Par Amandine Rosset
Piccoli Sentimenti / Conception Antonio Catalano et Alain Moreau / écriture, marionnette et mise en scène Alain Moreau / Le Reflet (Vevey) / du 13 au 14 février 2016 / plus d’infos
La troupe belge du TOF théâtre propose en ce moment à Vevey un voyage dans un univers rempli de surprises et de poésie. A travers une histoire très simple racontée sans un mot, le public découvre une petite marionnette à l’aspect bien particulier, qui explore le monde en éprouvant de nombreux sentiments.
Dès leur entrée dans la salle, les spectateurs ont les sens en éveil. Ils sont accueillis dans un petit théâtre et sont installés sur des estrades au plus proche de la scène. Deux musiciennes déjà présentes jouent sur des instruments insolites, créant une atmosphère étrange et mystérieuse dans ce petit espace. La scène, conçue en matériaux naturels, rappelle une forêt ; elle est recouverte de bois. Au milieu d’éléments scéniques tels que des coquillages suspendus à des bâtons, des pierres et des structures en brindilles, un être est allongé et respire doucement dans cet univers paisible. Difficile de savoir ce que c’est, jusqu’à ce que les musiciennes arrêtent de jouer et que l’une d’elles aille réveiller ce qui se révèle être le personnage principal de la pièce, une marionnette indéfinie à la tête presque humaine et au corps étrange.
Le rapport entre la marionnette et les deux marionnettistes-musiciennes, Lisou de Hainau et Céline Robasynski, est ambigu. C’est à se demander si elles manipulent réellement la marionnette ou si elles sont présentes uniquement pour l’accompagner et la soutenir dans son évolution et dans la découverte des sentiments auxquels elle doit faire face. Le petit être n’ignore pas leur présence et interagit souvent avec elles. A leur côté, il va grandir et va donc passer par de courtes étapes de rébellion face à ses deux grandes protectrices, donnant lieu à des moments burlesques ou effrayants rappelant parfois le monde du cinéma muet de Buster Keaton.
Les spectateurs vivent les découvertes de la marionnette et les sentiments qui en résultent comme la peur, la joie ou la solitude en même temps qu’elle. L’absence de parole amplifie les sens des petits et des grands. L’ouïe devient sensible au moindre bruit et à la moindre note de musique. La vue se développe aussi. Le public guette chaque détail du décor qui se révèle modulable et rempli de surprises.
Cette pièce touchante promet un retour à émerveillement enfantin pour les plus grands et un moment enchanteur pour les plus petits dès 3 ans.