Un cauchemar à la belle étoile

Par Amandine Rosset

Tristesse animal noir / D’Anja Hilling / mise en scène Collectif Sur un Malentendu / L’Arsenic / du 23 au 29 novembre 2015 / plus d’infos

©Collectif Sur un Malentendu
©Collectif Sur un Malentendu

Lundi, les six jeunes comédiens du Collectif Sur un Malentendu présentaient Tristesse animal noir, une histoire vraisemblable, dramatique et emprunte d’ironie et de folie qui pose la question du deuil et du choc post-traumatique. La pièce parle de l’expérience d’un groupe d’amis avant, pendant et après le drame qui changera leur vie.

Plus qu’une pièce de théâtre, c’est à un véritable roman auquel le public a assisté pour la première de Tristesse animal noir. En effet, durant les deux heures de représentation, les spectateurs sont comme plongés dans un livre, notamment grâce à une voix off qui au début contextualise l’histoire dans le noir et qui durant la suite de la pièce décrit les personnages et leurs mouvements. L’histoire commence bien. Un groupe de six personnes ainsi qu’un bébé partent de la ville en minibus pour aller respirer le grand air de la forêt à l’occasion d’une nuit à la belle étoile. Cette forêt est le décor central de la pièce. Des troncs, des feuilles ainsi que de la mousse au sol et des bruits d’animaux plongent les spectateurs dans la sérénité de cet espace naturel. Les personnages sont liés par l’amour, l’amitié ou la fraternité. Cette soirée est pour eux l’occasion de se rencontrer mais aussi pour certains l’occasion de faire certaines révélations. La conversation est celle de jeunes trentenaires. Ils parlent de travail, d’amour, de tabagisme, de la mort.

La nuit tombe, les yeux se ferment et le noir s’installe dans la salle. Les personnages vont alors vivre un cauchemar. Le public ne distingue que des ombres mais vit la catastrophe seconde après seconde au travers de cris et de voix venant de tous les côtés. Les protagonistes racontent les uns après les autres leur version du drame, toujours dans la nuit. Puis, le jour revient et avec lui la convalescence, la folie pour certain. Toutes les étapes du deuil sont personnifiées grâce aux diverses réactions des survivants. La culpabilité aussi est très présente. Comment vivre avec ce sentiment ? C’est la question qui reste dans leur tête à tous. Dans une ambiance très sereine et un décor blanc, les personnages se retrouvent et tentent de reprendre leur vie, mais tout a changé.

Malgré des petits couacs dus certainement au stress de la première, cette pièce, très réaliste, est lente à digérer, preuve étant le silence qui règne dans la salle une fois les comédiens sortis de scène. Le public reste muet, encore sous le choc, ne sachant pas quoi penser et avec des images plein la tête. La mise en scène joue avec l’imagination des spectateurs qui, plongés dans le noir, se font leur propre idée de l’action qui leur est décrite. Tristesse animal noir est à voir jusqu’au 29 novembre 2015 à l’Arsenic.