Présentation

Liaisons aériennes : aux croisements industriels du cinéma et de l’aviation

AVIATION_MAGAZINE
S.a., « André Suire : la caméra au service du parachute », Aviation Magazine, n° 221, 15 février 1957, p. 39.

Ce projet vise d’abord à circonscrire le champ des manifestations du cinéma « industriel » sur le territoire transfrontalier franco-suisse au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en les situant dans un contexte où les relations entre la sphère cinématographique et le monde de l’entreprise s’intensifient, mais où la production de films, l’édition de revues et l’organisation de festivals sont aussi impulsées à l’extérieur des espaces consacrés du cinéma, à la demande d’entrepreneurs, d’ingénieurs et de publicitaires. Sur la base de cet état des lieux, il s’agit de développer l’hypothèse que les connexions entre cinéma et aviation, ainsi que les objets techniques et filmiques qu’elles génèrent en nombre, sont principalement suscités, de part et d’autre, par des objectifs industriels de rationalisation, d’expansion et de persuasion.

Le projet explore ainsi quatre pistes complémentaires de recherche allant dans le sens de cette proposition : 1. il s’agit d’abord de mesurer l’apport de fabricants d’appareils cinématographiques qui misent sur l’essor d’applications techniques du cinéma touchant directement le secteur de l’aviation, en produisant du matériel spécifiquement à destination des services de recherche et développement des grandes entreprises ; 2. il faut s’interroger ensuite sur l’appropriation du cinéma comme technique persuasive par l’industrie aéronautique, au moment où elle s’en fait un auxiliaire privilégié dans le processus de sécurisation de la masse de ses clients potentiels, façonnant un imaginaire du voyage aérien sûr et paisible ; 3. c’est aussi à ces objets techniques hybrides que sont les appareils de projection « embarqués » pour le cinéma en vol qu’il faut s’intéresser, en tant que leur introduction à bord des avions relève de stratégies commerciales de détournement et de focalisation de l’attention ; 4. il reste enfin à faire apparaître la dimension productive de films que l’on tend à interpréter univoquement comme relevant du cinéma « amateur », alors que leur réalisation est également motivée par des activités professionnelles, des voyages d’affaires et des visites de sites industriels.

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Caméra Bolex H 16. Applications, collection Bolex-Oulevay/Cinémathèque suisse.

L’idée d’une consolidation mutuelle du cinéma et de l’aviation conduit à reconsidérer sous l’angle de leur fonctionnalité et de leur productivité les images et les appareils cinématographiques qui se sont intercalés à différents niveaux dans le rapport aux technologies du transport aérien. Mené par Stéphane Tralongo dans le cadre de son mandat de Premier assistant à la Section d’histoire et esthétique du cinéma de l’UNIL, ce projet en lien avec les recherches sur le « cinéma utilitaire » s’attache à mettre en relation appareils, films et documents des années 1940-1970 conservés par la Cinémathèque suisse, qui a recueilli de précieux fonds d’archives issus du monde industriel helvétique.

Chargé de recherche : Stéphane Tralongo (Section d’histoire et esthétique du cinéma).