Un Dieu unique, trois récits, trois croyances

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Jérusalem. Vue de la vieille ville, avec l’Église du Saint-Sépulcre. © Aliaksandr Mazurkevich/Dreamstime.com

Judaïsme, christianisme, islam: il est plus que jamais nécessaire de comprendre dans leurs parentés et leurs différences les trois religions du livre. Sobre et passionnant, cet ouvrage nous y engage.

Issu d’un cours donné à la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’UNIL en 2004-2005, ce livre a connu une première édition en 2006. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et, du Bataclan aux massacres du 7 octobre 2023, de nombreux événements tragiques se sont produits, en lien plus ou moins direct avec le religieux. Aujourd’hui réédité, Les monothéismes de Pierre Gisel, professeur honoraire, conserve donc plus que jamais son actualité et sa vocation: informer, mettre en perspective, nourrir la réflexion.

Statut du livre

Au gré de chapitres conçus sous la forme de triptyques (judaïsme, christianisme, islam), l’auteur avance pas à pas dans son analyse des parentés et des différences. Après avoir posé quelques repères généraux, il se penche sur les écrits auxquels s’adossent ces trois religions dites du livre. L’occasion, pour l’auteur, de souligner que la Bible hébraïque, la Bible chrétienne et le Coran ne sont pas «faits des mêmes textes ni ne proposent des visions semblables de Dieu, de l’humain, du monde et de leurs rapports». Il précise aussi que «le statut du livre n’est pas le même dans chacune des trois dispositions religieuses qui en mettent en avant la référence, l’autorité ou le message». L’islam, par exemple, se présente comme né du Coran, un Coran qui, «au demeurant, fait mention de lui-même».

Haskala et Nahda

Il est possible de lire Les monothéismes de bout en bout. On peut également, grâce à la table analytique placée à la fin du volume, trouver rapidement une réponse à une question ou une thématique spécifique. Ceux qui souhaitent ainsi creuser «les réarticulations du religieux hérité en modernité» apprendront que la Haskala – avec en premier plan l’imposante figure du philosophe Moses Mendelssohn (1729-1786), et en arrière-plan le penseur Baruch Spinoza – est pour le judaïsme un mouvement «analogue à ce qu’ont produit les Lumières pour le christianisme». Dans l’islam, on trouve quelque chose de similaire avec le mouvement de la Nahda qui, entre 1820 et 1940, a prôné un retour aux origines, notamment au Coran, et le recours à la rationalité occidentale. 

Le statut et l’image de la femme – thématique ô combien actuelle! – bénéficient d’un traitement séparé dans ce questionnement des relations entre religion et modernité. Un complément d’analyse où l’auteur se doit d’admettre que «dans les trois monothéismes envisagés, la place de la femme est traditionnellement seconde et subordonnée».

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Les monothéismes. Judaïsme, christianisme, islam. De Pierre Gisel. Éditions Labor et Fides (2024), 304 p.

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