Depuis l’été 2012, George Coukos a réuni autour de lui tout ce que la région compte de chercheurs et de cliniciens attachés à comprendre et à soigner les cancers.
Avec un sourire, le professeur Coukos évoque sa mère qui vit en Grèce et qui, à 82 ans, ne cuisine plus. Elle était dans ce domaine une «magicienne», ce que son fils semble être devenu dans une autre spécialité, la lutte contre le cancer. Il fédère les compétences interdisciplinaires au sein d’un Département d’oncologie UNIL-CHUV incluant le Centre Ludwig de l’UNIL, d’un centre de recherche élargi à l’EPFL-ISREC, d’une collaboration scientifique avec l’entité hospitalo-universitaire genevoise et du Réseau romand d’oncologie, un regroupement collaboratif des hôpitaux régionaux et des cliniciens oncologues installés en Suisse romande… Largement de quoi transformer Lausanne en plaque tournante de la recherche sur le cancer en Suisse et en Europe, répondant à l’appellation de «Swiss Cancer Center Lausanne».
Ce dispositif consiste à améliorer la prise en charge des patients oncologiques. L’une des approches amenées par les intervenants de cette constellation offre la possibilité de biopsies pour permettre une analyse des gènes et des bio-marqueurs propres à chaque tumeur. Cette connaissance approfondie de la maladie et de son écosystème permettra d’engager des traitements basés sur des données moléculaires complexes. Cette «médecine personnalisée» veut comprendre des mécanismes impliquant des gènes altérés mais aussi des gènes normaux exprimant des protéines défectueuses, ces bio-marqueurs qui sont les constituants biologiques de la tumeur, susceptibles d’activer des cellules cancéreuses. George Coukos parle des «chemins moléculaires de la tumeur» qu’il faut soit changer, soit bloquer pour mettre fin à la prolifération cellulaire. Le traitement peut relever de l’immunothérapie, technique qui consiste à activer le système immunitaire pour lui permettre de reconnaître la tumeur et de l’attaquer. Particulièrement développée aux Etats-Unis, l’immunothérapie est une spécialité du Centre Ludwig. Elle sera au cœur du dispositif mis en place par le professeur Coukos.
La part respective de l’environnement et des gènes dans le déclenchement des cancers reste mystérieuse. «Les gènes influencent notre réponse à l’environnement. Face à une exposition toxique, une personne répondra par une tumeur, une autre pas. En outre, même dans un contexte sain, un gène spécifique ou une altération génétique peuvent déclencher une tumeur.» En cas de prédisposition, si l’on prend l’exemple du cancer ovarien, il conseille l’ablation des ovaires et des trompes de Fallope, dont on sait depuis peu qu’elles sont en réalité le point de départ de ce cancer. La discussion autour d’un plat estival prend avec lui d’étranges tournures, mais il s’agit de parler vrai. «A l’occasion de toute autre opération, après la ménopause, une ablation trompes-ovaires peut se révéler souhaitable même sans prédisposition», conclut-il.
De si lourds sujets monopolisent son énergie. Par chance, ses deux garçons de 18 et 20 ans ont évolué sans crise adolescente. L’aîné a rejoint l’EPFL et le cadet s’apprête à commencer la médecine à l’UNIL. «J’aime mon travail et peu de choses m’en détournent», avoue-t-il. Le cinéma deux ou trois fois par année avec sa femme et les DVD lui donnent l’occasion de s’évader. Il lui arrive de pédaler ou d’allonger quelques foulées entre Saint-Sulpice et Morges… La compétition, on s’en doute, le retient sur d’autres terrains.
Un goût de l’enfance
Celui des tomates farcies de ma mère, avec du riz et divers légumes.
Une ville de goût
L’île de Santorin où l’on mange des crevettes face à la mer et aux plus beaux «sunsets».
Avec qui partager un repas?
Avec Churchill, qui fut un leader exceptionnel et courageux.