C’est peut-être / Conception, écriture et jeu Geneviève Guhl et Sophie Solo /du 16 au 26 avril 2015 / Petithéâtre de Sion / plus d’infos
L’oiseau blanc qui vole dans le ciel tombe parfois dans l’oubli et cède le pas aux bêtes qui laissent leur trace sur le sol : c’est par cette image que Geneviève Guhl (Cie L’ascenseur à poissons) et Sophie Solo (Cie In Verso) témoignent de la disparition d’œuvres sublimes, emportées par le temps, tombées dans l’oubli. Accompagnées par la musicienne Géraldine Schenkel, les deux comédiennes reprennent, avec une magnifique complicité, des textes et des chansons d’auteurs et de chansonniers de tous horizons.
Deux femmes, longues robes blanches, veston noir et souliers noirs cirés, déambulent en chantant. La poésie les habite, la mélancolie, aussi. À qui appartenaient-ils, ces vêtements ? Qu’est-il arrivé à leurs propriétaires? Enfin surgissent des questions existentielles : assises autour d’une table, elles refont le monde, nous racontent leur histoire, celle de chefs d’œuvres perdus, oubliés, ou tout simplement mal compris. C’est peut-être raconte avec tendresse la postérité de ces mots et de ces paroles qui se sont envolés avec le temps. Mais il y a parfois quelque chose de magique dans le fait de savoir que plus jamais on n’entendra une chanson, ses paroles, sa musique ; il y a parfois quelque chose de beau dans l’idée de savoir ne pas savoir, savoir ne plus savoir.
Aujourd’hui, il n’est plus question que de production, de rendement, de course contre la montre. Face à ces préoccupations bien matérialistes, les comédiennes Geneviève Guhl, Sophie Solo, accompagnées par la musicienne Géraldine Schenkel, nous emmènent dans un voyage imaginaire et intemporel, tout en chants, en musique. Elles nous invitent à explorer le vide, les trous, le silence, le rapport au temps, l’abandon, l’anonymat, la solitude, l’oubli, toutes ces peurs irrationnelles qui nous empêchent d’accéder à l’essentiel. Elles redonnent vie et rendent hommage à tous les chefs d’œuvres que l’on a enterrés, en convoquant tour à tour des textes de Fernando Pessoa, Annie Le Brun, Albaro de Campo, Ricardo Reis ; en s’inspirant d’auteurs comme Samuel Beckett, Virginia Woolf, Albert Camus; en réinterprétant des chansons de Jacques Brel, Léo Ferré, Barbara ; le tout agrémenté de textes de leur propre cru. À travers ce mouvement de retour dans le passé, nous nous retrouvons face à nous-mêmes, face à ce qu’il y a de plus essentiel : l’existence.
« Si t’étais dans la merde, qu’est-ce que tu préfèrerais : être à poil(s) ou à plumes ? » Loin d’être tragique, cette mise en scène, à laquelle ont également contribué Claire Haenni et Magali Fouchault, mêle humour et mélancolie, textes et chansons, le tout agrémenté de beaucoup de musicalité, de poésie et de tendresse. La complicité entre les deux comédiennes offre un spectacle aussi touchant que leurs compositions personnelles, à découvrir jusqu’au 26 avril 2015 au Petithéâtre à Sion.