A l’Université de Lausanne, des chercheurs recourent aux aéronefs télécommandés pour mener des travaux dans le domaine de l’analyse des risques naturels, ainsi qu’en archéologie.
Dans les sous-sols du bâtiment Géopolis, le maître assistant Marc-Henri Derron et son collègue doctorant Pierrick Nicolet présentent le drone qu’ils utilisent dans le cadre de l’Institut des sciences de la Terre. Cet engin léger, qui possède six petites hélices, peut transporter un appareil photo reflex dans une nacelle articulée. Ainsi, pendant qu’un chercheur tient la télécommande, l’autre suit le déplacement sur un petit écran et prend des images.
«Ce drone est capable de vol stationnaire, ce qui est très utile lorsque l’on s’intéresse à l’analyse des risques naturels», note Pierrick Nicolet, le pilote. Le glissement de terrain de Pont Bourquin, situé sur la route du col du Pillon, non loin des Diablerets, est régulièrement observé dans un but pédagogique. «C’est un lieu de formation pour nos étudiants. Peu dangereux, il nous permet de tester différentes méthodes de travail, dont le drone», explique Marc-Henri Derron.
De nombreuses photographies de l’instabilité, qui pourrait menacer une route et un chalet, ont été prises grâce à l’engin volant. Une fois rassemblées, ces dizaines d’images sont traitées informatiquement. Le résultat? Une modélisation en 3D de la zone, dont la topographie est ainsi reconstruite de manière assez précise. Autre avantage : «Nous pouvons suivre l’évolution dans le temps de cette coulée de boue argileuse», ajoute Marc-Henri Derron.
Les drones ont trouvé un autre champ d’application à l’UNIL. Chargé de recherches à l’Institut d’archéologie et des sciences de l’Antiquité, Cédric Cramatte est responsable du chantier de fouilles de Mandeure, en Franche-Comté (lire également Allez savoir! 52). En été 2013, cet archéologue a recouru à un de ces petits engins pour établir une orthophotographie d’un site de 250 mètres carrés. C’est-à-dire une image traitée de sorte à ce que chacun de ses points soit superposable à une carte plane correspondante. Sur cette base, le terrain peut ensuite être modélisé en 3D via un logiciel spécialisé.
Cette méthode possède plusieurs avantages. «Nous obtenons des informations sur les structures que nous ne pourrions pas récolter depuis le sol», explique Cédric Cramatte. Ensuite, le nombre de dessins archéologiques à réaliser diminue, ce qui procure un gain de temps. Dans le cas de fouilles d’urgence, le drone permettrait de travailler plus rapidement. Enfin, durant la période estivale, «des effets de sécheresse et d’humidité font apparaître des vestiges – par moments. Dans ce genre de cas, le drone est bien plus souple d’utilisation que l’avion, long, compliqué et coûteux à organiser», note encore le chercheur. Ce dernier estime que l’utilisation de ces appareils va se généraliser dans son domaine. Même en sciences de l’Antiquité, on vit avec son temps.
Article principal: Game of Drones
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