
Thèse en sciences de l’environnement, soutenue le 12 mai 2025 par Bart Steen, rattaché à l’Institut des dynamiques de la surface terrestre (IDYST) de la FGSE.
Les espèces exotiques envahissantes (EEE) sont des espèces non indigènes qui causent des dommages écologiques et/ou économiques dans certaines régions et elles sont l’une des principales causes de l’appauvrissement de la biodiversité. On peut les gérer, mais les efforts de conservation manquent souvent de main-d’œuvre et de ressources. Il est donc essentiel de les guider à l’aide de modèles informatiques.
Les modèles de distribution des espèces (SDMs) sont de plus en plus conseillés à cette fin. Ils permettent de relier les occurrences d’espèces à des données numériques sur l’environnement et de quantifier ainsi l’ensemble des conditions environnementales dans lesquelles une espèce est présente, ce que l’on appelle sa « niche environnementale ». Les données environnementales sont échantillonnées d’une façon aléatoire, généralement sur le plan géographique, à cette fin. Cette niche peut ensuite être projetée sur une carte pour indiquer les zones qui conviennent à l’espèce.
Car les espèces non indigènes peuvent devenir envahissantes sans que nous le sachions, cette thèse commence par décrire quels jeux de données environnementales prédisent le mieux la répartition des espèces non indigènes par rapport à celle des espèces indigènes. On a trouvé que les espèces non indigènes sont plus fortement associées à la nature affectée par l’homme et aux surfaces artificiels que les espèces indigènes, bien que le climat soit le facteur prédictif le plus fort pour les deux groupes d’espèces.
Ensuite, on a cherché si les SDMs sont plus performantes lorsque les conditions environnementales sont échantillonnées d’une façon environnementale, plutôt que d’une façon géographique. Nos résultats montrent que c’est en effet le cas. Les indices recueillis ont ensuite été appliqués à une EEE, Heracleum mantegazzianum Sommier & Levier.
Enfin, la probabilité qu’une EEE réussisse à envahir une nouvelle zone une fois qu’elle y est arrivée est étudiée. Le potentiel de l’indice de marge de niche (NMI), une mesure qui compare la niche dans les zones où l’espèce est indigène (c’est‐à‐dire la niche indigène) et la niche à un point d’invasion, a été exploré. Plus précisément, différentes méthodes de quantification de la niche indigène ont été comparées les unes aux autres. L’NMI est un bon indicateur du succès de l’établissement lorsque des cartes de l’aire de répartition indigène sont utilisées pour quantifier la niche indigène, mais pas lorsqu’une SDM de l’aire de répartition indigène ou des occurrences indigènes sont utilisées.
Les résultats de cette thèse fournissent de nouvelles lignes directrices pour l’utilisation des SDM et l’analyse de la probabilité de succès des invasions dans la lutte contre les EEE.