Comment vous appelez-vous ?
Philippe Vonnard, né en 1980 à Lausanne.
Pourriez-vous en trois ou quatre phrases nous décrire votre parcours ?
Après une formation gymnasiale en études commerciales à Lausanne, j’ai effectué un apprentissage accéléré dans le milieu bancaire, accompagné d’une maturité professionnelle commerciale.
Motivé par l’idée de reprendre des études, en 2005 (et grâce à l’école PrEP !) j’ai passé l’examen d’entrée la Faculté des Sciences sociales et politiques de l’Université de Lausanne où j’ai par la suite respectivement obtenu un baccalauréat en science politique (orientation : relations internationales) en 2008 et une maitrise en sciences et mouvement du sport (orientation : sciences sociales) en 2010.
Dans le cadre d’un poste d’assistant-diplômé, en 2016 j’ai obtenu un doctorat à l’Université de Lausanne en sciences du sport et de l’éducation physique (orientation : histoire contemporaine). Au bénéfice de deux séjours de mobilité financés par le Fonds national suisse de la recherche (à Cologne, puis à Paris), je travaille actuellement en qualité de chercheur FNS senior à l’Université de Lausanne, plus précisément à l’Institut des sciences du sport.
Quand est-ce que vous avez commencé à travailler dans le projet « La fabrique des sports nationaux » et quelles sont vos missions dans ce projet ?
J’ai débuté en janvier 2019. En tant que coordinateur scientifique, je suis particulièrement attentif au maintien d’une (bonne) cohésion de travail entre les membres du projet. En outre, je m’occupe de la mise sur pied des réunions régulières de travail, d’ateliers de recherches divers et participe à la constitution de la base de données du projet.
Je conduis aussi un projet personnel qui s’attèle à mieux saisir les enjeux ainsi que les acteurs du « transfert culturel » qui s’est opéré en matière d’établissement du football dans l’Arc lémanique entre 1870 et 1920.
Quel est votre rapport à l’histoire ?
Outre une curiosité personnelle pour le passé, j’estime que l’histoire est fondamentale pour saisir la société (ou plutôt les sociétés) actuelle. Le passé, avec son lot de surprises pour nous autres contemporains, pousse à un décentrement constant et discute les idées reçues/simplistes. Cet élément me parait essentiel dans l’idée de créer un vivre ensemble construit sur des bases de respects et de compréhension mutuelle.
Je dois aussi dire que faire l’histoire du (ou des) sport est assez fascinant car c’est un domaine qui touche beaucoup d’individus dans la population et, de fait nos qualités d’analyses et nos méthodes en tant qu’historien-ne-s ne sont pas forcément reconnues en tant que tel. Dans le même temps, le sujet reste globalement perçu comme « secondaire » ou comme une « curiosité » au sein de la communauté académique ce qui n’est pas sans créés des difficultés (notamment en termes d’imbrication dans des réseaux scientifiques).
Toutefois, il faut prendre le positif là où il est et une chose est sure : traiter de sport ne laisse que (rarement) indifférent, et ce quel que soit le lieu !
Quel livre d’histoire liriez-vous une deuxième fois (ou une troisième fois ?) avec plaisir ?
Question difficile, il y a tant ! Je vais en donner deux, très différents :
Nathan Wachtel, La vision des vaincus, étude des années 1970 qui proposait, via une méthode d’anthropologie historique, de renverser la perspective en essayant de montrer ce qu’avait été la colonisation espagnole pour des peuples d’Amérique du Sud. Une découverte que je dois à mon épouse, d’origine colombienne.
Nicolas Bouvier, L’usage du monde, qui relate le voyage qu’il a effectué en Asie dans les années 1950 avec son ami, le peintre Thierry Vernet. Humilité, interrogations et retour sur soi, trois éléments qui m’ont frappé dans cette lecture effectuée, pour la première fois, au gymnase.
Êtes-vous un amateur de sport au quotidien ?
Le sport c’est un peu « je t’aime moi non plus », tant « les sciences sociales désenchantent le monde » comme l’écrivait Max Weber. Mais oui j’en consomme régulièrement à la télévision (je ne peux me défaire de cette « socialisation secondaire ») et en fais aussi (avec l’âge, plutôt de la course à pied).
Quel est votre souvenir le plus marquant autour du sport ?
« La main du Diable » : soit le but de la main marqué par le joueur angolais du Benfica Lisbonne, Vata, contre l’Olympique de Marseille en demi-finale retour de la Coupe des clubs champions 1990. C’est l’un de mes premiers souvenirs (bien clair) de sport à la télévision. Et sinon, en tant qu’acteur, la finale de la Coupe de suisse 1998 où après 17 ans, Lausanne-sport avait (enfin) remporté à nouveau le trophée (face au FC Saint-Gall). Le retour à Lausanne avait été grandiose et par un effet d’opportunité assez unique, j’avais fait le trajet Ouchy-Pontaise sur le camion-remorque transportant les joueurs. Quelle journée (et soirée) !