Phagothérapie: premier essai clinique au CHUV

Les ronds blancs sont des «plages de lyses», c’est à dire le résultat de la rencontre entre un phage et une bactérie. Le premier se multiplie au sein de la seconde, qui meurt. Les descendants s’en prennent ensuite aux cellules voisines. Dans ce cas, la bactérie est une souche clinique de Klebsiella pneumoniae résistante à plusieurs antibiotiques (pathogène humain important). © Gregory Resch
Les ronds blancs sont des «plages de lyses», c’est à dire le résultat de la rencontre entre un phage et une bactérie. Le premier se multiplie au sein de la seconde, qui meurt. Les descendants s’en prennent ensuite aux cellules voisines. Dans ce cas, la bactérie est une souche clinique de Klebsiella pneumoniae résistante à plusieurs antibiotiques (pathogène humain important).
© Gregory Resch

L’été prochain, le CHUV devrait démarrer des tests cliniques visant à traiter à l’aide de bactériophages des patients brûlés infectés par Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa.

Cet essai, le premier du genre, s’inscrit dans le cadre du programme européen, Phagoburn, coordonné par le Ministère français de la défense et regroupant la France, la Belgique et la Suisse. Au total, 220 patients devraient y participer, «dont 10 à 15 à Lausanne», précise Yok-Ai Que, médecin-adjoint au Service de médecine intensive adulte du CHUV. Pourquoi s’intéresser tout particulièrement aux grands brûlés ? «Ces patients ont un système immunitaire déficient et toutes leurs défenses physiques sont altérées puisqu’ils n’ont plus de peau pour les protéger contre le monde extérieur, explique le médecin. En outre, ils restent longtemps à l’hôpital et sont statistiquement plus exposés que d’autres à des germes résistants.» Ils sont donc particulièrement sensibles aux infections «qui augmentent la morbidité, car elles détruisent les greffes de peau qui sont la pierre angulaire du traitement».

Parmi les fauteurs de troubles, on trouve Escherichia coli, «qui infecte fréquemment les patients brûlés, et Pseudomonas aeruginosa, «un germe très récalcitrant aux antibiotiques». D’où l’idée d’essayer de traiter ces malades avec des bactériophages qui seront mis dans des pansements.

Des résultats chez l’animal

Les comités d’éthique des trois pays concernés ont déjà donné leur accord et il ne reste plus qu’à attendre le feu vert de leurs agences de régulation des médicaments pour démarrer les tests cliniques. Ceux-ci devraient commencer en mai en France et en juin à Lausanne. Au total, «au moins sept centres hospitaliers y participeront dont un seul, le CHUV, en Suisse», précise Yok-Ai Que.

«Chez l’animal, les essais ont été prometteurs» et le spécialiste de médecine intensive espère bien que les résultats obtenus sur des patients, que l’on devrait connaître d’ici dix-huit à vingt-quatre mois, seront aussi enthousiasmants. Si tel est le cas, cela pourrait accélérer l’autorisation de mise sur le marché de ces phages. Et inciter les chercheurs et les médecins lausannois à explorer les bénéfices de la phagothérapie pour lutter contre des infections affectant les patients atteints de mucoviscidose ou d’autres maladies.

Article principal : Comment lutter contre les infections… avec des virus

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