.

Les enjeux ne pourraient être plus élevés lorsque les choix sont déterminants pour la vie ou la mort d’une personne. Pourtant, de nombreuses personnes ne disposent pas des outils nécessaires pour prendre de telles décisions. 2 En étant mieux informés, les gens peuvent obtenir de meilleurs résultats.

« Pour la première fois, il est possible d’établir un classement des compétences de santé en matière de soins de fin de vie. Nous savons que les scores sont meilleurs pour les femmes que pour les hommes ; celles et ceux qui ont une meilleure santé, un niveau d’éducation plus élevé et une meilleure situation financière. Nous avons également constaté que les personnes qui ont des scores plus faibles sont moins enclines à aborder les questions de fin de vie. Cette recherche nous permet donc d’agir en conséquence », explique le Dr Clément.

« Il est essentiel d’accepter le fait que nous avons tous une date de fin de vie à laquelle nous devons nous préparer. Les discussions sur la planification avancée des soins doivent être menées tôt avec les prestataires de soins de santé, ainsi qu’avec les membres de la famille. C’est particulièrement important dans les cas de démence. Si l’on ne planifie pas ses soins à l’avance, on risque de se retrouver avec davantage de soins intensifs et de soins de fin de vie. Le risque de mourir à l’hôpital est également plus élevé ».

Il ne s’agit pas seulement d’une question de connaissance des options en matière de soins de fin de vie. Il existe également un fossé entre la perception et la réalité qui doit être comblé. Très peu de gens savent que les chances de survie d’une personne de 70 ans après une réanimation cardio-pulmonaire (RCP) en dehors de l’hôpital sont très faibles. Pourtant, la majorité d’entre elles souhaitent toujours être réanimées.  2

« Les personnes ayant une connaissance plus précise des taux de survie à la RCP sont plus susceptibles de refuser la réanimation en cas d’arrêt cardiaque. Il est important d’améliorer les connaissances de la population. Cela permettra aux prestataires de soins de santé d’économiser de l’argent et d’élaborer des plans plus réalistes pour les soins de fin de vie », déclare le Dr Clément.

Une meilleure compréhension du processus de la mort peut aider les gens à prendre des décisions de fin de vie plus éclairées. L’objectif final est d’encourager les politiques publiques qui améliorent la capacité des gens à faire des choix éclairés.

Image © Oleg Gapeenko | Vecteezy.com

  1. Une perspective de santé publique sur la littératie en santé des personnes âgées en fin de vie en Suisse. Thèse de doctorat 2023, Lausanne.
  2. Perceptions et connaissances des situations médicales en fin de vie chez les personnes âgées en Suisse, Meier et al, Journal of Palliative Medicine, 2023, 26 avr.
  3. La surestimation des taux de survie de la réanimation cardio-pulmonaire est associée à une préférence plus élevée pour la réanimation : Evidence from a National Survey of Older Adults in Switzerland, Medical Decision Making 2023, Clement Meier, Sarah Vilpert, Maud Wieczorek, Gian Domenico Borasio, Ralf J. Jox, and Jurgen Maurer.