Par Chantal Zumwald
Porte de Montreuil / de Léa Fazer / par le Théâtre Dépareillé (F) / Festival FriScènes / vendredi 23 octobre 2015 / plus d’infos
Grands éclats de rires dans la salle de FriScènes ce vendredi soir : d’une énorme malle à jouets s’échappent deux potes, pas toujours très éclairés, mais qui pourtant font tout pour le paraître, souvent par le bluff.
Qui n’a jamais rêvé d’un immense coffre à jouets ? Celui qui trônait au centre de la scène de Porte de Montreuil sortait de l’ordinaire par sa dimension « extra large », capable de contenir une dizaine d’hommes, si ce n’est plus. Mais il n’en contenait que deux, et pas n’importe lesquels. Ces deux personnages, joués par Jacky Audoin et Hervé Houssin, ont ravi le public tout au long de la soirée par leurs dialogues plus désopilants les uns que les autres.
C’est ainsi que le public a appris que le carburateur servait au carburant, que si l’on change le tapis de la salle de bain, il faut non seulement refaire la peinture de celle-ci, mais également celle de la cuisine et que, tout compte fait, il vaut mieux ne pas changer de tapis. Et qu’il s’est vu expliquer la fabrication des omelettes, en passant par la formule de mathématiques (a+b)2 = a2 + 2ab + b2. Ce jonglage entre le savoir commun et le discours pseudo-scientifique a réjoui les spectateurs, tout comme les secrets divulgués sur la relation entre les chaussettes trouées et la position sociale, ou encore sur celle entre la taille des pieds et la vanité sexuelle. Et s’ils se demandaient comment trouver le nord, maintenant ils savent qu’il suffit de renifler.
Par leurs explications hautes en couleurs, ces deux personnages, d’une amitié qui endure tout et qui ne se défait jamais – même quand parfois, l’humiliation et les petits profits font leur apparition – ont parodié les humains, faibles ou forts, avec leurs stratagèmes, leurs systèmes de défense et leurs points faibles. Avec une grande justesse, la pièce dépeint l’envers du décor et remet l’homme face à lui-même, dans une leçon d’humilité.
Cette comédie a régalé. Les acteurs ont joué avec une formidable passion communicative, et une pluie d’applaudissements a clos le spectacle.