Par Hugo Merzeau
Une critique sur le spectacle :
Quête / Mise en scène par Juliette Vernerey / TPR – La Chaux-de-fonds / du 21 au 26 octobre 2021 / Plus d’infos.
La jeune compagnie de L’impolie propose une réinterprétation du mythe de la quête du Graal en s’inspirant du roman L’Enchanteur de René Barjavel. Juliette Vernerey met en scène un spectacle dynamique et enjoué qui prolonge l’actualisation de la tradition arthurienne entrepris par Barjavel. Des costumes à la musique, Quête danse à contre-temps sans jamais tomber à plat. Merlijn, prophète, et Vivianeu, narratrice, maintiennent le groupe, pas toujours discipliné, sur la piste du Graal, sous les rires du public.
Une scène nue, à l’exception de quelques accessoires, accueille les spectateurs dans la salle du Temple Allemand, à La Chaux-de-Fonds, pour ce projet coproduit, entre autres, par le TPR et le Théâtre de l’ABC. Le choix de ce dénuement donne le champ libre aux corps des six membres du groupe : Merlijn, enchanteur et prophète, sert de guide dans la traque du Graal. Vivianeu, muette mais télépathe, s’adresse directement au public en voix off. Le roi Artus joue de la flûte. Lancelote, chevalier et grand tueur de dragons, aime passionnément Guenevevièvre. La reine, farouche guerrière et seule lectrice de vieux françois, le lui rend bien. Enfin, le palefrenier, courageux parmi les courageux, agit comme l’ombre du chevalier Lancelote. Ce groupe peu chevaleresque dans sa composition souffre de l’absence du seigneur et chevalier Galaaad qui refuse de se joindre à la quête malgré son importance aux yeux de nos protagonistes.
Les costumes ne sont pas tant des projections dans la temporalité de Chrétien de Troyes et de l’univers du XIIe siècle que des mélanges hétéroclites de vêtements au ton bleu. Ce choix neutralise toute symbolique potentielle, comme l’atteste par exemple la coprésence d’un short de tennis et d’un camail d’armure dans un seul et même costume. Le recours à des effets de machinerie et aux mutations de costumes renforce la sensation de liberté. Sans l’ancrage apporté par un décor ou des costumes cohérents, la scène se transforme en un espace de liberté que les membres du groupe explorent aux rythmes de la musique et des compositions sonores. Le tout est sublimé par une gestion de la lumière très efficace dans son soutien des différentes ambiances. La scénographie change ainsi de peau comme les comédiens de costumes au fil de ces tableaux éphémères soutenus par l’alliance du son, de la lumière et des accessoires. Sans autre ancrage, il ne reste, dans cette réappropriation d’une des légendes arthuriennes les plus rejouées, que le présent des corps et de la musique qui prennent alors le pas sur le suspens lié à l’éventuelle réussite ou à l’échec de la quête du Graal