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David Doret, un collectionneur d’autrefois

Homme curieux et cultivé, ce marbrier veveysan avait réuni, à la fin du XIXe siècle, une fort intéressante collection d’antiquités égyptiennes et gréco-romaines. Elle fait l’objet d’une exposition au Musée historique de Vevey et d’un catalogue.

Voilà un catalogue un peu particulier. Il a été réalisé, en effet, par les chercheurs et les étudiants de l’Institut d’archéologie et des sciences de l’Antiquité de l’Université de Lausanne. Le goût des belles choses – Collection archéologique de David Doret (1821-1904) accompagne l’exposition conçue par Françoise Lambert et Fanny Abbott au Musée historique de Vevey. Il porte à la connaissance des initiés comme des profanes une collection de quelque 200 pièces léguée en 1913 à la Ville de Vevey et qui n’avait plus été présentée au public dans son intégralité depuis près de 25 ans.

Hétéroclite et subjectif, cet ensemble témoigne avant tout de la passion d’un homme de son temps pour l’Egypte et le monde gréco-romain. On n’y trouve guère de chefs-d’œuvre, mais des pièces attachantes – et facilement transportables, amulettes égyptiennes, oushebtis (figurines funéraires en forme de personnage momifié), statuettes en terre cuite ou en bronze, fragments de peintures murales. Au titre des curiosités, il faut relever la présence de plusieurs fragments d’architecture ramassés sur les sites. Deux d’entre eux proviennent de l’Acropole. Mais rassurez-vous! «L’acquisition des objets de cette collection date de bien avant l’établissement de la Convention UNESCO de 1970 et ne pose donc plus de problème juridique», précise le professeur Karl Reber dans la préface.

Envie d’en savoir plus sur le collectionneur lui-même? Un chapitre du catalogue lui est consacré. On y apprend que David Doret, né le 30 juin 1821 et «cinquième du nom, est le dernier héritier d’une célèbre dynastie de marbriers, présente à Vevey dès 1716». L’entreprise est prospère. Il bénéficie d’une éducation solide, suivie d’un stage d’architecte à Lausanne et de plusieurs séjours à l’étranger. Il devient propriétaire de la marbrerie en 1868, à la mort de son père, à une époque où le travail artisanal se transforme peu à peu en production industrielle.

Entrepreneur médiocre, sculpteur sans grand talent, David Doret se caractérise surtout par sa culture et sa curiosité. Il constitue l’essentiel de sa collection archéologique à l’occasion des voyages qu’il entreprend avec sa femme au début des années 1890 – il a alors plus de 70 ans. A son retour, il dispose ses plus belles pièces sur des socles de marbre où il grave en lettres d’or leur provenance. Ou du moins celle que lui ont indiquée les vendeurs. Et comme tout collectionneur, David Doret s’est parfois trompé, ou fait rouler. A l’examen, l’authenticité de certaines pièces s’est en effet révélée douteuse. Un chapitre leur est consacré, et ce ne sont pas, de loin, les pages les moins intéressantes de la publication. /Mireille Descombes

Le goût des belles choses. Collection archéologique de David Doret (1821-1904). Catalogue édité par l’UNIL et le Musée historique de Vevey (2015), 128 p.
Le goût des belles choses. Collection archéologique de David Doret (1821-1904). Catalogue édité par l’UNIL et le Musée historique de Vevey (2015), 128 p.

Management, communication, gestion de projet ou encore finance. Les compétences «non techniques» demandées aujourd’hui aux ingénieurs prennent de plus en plus d’importance dans le monde professionnel. Ces talents sont incontournables dans une carrière. Avec un fort ancrage suisse, cet ouvrage bref expose les importantes transformations survenues dans les métiers de l’ingénierie et donne la parole aux premiers concernés. De nombreux aspects, comme la place des femmes, l’éthique, le statut social ou l’impact de la mondialisation, sont également traités. /DS

Ingénieur aujourd’hui. Par Ivan Sainsulieu et Dominique Vinck. PPUR (2015), 135 p.
Ingénieur aujourd’hui. Par Ivan Sainsulieu et Dominique Vinck. PPUR (2015), 135 p.

Qu’ils s’appellent golems, automates ou cyborgs, les robots accompagnent l’humanité depuis des millénaires. Cet essai pose la question de leur signification. Quelle image renvoient-ils du monde du travail, de la société et de l’humanité ? Leur fonction métaphorique est interrogée par les auteurs de cet ouvrage superbement illustré, parmi lesquels figure Marc Atallah, chercheur à l’UNIL et directeur de la Maison d’Ailleurs. Une manière de prolonger la réflexion suscitée par l’exposition en cours, Portrait-Robot. /DS

Portrait-Robot ou les multiples visages de l’humanité. Par Marc Atallah. Editions Favre et Maison d’Ailleurs (2015), 192 p.
Portrait-Robot ou les multiples visages de l’humanité. Par Marc Atallah. Editions Favre et Maison d’Ailleurs (2015), 192 p.

Le délicat équilibre entre le respect de la vie privée et le devoir d’information des médias fait l’objet de cet ouvrage collectif. Le droit à l’oubli, ou à la «non-évocation» comme le note Philippe Meier, professeur au Centre de droit privé de l’UNIL, connaît une nouvelle actualité. La mémoire d’éléphant des moteurs de recherche et des réseaux sociaux, ainsi que les archives électroniques de presse, bousculent cette notion et imposent de nouvelles responsabilités aux journalistes. Cet ouvrage  enrichi de nombreux exemples livre une perspective suisse et européenne sur la question. /DS

Le droit à l’oubli?: du mythe à la réalité. Edité par Tristan Gianora. Cedidac (2015), 138 p.
Le droit à l’oubli: du mythe à la réalité. Edité par Tristan Gianora. Cedidac (2015), 138 p.

Dirigé par deux chercheurs de l’UNIL, cet ouvrage est bien davantage qu’un dictionnaire. Les 357 entrées, qui ont mobilisé plus de 200 auteurs, couvrent certes de nombreux termes, évènements, courants d’idées ou personnalités liés à la pensée écologique. Mais les débats en cours sont également visibles. Ainsi, plusieurs notions, comme Anthropocène ou Catastrophisme, font l’objet de deux notices, qui reflètent deux points de vue différents. De quoi piocher aussi bien des informations claires que du carburant pour alimenter les discussions en lien avec l’actualité. /DS

Dictionnaire de la pensée écologique. Dirigé par Dominique Bourg et Alain Papaux. PUF (2015), 1184 p.
Dictionnaire de la pensée écologique. Dirigé par Dominique Bourg et Alain Papaux. PUF (2015), 1184 p.

Pour comprendre comment, depuis la révolution de janvier 2011, les islamistes profitent des libertés nouvelles en Tunisie, sans s’inquiéter des frontières, puisque les adeptes du parti Ennahdha (au sein du gouvernement de coalition et dans la rue) adoptent des pratiques liberticides venues d’Arabie saoudite ou du Qatar. L’islam politique ne s’arrête pas en plein ciel tel un nuage de Tchernobyl. Pour le bien commun, les religions doivent évoluer de manière autonome dans leur contexte tunisien ou européen. Ce livre plaide pour l’exercice d’une pensée émancipatrice. /NR

Tunisie, Carnets d’une révolution. Par Mondher Kilani. Editions Pétra (2014), 322 p.
Tunisie, Carnets d’une révolution. Par Mondher Kilani. Editions Pétra (2014), 322 p.

 

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