Le Prix de l’État de Berne, qui vise à soutenir des projets favorisant les échanges entre les différentes parties de la Suisse, salue cette année le travail de la fondation Lapurla. Sa directrice, Karin Kraus, le recevra lors du Dies academicus le 23 mai prochain.
Biberonner les tout-petits à l’art
Initier les moins de 4 ans à la culture dans toute la Suisse, telle est la mission que la fondation Lapurla s’est donnée. Elle appuie les organisations et communautés dans cette démarche, leur offrant conseils, mise en réseau et assistance. « Avec plus de 20 projets pilotes, nous avons démontré que la participation culturelle peut fonctionner dès le plus jeune âge », résume Karin Kraus. Cofondatrice de Lapurla en 2018, cette mère de deux ados de 14 et 16 ans dirige l’institution depuis 2022.
Principal défi à relever ? Convaincre les adultes de l’importance de cette approche. « Très curieux, les jeunes enfants, eux, sont toujours partants », sourit-elle. Elle poursuit : « Parce qu’ils ne savent encore ni lire ni écrire, on estime accessoire de leur faire découvrir l’art. Or il a été prouvé que 90% des synapses se forment au cours des cinq premières années de vie. On marche sur la tête ! »
Karin Kraus cumule un diplôme en sciences de l’éducation et un autre en arts. C’est ce double point de vue qui lui a permis de relever un manque de convergence entre les domaines de l’éducation et de la culture. « Soit on est pédagogue, soit on est spécialisé en art. Mais rarement les deux », résume-t-elle. Pour rapprocher ces domaines et apporter une éducation culturelle de qualité aux moins de 4 ans, elle lance en 2013 le CAS intitulé « Kulturelle Bildung » (en français « formation culturelle ») à la Haute École des arts de Berne. Démarré sous forme de projet pilote, il en est à sa onzième édition et constitue une importante pierre angulaire pour la fondation Lapurla. En 2017, elle publie Éveil esthétique et participation culturelle dès le plus jeune âge. Rédigé en 2019 en version française et italienne, ce texte définit une approche basée sur l’interaction ludique et créative des enfants avec leur environnement.
« L’article 31 de la Convention relative aux droits de l’enfant, que la Suisse a ratifiée en 1997, stipule que les États signataires leur garantissent de participer librement à la vie culturelle et artistique. Mais la Suisse ne l’assure que dès 4 ans. Avant, il n’y a pas de moyens, ce qui complique la levée de fonds », constate-t-elle. Ayant bénéficié du soutien du pour-cent culturel Migros jusqu’à fin 2024, la fondation recherche de nouveaux partenaires pour prolonger son travail.