Tiramisù
Création de la Compagnie Mezza-Luna / mise en scène Dominique Bourquin / CPO / du 19 au 20 mai 2016 / Critique par Sabrina Roh.
19 mai 2016
Par Sabrina Roh
La vie, la mort, les petits bonheurs, tout ça.
C’est fleuri, coloré, chantant. Ça ne parle pourtant pas que de bonheur, ce « salopard » qui arrive sans qu’on y soit préparé. Tiramisù n’est pas la recette d’un gâteau mais celle de la vie. Une sympathique balade qui manque peut-être de relief.
Entre les fleurs, le mobilier et les vêtements des comédiens, on a toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. C’est pourtant en trainant des pieds que le pianiste rejoint son instrument. Traverser la petite scène du CPO ressemble à une épreuve qu’il ponctue de soupirs. Il n’a de gai que sa chemise orange. Même les premières notes qu’il joue, annonçant pourtant une mélodie joyeuse, transpirent la lassitude. Les trois autres comédiens débarquent alors, avec la ferme envie de secouer leur ami. À eux tous ils forment la Compagnie Mezza-Luna.
Tiramisù. On ne parle pas là du délicieux gâteau italien au mascarpone et au café qui se décline en plusieurs sortes… Mais je m’égare, gourmandise quand tu nous tiens ! Il s’agit ici de la dernière création de la compagnie, fruit d’une résidence à Malévoz. Heidi Kipfer, Germana Mastropasqua, Lee Maddeford et Savier Rebut forment un quatuor mêlant musique, chant et texte pour raconter les hauts et les bas de notre existence à tous.
Dans les petits bonheurs quotidiens, il n’y a pas que du sucre. Le sel aussi a son importance : les coups de gueule par exemple, ou toutes ces choses qui nous font nous sentir vivants et qui, une fois passées, rendent le bonheur encore plus délectable. Mais c’est là tout le drame de l’être humain : ne se rendre compte de la présence du bonheur qu’une fois qu’il s’en est allé. Le pianiste désespère de le trouver un jour, perd sont temps à chercher comment faire, à chercher que faire. Aux autres alors de chanter et dire ce qui leur passe par la tête : car les bons moments se retrouvent dans ces petits riens, qui arrivent par centaines tous les jours.
Le spectacle a des airs d’Amélie Poulain, le côté comédie musicale en plus. Le quatuor ne tombe pas dans le mièvre : la vie n’est pas que paillettes et licornes. La vie c’est le vieillissement, qui mène à la mort. On ne passe cependant pas du rire aux larmes. Et quand je dis « on », j’avoue, je dis « je ». Je n’ai que ri. Peut-être parce que les mélodies, très music-hall, m’ont fait décrocher de la simplicité et de la beauté des textes. Peut-être est-ce aussi à cause de l’alternance entre les chansons et les parties jouées, qui, un peu artificielle, me coupait dans mon élan.
Mais dans « je n’ai que ri », il y a « j’ai ri » et c’est cela que je retiendrai. Car la Compagnie Mezza-Luna m’a rappelé que, ma foi, on oublie trop souvent de voir le bon côté.
19 mai 2016
Par Sabrina Roh