Santé, environnement et éthique

Comment l’éthique peut-elle aider à la prise de décision, lorsque des conflits de valeurs ou d’intérêts surgissent? Un nouveau cursus interdisciplinaire fournit le cadre nécessaire à la résolution de ces questions.

Les seize jours de formation du Certificate of Advanced Studies (CAS) «Santé, environnement et éthique» permettent de plonger au cœur de la complexité du monde. Les progrès technologiques, les contraintes légales, l’économie et la globalisation influencent la santé et l’environnement (naturel et social) de manière profonde et parfois contradictoire. Dans un cadre professionnel, comment prendre du recul et adopter un regard critique, quand il s’agit de rendre des décisions qui touchent ces domaines?

Professeur à la Faculté de biologie et de médecine (FBM), directeur de la plateforme Ethos et codirecteur du programme, Lazare Benaroyo donne l’exemple des «oméga-3», ces acides gras dont l’effet est positif sur l’organisme. Toutefois, «leur production implique l’élevage de saumons, ce qui est problématique pour l’environnement». Gérald Hess, maître d’enseignement et de recherche à la Faculté des géosciences et de l’environnement (GSE), cite les soucis que les substances médicamenteuses génèrent au niveau du traitement des eaux usées. Ces cas possèdent un point commun: un manque de croisement des intérêts, une perte de la vue d’ensemble.

C’est pour y remédier que la formation proposée, qui s’affirme comme très interdisciplinaire, fait intervenir des spécialistes de différents domaines. Ceux-ci proviennent aussi bien du monde académique que du monde extra-académique (société civile, politique, administrations fédérales, comité d’experts). Un mélange que l’on retrouve chez les participants: le CAS s’adresse par exemple à des personnes qui pratiquent au niveau décisionnel dans des ONG, des administrations publiques, les secteurs de la santé et du social ou encore exercent un mandat politique.

Le premier des six modules consiste en une introduction à l’éthique. «Il s’agit d’une mise à niveau destinée à donner un bagage théorique et un vocabulaire communs», explique Nadja Eggert, chargée de recherche à Ethos. Et à dissiper quelques malentendus: «L’éthique n’est pas une “science” qui permet de dire ce qu’il faut faire ou ne pas faire, mais un “art” de questionner et d’interroger qui permet de mettre en lumière les principaux enjeux soulevés par une option décisionnelle, en vue d’assurer une prise de décision responsable», note Lazare Benaroyo.

Pour les quatre modules suivants, le CAS se divise en deux filières au choix: «Santé» ou «Environnement». Il adopte aussi une structure matricielle. Chaque groupe de cours est en effet placée sous un grand thème: «Cadres légaux et leurs limites», «La technologie et ses multiples enjeux», «Les enjeux de la globalisation» et enfin «La perspective économique».

Après avoir travaillé en parallèle sur leur terrain de prédilection, les participants des deux filières se retrouvent lors de journées interdisciplinaires qui ponctuent chacun des quatre modules centraux. Le but? Echanger leurs points de vue autour d’études de cas, de manière encadrée.

Si l’on se plonge dans le détail des modules, on constate que les questions de société jaillissent de toutes parts. Dans le cas de la globalisation appliquée à la santé, Claude Voelin, professeur honoraire et membre du Conseil d’Ethos, donne l’exemple des résidents d’EMS, qui, bien que nés à l’étranger, vieillissent en Suisse. Ce qui n’est pas pareil dans leurs pays d’origine: une réalité que doivent gérer les équipes soignantes, souvent elles-mêmes très multiculturelles. Autre cas: dans la filière «Environnement», le module consacré à la technologie permet de thématiser «l’économie verte» ou le «principe de précaution».

Ainsi, les aspects polémiques ne sont pas évités, au contraire: les participants apprennent à travailler dans le dilemme, au beau milieu de champs de tensions. Les organisateurs de la formation le reconnaissent volontiers: le CAS va particulièrement toucher les personnes qui se posent déjà des questions d’ordre éthique relatives à leur activité professionnelle, ou qui voient des conflits entre leurs valeurs propres et celles de leur entreprise.

Un tel cursus ne saurait se conclure de manière scolaire. A l’occasion de deux journées de colloque, en juin 2015, des travaux de synthèse préparés par groupes lors des journées interdisciplinaires seront présentés à tous, sous la forme d’une «controverse argumentée». L’occasion d’exercer l’interdisciplinarité et d’approfondir encore la réflexion personnelle.

Le CAS: www.formation-continue-unil-epfl.ch/sante-environnement-ethique-cas
La plateforme Ethos: www.unil.ch/ethos

Et encore

Manipulations de produits chimiques – risques et dangers
Ce programme court (2 jours) permet aux personnes «confrontées régulièrement à l’utilisation de substances chimiques dans leur activité professionnelle d’en comprendre les dangers et la manière de s’en protéger?», résume Jean-Luc Marendaz, coordinateur. Le cursus se destine à des participants qui n’ont que des connaissances lacunaires en chimie. Du côté des informations pratiques, un accent est placé sur le bon choix des équipements de protection individuels (les EPI), comme les lunettes, les masques et les gants, qui varient selon les produits rencontrés. En laboratoire, et par petits groupes, les personnes doivent réaliser de véritables manipulations en suivant un protocole. La manière correcte de stocker les substances dangereuses figure également au programme. Le volet théorique aborde les aspects juridiques (donc les exigences légales) et le décryptage fin des différents documents qui entourent les produits chimiques, comme les étiquettes et les fiches de données de sécurité. Ces dernières sont remises aux utilisateurs professionnels par les fabricants. Un test de connaissances conclut ces deux journées, qui se déroulent sur le campus UNIL-EPFL.
www.formation-continue-unil-epfl.ch/manipulations-produits-chimiques

Cancer, sport et mouvement
Après avoir suivi des traitements souvent épuisants dans un cadre médical, des patients atteints d’un cancer entrent en rémission et renouent avec le cours normal de la vie. Mis au repos, ils risquent d’entrer dans une spirale de  «déconditionnement», c’est-à-dire que leur «condition physique ne leur permette plus d’affronter les activités de base de la vie quotidienne, au point de se trouver parfois en situation de handicap», explique Jérôme Barral, maître d’enseignement et de recherche à l’Institut des sciences du sport (ISSUL).

Or, des programmes d’activités physiques adaptées (APA) à ces personnes peuvent les aider à améliorer leur condition physique, «à reprendre confiance dans leur corps», à lutter contre certains effets secondaires liés aux traitements et à regagner un maximum d’autonomie. Comment concevoir et appliquer de tels plans? Destinée aux professionnels (physiothérapeutes, maîtres de sport et coachs sportifs par exemple), et organisée en partenariat avec la Ligue suisse contre le cancer, une nouvelle formation de quatre jours vise justement à répondre à ces questions.

Orientés vers la pratique, les cours permettent aux participants d’échanger sur le vécu des patients, lors d’un atelier de discussion. Des informations sur les maladies cancéreuses, les traitements ou encore la manière d’évaluer la condition physique des patients sont données. Les aspects psychiques et sociaux sont traités. Parmi les exercices figure aussi la réalisation d’un programme d’APA. Enfin, la formation aborde la construction et l’accompagnement d’un projet sportif plus important, si le patient émet le souhait de se lancer.
www.formation-continue-unil-epfl.ch/cancer-sport-mouvement

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