Le 23 mai, Carlotta Manz recevra le Prix de la Société académique vaudoise pour ses recherches sur le respect des droits humains dans le cadre de leur utilisation par des entreprises privées.
Pour Carlotta Manz, cette récompense montre « une forme de reconnaissance de mon long parcours par l’institution au sein de laquelle je me suis formée ». Devenir docteure en droit ne figurait pas dans les plans de cette fille d’enseignants. De son père historien elle hérite une passion pour les relations internationales, qu’elle envisage dans un premier temps d’étudier à Genève. Ce sera finalement le droit international à l’UNIL : « J’ai eu un vrai coup de cœur pour cette matière », confie-t-elle. Après avoir décroché son Master en droit, elle effectue, en 2020, un stage académique à la représentation suisse au Conseil de l’Europe. Ce séjour marque un tournant : « Une réunion où il était question des enjeux liés aux droits de l’homme dans le cadre des données génétiques et des découvertes qui en découlent m’a beaucoup intéressée », se souvient-elle. Mais l’idée d’en faire une thèse n’émerge qu’à son retour, en évoquant ces discussions avec la professeure Evelyne Schmid, du Centre de droit comparé, européen et international de l’UNIL (CDCEI). Celle-ci en deviendra l’une des codirectrices, avec la professeure Brigit Toebes de l’Université de Groningen aux Pays-Bas.
Au cœur du travail de Carlotta Manz, une question qui nous concerne toutes et tous : les droits humains sont-ils vraiment protégés lorsque des acteurs privés manipulent nos données génétiques ? Son travail pointe plusieurs zones d’ombre. Elle cite le cas de la société 23andMe, spécialisée dans les tests génétiques en ligne : durant des années, celle-ci a collecté les informations de ses clients. « Mais que deviennent-elles au moment de sa fermeture ? Comment peut-on s’assurer que ces compagnies privées respectent les droits humains ? » Une interrogation qui peut être élargie à d’autres types de données récoltées par ces firmes.
Pour financer ses recherches, Carlotta Manz décroche une bourse du FNS. Loin de se contenter de constater les faits, elle tient à proposer des solutions et des pistes de réflexion : « Sur quels standards peut-on se baser pour poser un cadre ? » se demande-t-elle. La question l’emmène trois mois au Laboratoire d’éthique biomédicale et de politique publique de l’Université d’Osaka, au Japon, et trois autres au Centre pour la santé, le droit et les technologies émergentes de l’Université d’Oxford. De ces séjours elle retient avant tout les échanges avec ses collègues, qui lui ouvrent de nouvelles perspectives, lui donnent des idées, voire l’envie d’aller contrôler un détail. Un souci de précision qui est aussi son moteur.
Prochaine étape pour la chercheuse : publier son travail, de manière à partager le plus largement possible ses résultats.