Par Valmir Rexhepi
The Shrink’s Cabinet / de Marco Battaglia et Jack R. Williams / mise en scène Jack R. William / The Caretakers (CH) / Festival FriScènes / 22 octobre 2015 / plus d’infos
The Shrink’s Cabinet nous conduit dans l’univers institutionnalisé du repas de famille. Sur fond de morale, l’histoire peine à prendre.
On y arrive, c’est bientôt Noël, ses repas, ses foies gras, ses dindes, champagne, rouge, blanc, dessert, fromage, encore un coup de blanc ?, dis merci à grand-mère, encore une tranche ? Tu n’as rien mangé… On ne sait pas de quoi sera fait le jour à venir, mais pour le soir du repas Noël, aucun doute, on s’y attend. C’est le filon prévisible de ce repas que Marco Battaglia et Jack R. Williams ont voulu exploiter avec le concours de la troupe bernoise de Caretakers.
Un jeune homme (Jack), pull rouge de circonstance, retrouve sa famille (neuf personnes, et un voisin qui fera quelques intrusions ça et là) pour le repas de Noël. Les caractères, archétypaux, se donnent assez rapidement : le père est le savant timide, la mère porte la culotte, la tante est impossible, l’oncle un sombre idiot… Chacun, à sa manière, s’engage dans un discours moralisateur à l’égard du jeune homme pull rouge. Et puis, la mère sort de table et revient changée en Marilyn Monroe.
Tous les personnages – Jack sera le dernier – sortiront de table et reviendront changés. Le mouvement opéré devient complexe : des personnages deviennent des personnages (historiques). C’est en anglais. Mais voilà, certains des personnages devenus des personnages (il devient difficile de se faire comprendre), toujours dans l’idiome anglais, doivent camper un accent allemand (c’est une troupe bernoise). Ça devient vertigineux.
On s’accroche. Après tout, c’est une comédie, teintée qui plus est d’un humour anglo-saxon. Oui. Il y a une grande table, huit chaises, un canapé, deux sièges rouges, deux coussins au sol. À quoi l’on peut ajouter, suivant les moments, une Monroe, une Thatcher, un Einstein ou encore un Castro (parfois tous les personnages sont sur scène). Et finalement, c’est statique : deux personnages parlent, les autres sont là, à attendre leur tour.