Iris et moi
De Pauline Epiney / Avec Pauline Epiney et Fred Mudry / Petithéâtre de Sion / du 12 au 22 avril 2018 / Critique par Basile Seppey.
12 avril 2018
Par Basile Seppey
Portrait autofictif
Pauline Epiney et Fred Mudry présentent une autofiction à travers le portrait d’un autre couple, celui d’Iris et Peter Von Roten.
Le décor est sobre : trois boîtes grises au fond de la scène, remplies d’accessoires, de costumes. Pauline Epiney arrive seule, se présente, s’adresse au public. Elle nous raconte la genèse d’Iris et moi : au détour d’un livre sur les personnalités suisses, elle découvre Iris von Roten-Meyer. Très vite elle se passionne pour cette femme étonnante, cette militante féministe des premières heures qui publie, en 1958, un ouvrage intitulé Femmes en cage. Elle entreprend alors de monter une pièce à son sujet. Pour ce faire elle s’attache les services d’une comédienne suisse-allemande qui devra quitter le projet. Au fur et à mesure qu’elle lit les ouvrages et la correspondance d’Iris, une femme que l’on décrivait volontiers comme courageuse, froide et dure, Pauline y découvre l’importance qu’eut dans la trajectoire de la Bâloise son mari haut-valaisan, Peter von Roten. Elle décide alors d’inviter son propre compagnon, Fred Mudry, à rejoindre le spectacle.
Le couple, maintenant réuni sur scène, nous raconte la vie des deux amants. Cependant le geste n’est pas archéologique, il s’agit de mêler leur propre histoire à celle des Von Roten, entrecoupant les phases narratives d’épisodes drôles, chantés, dansés, de déclamations de poèmes qui renvoient – ils nous le disent – à leur propre intimité. Aussi, si les noms d’Iris, de Peter, de Pauline et de Fred permettent de se situer entre le portrait et l’autofiction, la frontière, au fil de la représentation, se fait de plus en plus ténue. Iris s’adresse parfois à Fred et Pauline à Peter.
Par ailleurs les comédiens changent souvent de costumes. Les vêtements renvoient à différentes époques, des années 1950 à nos jours, semablant inviter à rapprocher la vie d’Iris et de Peter d’une infinité d’autres trajectoires. Dans cette optique, des personnages tels que Roméo et Juliette sont également mobilisés. Ainsi les modes se succèdent mais les personnages sont présentés comme déclinables et atemporels. On oscille entre la célébration de figures dites extraordinaires et la mise en scène de résurgences, de constantes au sein de rapports entre hommes et femmes.
Il m’a semblé que les comédiens faisaient moins se fondre leurs identités dans celles d’Iris et de Peter qu’ils ne leur superposaient la leur, ainsi qu’une infinité d’autres histoires. Et si Iris, sur l’affiche du spectacle, affiche un regard grave et intransigeant, l’humour, parfois absurde, dont ont su faire preuve Pauline et Fred apporte, sans le dénaturer, beaucoup de fraîcheur au propos.
12 avril 2018
Par Basile Seppey