Novembre, en soi, n’est jamais un mois très riant. Mais novembre 2016 a été particulièrement propice aux frimas sur l’égalité. Election d’un homme sexiste et fier de l’être à la tête des Etats-Unis, proposition faite au Conseil national d’amputer d’un million de francs le budget du Bureau fédéral de l’égalité en Suisse : le contexte international et national n’est pas vraiment rose – sans mauvais jeu de mot – pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
Tout serait-il si parfait en Suisse que l’on puisse envoyer la promotion de l’égalité en hibernation prolongée ? Las, c’est loin d’être le cas. Selon les recommandations émises en novembre par le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, la Suisse doit renforcer son travail institutionnel en faveur de l’égalité et, entre autres, améliorer la conciliation entre vies professionnelle et familiale.
Car, notamment, devenir parent en Suisse reste un puissant facteur d’inégalités. Comme le montre un ouvrage récemment publié sous la direction de Jean-Marie Le Goff et René Levy, les rôles des mères et des pères demeurent proches du modèle traditionnel. Les pères maintiennent, voire augmentent leur investissement professionnel. Tandis que les mères cessent ou réduisent leur activité pour prendre en charge une large part des soins à l’enfant : quatre mères sur cinq travaillent ainsi à un taux d’occupation réduit (OFS, 2016).
Le « choix » de quitter son emploi n’en est pas toujours un : de plus en plus de jeunes mères sont licenciées à leur retour de congé maternité, une fois la période de protection légale échue. En mars dernier, la conseillère nationale vaudoise Rebecca Ruiz a donc déposé une interpellation au Conseil fédéral en vue d’étendre la protection de ces femmes.
Le temps n’est décidément pas venu de geler les mesures en faveur de l’égalité, dans la société en général et dans le milieu académique en particulier. Sur ce point, ne laissons pas la Suisse se « trumper »!