La damnation de Faustino
Écrit et mis en scène par Claude-Inga Barbey / par la compagnie Sans Scrupules avec le concours de Séverine Bujard, Yvonne Städler, Patrick Lapp, Rémi Rauzier / Théâtre St-Gervais/ du 1er au 19 décembre 2015 / Critique par Valmir Rexhepi.
1er décembre 2015
Par Valmir Rexhepi
À gorge déployée
Faustino arrive sur terre pour traquer l’espoir et en priver le monde, pour le compte d’une compagnie d’assurance démoniaque. Une pièce toute en rires…
En cette fin d’année 2015, Claude-Inga Barbey nous propose une pièce qui, dès les premiers instants de jeu, veut tirer sur la fibre comique : La damnation de Faustino. Interprétée par un casting de fête, cette création met en lumière, dans un cadre actuel, un Faustino agent d’une infernale assurance, la Sinistra, qui revient à la surface du globe en quête de l’espoir. Faustino ? Précisons : lui-même se présente comme Tino, Faust Tino. La pièce veut jouer sur la référence à l’œuvre de Goethe et donne un patronyme au héros. Et Méphistophélès ? Il est là, lui aussi, queue rouge de circonstance, emballé dans un costume deux pièces, chaussures rouges d’apparat, son nom écarté au profit d’un actuel et efficace Boss. La référence n’ira guère plus loin. Et pourquoi chercher l’espoir ? Pour en priver le monde et capitaliser sur les peurs, modèle d’affaire de la Sinistra.
Mission présentée et imposée, Faustino arrive sur un bateau qui fait office de centre médico-social où il intègre un groupe de femmes. Certaines y sont internées, d’autres y travaillent, lui sera un patient. Séance de psychanalyse, atelier chanson, décoration de l’arbre de Noël, monsieur Tino se livre peu à peu, sans oublier sa mission. Le voilà même qui fait du zèle et essaie de faire signer quelques contrats d’assurance pour la Sinistra. Côté public, cela rit beaucoup. Et puis une des internées veut livrer un air de flûte : elle hésite, gênée, se gratte la jambe, panique un peu, respire profondément, essaie encore, ne parvient pas, se reprend, se contorsionne, porte les lèvres au bec, éloigne ses lèvres du bec, rit court, se gratte le coup, se décide enfin, embouche la flûte, on y est, voilà, ça arrive : des minutes de préparation pour une note d’une seconde. Fou-rire quasi-général. Et la quête de l’espoir ? On y vient : Faustino finira par trouver l’espoir. Ou plutôt c’est l’espoir qui le trouve. Il sera viré de son emploi, une sorte de damnation à l’envers.
Moi ? Je n’ai pas ri. La pièce a manifestement plu : elle m’a laissé pantois. Faut-il disputer ce succès? La damnation de Faustino veut, avant tout et surtout, faire rire. C’est là son programme, son espoir et sa limite.
1er décembre 2015
Par Valmir Rexhepi