Les chouettes de la réconciliation

Alexandre Roulin et deux chouettes effraies, en Israël. © DR

Et si le sauvetage d’une chouette pouvait réconcilier les peuples? Une idée folle avancée dans les années 80 par un professeur de l’Université de Tel-Aviv, Yossi Leshem, et qui est en train de se réaliser: Israéliens, Palestiniens et Jordaniens se réunissent aujourd’hui régulièrement autour d’une même table afin de débattre de la construction de nichoirs pour les rapaces.

«Les discussions restent vives. Dans les pays musulmans, les chouettes sont toujours considérées comme des oiseaux de malheur. Mais j’ai pu remarquer une réelle volonté de s’unir pour régler les problèmes», signale Alexandre Roulin qui participe activement au projet «Owls have no boundaries» depuis 2009.

En Israël, et au Moyen-Orient en général, l’utilisation à haute dose de rodenticides (produits chimiques répandus sur les cultures pour lutter contre les invasions de rongeurs) a eu des conséquences très néfastes sur la nature. Sols et eaux ont été pollués. «C’était la même chose en Suisse dans les années 60, constate le biologiste Alexandre Roulin. Au Moyen-Orient, cette pratique est doublement problématique car la région reste un couloir migratoire énorme. Des millions et des millions d’oiseaux passent là-bas. Et s’il n’y a plus de rongeurs, il n’y a en conséquence plus de prédateurs, donc plus de rapaces. Quand on touche un campagnol dans la vallée du Jourdain, on s’attaque à toute la nature européenne.»

2000 nichoirs ont été construits en Israël, une véritable réussite. Les paysans paient les installations de leur propre poche, ils dépensent ainsi moins d’argent dans l’achat de raticides. Reste encore à convaincre totalement Palestiniens et Jordaniens. Alexandre Roulin se rend sur place deux à trois par an dans le but de motiver le dialogue entre ces pays en guerre.

«J’ai investi de l’argent pour créer un post-doc en Israël. Et la Fondation Addax & Oryx à Genève, entre autres, finance également le projet. Nous tentons de contribuer à l’effort de paix par l’intermédiaire de la conservation de la nature. On pourrait dire qu’il s’agit d’une goutte d’eau dans un océan, mais si la société entière se mettait à agir ainsi, cela forcerait les peuples à avoir des contacts au quotidien et peut-être les politiciens à avoir une vision différente des réalités.»

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