Jack-pot économico-énergétique mais challenge environnemental !
La péninsule du Yamal représente une des régions les plus prometteuses en terme d’exploitation d’hydrocarbures. Elle constituerait à elle seule plus du quart des réserves mondiales de gaz.
Mais la Russie compte également sur le réchauffement climatique et l’ouverture de nouvelles voies maritimes pour exporter ses matières premières. Elle parachève actuellement la construction d’un tout nouveau terminal gazier dans le port de Sabetta, tout au Nord de la péninsule. La visite du complexe, initialement prévue dans le cadre du projet, nous fut cependant refusée. Il nous a donc été impossible d’observer l’état actuel du chantier.
Les gaz extraits des différents sites de forages devraient y être acheminés via tout un réseau de pipelines, avant d’y être liquéfiés et expédiés par tankers vers les différentes régions du globe.
La Sibérie et la Mer de Kara correspondent aux nouvelles zones d’intérêt en ce qui concerne l’extraction de matières premières. Les réserves qu’elles renferment suscitent bon nombre de convoitises et représenteront sans nul doute, l’un des principaux enjeux énergétiques durant ces prochaines décennies.
Avec ces nouvelles alliances politiques et embargos économiques, les écosystèmes de la péninsule du Yamal et de la Mer de Kara, déjà fortement mis à mal durant l’ère soviétique, semblent d’ores et déjà appelés à évoluer de manière drastique durant ces prochaines décennies Marées noires en tous genres, plateformes de forages abandonnées et sols à jamais souillés, l’exploitation de ces régions septentrionales pourrait porter le coup de grâce à la faune et la flore locales.
La péninsule du Yamal représente bien, à sa manière le paradoxe du monde contemporain: renfermant l’un des plus gros volumes d’hydrocarbures de la planète, elle abrite également des espèces en voie d’extinction ainsi que des tribus aux traditions millénaires.
Faut-il exploiter les ressources au détriment de notre écosystème ?
Y a-t-il une éventuelle conciliation possible ? Ce cas d’étude, même s’il se déroule dans les régions les plus reculées de notre planète, soulève bon nombre de questionnements et préoccupations, que ce soit sur l’évolution de cet écosystème sensible, mais également sur notre mode de vie et notre responsabilité écologique puisqu’ils l’impactent.
L’enjeu énergétique en quelques chiffres
Les réserves estimées se montent à plus de 16 trillions de m3 de gaz (tcm), 230 millions de m3 d’huiles à condensats et 290 millions de m3 de pétrole pour l’ensemble de la péninsule. Pas moins de 26 champs à gaz, huiles et condensats se répartissent sur l’ensemble de la péninsule.
Les principales licences d’exploitation sont détenues par Gazprom, Novatek et Lukoil qui collaborent étroitement avec l’administration de la province autonome de Iamalo-Nénétsie (YaNAO) et le gouvernement russe. L’un des enjeux clé de l’exploitation de la péninsule réside dans l’acheminement des hydrocarbures. Ainsi, ce ne sont pas moins de 15?000 km de pipelines qui devraient être construits d’ici à 2030 pour acheminer le gaz à travers tout le pays, jusqu’en Europe.
Pour en savoir plus
- Iamal, un océan de gaz, Philippe Descamps, Le Monde diplomatique
- Iamal, megaproject (PDF), Gasprom