Peinture sur chevaux 2

Peinture sur chevaux 2

De Blaise Bersinger / CPO / du 12 avril au 17 juin 2017 / Critique par Laura Weber.


12 avril 2017

Blaise et ses personnages

© CPO

Dans un espace scénique dépouillé de tout décor, un instrument, un trombone, qui sera vite déplacé hors-scène, sans aucune explication. Le ton est donné : dans Peinture sur chevaux 2 Blaise Bersinger explore différents moyens pour intriguer son public. Déroutant, ce spectacle livre une performance absurde et décalée à mi-chemin entre stand-up et improvisation.

Comme son titre ne l’indique pas, Peinture sur chevaux 2, est un one-man-show, le premier de Blaise Bersinger. Chroniqueur sur la 1ère et sur Couleur 3 lorsqu’il n’est pas sur scène, l’humoriste enchaîne différents petits sketchs autour de l’univers médiatique dont il est issu. Explorant les émissions radiophoniques, télévisuelles et le domaine de la publicité, il se montre en véritable polymorphe incarnant différents personnages, au moyen d’une simple perruque parfois, mais surtout grâce à une gestuelle et des mimiques précises et burlesques. Le comédien est soutenu tout au long de sa prestation par seulement quelques enregistrements de génériques – ringards – et quelques accessoires amenés sur scène le temps d’un sketch. Cette mise en scène minimaliste lui permet de (se) réinventer à chaque représentation. L’improvisation théâtrale est en effet au cœur du dispositif et, dans un jeu frôlant la schizophrénie, Blaise Bersinger occupe l’espace scénique de sa seule personne aux multiples visages.

Différents running gags structurent la représentation, qui se développe sur le principe de la répétition. Les mêmes mots, les mêmes voix off, les mêmes situations reviennent périodiquement. Ces infinies reprises permettent d’explorer de multiples variations qui favorisent également l’improvisation. Chaque représentation prenant une tournure inattendue, Peinture sur chevaux 2 peut aussi être envisagé comme une sorte de laboratoire où l’humoriste s’expérimente face au public. En effet, le comédien débride son imagination dans des moments « off script ». Par exemple, lors des remerciements en fin de spectacle, il improvise une liste de noms fantasques pendant plusieurs minutes devant des spectateurs amusés bien que sans doute également impatients de quitter la salle. Le comédien n’hésite pas à les faire sortir de leur zone de confort en jouant avec cette impatience. Mais ces scènes sont aussi celles dans lesquelles il exploite au mieux sa créativité, cherchant à dérouter de manière toujours plus surprenante.

L’univers dans lequel Blaise Bersinger évolue est tout aussi déconcertant. Les sketchs mettent en place des situations saugrenues, en présentant par exemple les participants d’un jeu télévisé qui concourent pour remporter « leur poids en camion ». Mais entre l’émission fictive et celle qui est réellement diffusée, laquelle est la plus grotesque ? Dans cet univers extravagant, sans doute pouvons-nous déceler une pointe de raillerie. Certains sketchs semblent en effet mettre en lumière le ridicule des situations : le recours au registre de l’absurde devient un instrument de dérision, par exemple lors d’une parodie de séance d’introduction au service civil, qui révèle le non-sens de certaines instructions que l’on y reçoit.

Peinture sur chevaux 2 est une performance qui ne parle assurément ni de peinture ni de chevaux mais dont le titre évoque pourtant bien la tonalité décalée de l’univers dans lequel évolue Blaise Bersinger : une immersion dans un monde loufoque, légèrement piquant, jamais offensant.

12 avril 2017


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