En quelques mots, en quoi consiste votre travail et quelles sont vos priorités actuelles ?
Ma vie professionnelle tourne autour des questions de genre et de sexualités qui me passionnent depuis plusieurs années. Je les aborde à travers différents engagements : la coordination de l’association Women In Care and Health – WICH, dont le but est de promouvoir les carrières des femmes* dans le domaine des soins et de la santé ; mon poste de chargée de projets au Centre Maurice Chalumeau en sciences des sexualités de l’Université de Genève, dédié à la recherche et à l’information scientifique interdisciplinaire sur les sexualités ; et mon activité de formatrice indépendante, notamment sur la prévention du harcèlement sexuel en milieu professionnel.
Qu’est-ce qui vous a motivée à vous engager dans ce domaine, et qu’est-ce qui vous anime au quotidien ?
Longtemps, j’ai ressenti des inégalités sans pouvoir les nommer. Je percevais par exemple clairement ce que les femmes de ma famille avaient traversé en raison de leur genre, et les femmes en général bien évidemment. Cela résonnait avec mon propre vécu, mais il me manquait les mots pour le dire. C’est autour de la trentaine (sur le tard !), lors des votations fédérales concernant le remboursement de l’avortement, que j’ai découvert le féminisme – et une communauté de personnes dont la force, les idées et les combats me nourrissent au quotidien. J’ai ensuite évolué dans les milieux pro-sexe et queer. Aujourd’hui, je m’inscris dans un féminisme queer, radicalement inclusif et profondément intersectionnel. Je me sens portée par des collectifs, des amitiés et des engagements qui rendent possible un autre rapport au monde : plus juste, plus libre, plus joyeux.
Une action prioritaire pour faire avancer l’égalité dans le monde académique ?
Combattre le sexisme systémique qui structure encore profondément le milieu académique. Cette transformation ne pourra être effective que si elle est menée dans une perspective intersectionnelle, en luttant aussi contre les autres formes d’oppression qui s’entrecroisent : racisme, validisme, classisme, LGBTQIphobies, entre autres. Il est temps de remettre en question les normes et les stéréotypes afin de créer des espaces où toutes les voix, toutes les personnes, toutes les interactions puissent exister.
Enfin, question bonus : une référence qui vous inspire et que vous souhaitez partager ?
Ma découverte 2025 : Les Féministes t’encouragent à quitter ton mari, tuer tes enfants, pratiquer la sorcellerie, détruire le capitalisme et devenir trans-pédé-gouine d’Alex Tamécylia. Depuis King Kong Théorie de Virginie Despentes, je n’avais pas lu un texte aussi percutant, inspirant et libérateur. De ceux qu’on achète en plusieurs exemplaires pour les offrir autour de soi. Une lecture puissante, bouleversante, queer et radicale ; une lecture indispensable.
Pour contacter Lauriane Pichonnaz : Association WICH