Les dinosaures ont fait de vieux os

spring_dotsSeule la tête de l’énorme bête écailleuse émerge de la mare où elle barbote. Son poids l’empêche d’en sortir. Le regard vide, ce dinosaure verdâtre va terminer sa carrière sous les crocs d’une brute plus féroce que lui, dans une jungle moite du Crétacé. Cette série de clichés a bercé bien des enfances.

Heureusement, dans les années 70, les géants du passé ont connu un coup de jeune. La Dinosaur Renaissance a permis de véhiculer de nouvelles images. En 1975, le Scientific American publiait un dessin de dinosaure à plumes, bien en avance sur son temps. Trois ans plus tard, des illustrations de Roy Andersen parues dans le National Geographic fournissaient un carburant puissant à l’imaginaire de toute une génération de fanatiques de ces grandes bêtes, dont le soussigné.

Lors de la décennie suivante, le dessinateur Bill Watterson a représenté de nombreux dinosaures sophistiqués dans Calvin & Hobbes. C’est également la passion enfantine – et plutôt masculine – pour les tricératops et les allosaures que l’Américain a saisie. Un enthousiasme durable. Conservateur au Musée cantonal de géologie de Lausanne, Robin Marchant rencontre régulièrement de jeunes visiteurs capables de citer, des étoiles dans les yeux, des noms en –us d’une douzaine de lettres (lire l’article).

C’est évidemment Jurassic Park, en 1993, qui a popularisé ces animaux préhistoriques. Place à des bestioles vives, capables de courir derrière une jeep ou d’ouvrir une porte. Mais le quatrième opus, Jurassic World (2015), tient-il compte des découvertes les plus récentes réalisées en Chine ? Même si l’idée existe depuis longtemps dans la communauté scientifique, la parenté des théropodes avec les oiseaux ne passe pas vraiment. Confirmée pour la première fois en 1996, la présence de plumes primitives sur près de 40 espèces de dinosaures à ce jour semble incroyable. Et pour cause: réduire le splendide tyrannosaure à un lointain grand-oncle du poulet (-frites) est un crime de lèse-majesté déprimant.

Et pourtant, cette constatation signifie que si tous les dinosaures terrestres ont disparu, les espèces aviaires ont survécu. Cela veut dire que dans l’arbre généalogique très étendu des pigeons ou des moineaux sont perchées des créatures de 6 tonnes et 12 mètres de long. Les oiseaux existent depuis au moins 150 millions d’années. Leurs ancêtres ont plané au-dessus d’une sorte de fin du monde il y a 65 millions d’années. Cet exploit et leur parenté prestigieuse consolent les orphelins des diplodocus.

Tricératops Illustration parue en été 1978 dans le National Geographic. © Roy Andersen/National Geographic Creative
Tricératops
Illustration parue en été 1978 dans le National Geographic.
© Roy Andersen/National Geographic Creative

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