Ce que vieillir veut dire

Spécialiste en gériatrie et en soins palliatifs gériatriques, la docteure Eve Rubli Truchard remet les personnes âgées au cœur des préoccupations de notre société.

Eve Rubli Truchard. Au restaurant Le Nabi, Musée cantonal des Beaux-Arts, à Lausanne. © Pierre-Antoine Grisoni/Strates

Elle a mis son énergie de quadragénaire rayonnante au service des personnes âgées. Co-directrice de la chaire de soins palliatifs gériatriques, à la Faculté de biologie et de médecine, la Dre Eve Rubli Truchard est responsable de l’unité long séjour au Service de gériatrie et réadaptation gériatrique du CHUV et codirige une équipe de recherche qui travaille sur ce thème. 

«La gériatrie est une démarche globale. Il ne s’agit pas seulement de traiter un problème unique, par exemple une pneumonie ou un infarctus, mais aussi de préparer le retour à domicile de la personne âgée, en tenant compte de sa situation personnelle, si elle est seule ou non, comment réagissent ses proches, quel est son degré de dépendance; les objectifs doivent être ajustés en fonction de ces différents paramètres», décrit-elle. Autre sujet crucial alors que la proportion de la population très âgée a fortement augmenté: la fin de vie. On parle de projet de vie, devra-t-on parler de projet de décès? «Notre société doit mieux accompagner ces personnes, apprendre à envisager avec elles cette échéance», esquisse la spécialiste. La question des directives anticipées, ou plus largement le Projet de Soins Anticipé s’inscrit dans un «projet cantonal visant à promouvoir l’autonomie, à respecter les choix médicaux des personnes, même lorsque leur état de santé ne leur permet plus de prendre des décisions pour elles-mêmes. Il s’agit d’un accompagnement avec des professionnels formés, car il n’est pas facile de rédiger en solitaire ses directives anticipées.»

Les soins palliatifs sont souvent associés à l’oncologie, domaine qui s’est considérablement développé au point que de nombreux malades vivent avec leur cancer de manière chronique. «Ils vont mourir d’autres atteintes liées à leur âge, comme un AVC, des maladies cardiaques ou neurodégénératives, raison pour laquelle cette chaire spécifique a été créée», relate la Dre Rubli Truchard. Des médecins aux aides-soignantes et soignants, en passant par les étudiantes et étudiants en médecine et en sciences infirmières, «il y a énormément à enseigner sur les aspects éthiques de la gériatrie et des soins palliatifs». Le grand âge et la fin de vie ne rebutent-ils pas les jeunes? La gériatrie n’attire pas suffisamment, encore, mais on en parle plus et mieux grâce à des médecins comme la Dre Eve Rubli Truchard. «Les personnes âgées ont vécu et donné tant de choses; être à leur écoute jusqu’à la fin, on leur doit bien ça!» Avec le vieillissement de la population, elle estime que «pratiquement tous les professionnels de la santé feront face à des problématiques en lien avec la gériatrie».

Comment compose-t-elle au quotidien avec ces préoccupations funestes? «J’essaie d’avoir un bon équilibre, je marche dans la nature, je cours, je voyage, je ressens la nécessité de profiter de la vie car tout peut s’arrêter en un instant», confie-t-elle. Avec son mari architecte et leurs deux adolescents – Adrien a 16 ans, Élise 13 – elle soigne les moments en famille et reçoit des amis. «Quand je cuisine, je m’y consacre pleinement, je me concentre sur le moment présent, comme quand je pratique la méditation.»

Ce qui donne du sens à son travail? «Il est très valorisant de pouvoir offrir à la personne une fin de vie telle qu’elle peut la souhaiter pour elle et ses proches». Elle ajoute aimer les discussions en équipe et les solutions inédites qu’on peut trouver à plusieurs.

Une ville de goût 

Londres, pour le cuisinier israélien Yotam Ottolenghi.

Une personne à sa table

Nicolas Mathieu pour évoquer son livre Leurs enfants après eux.

Un conseil bistronomique

Les Enfants du Marché, rue de Bretagne à Paris.

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