Spécialiste du cerveau, Nicolas Toni vient de rejoindre le Centre de neurosciences psychiatriques de l’UNIL-CHUV. Rencontre enjouée.
Les recherches actuelles au sujet des capacités régénératives du cerveau montrent la voie du futur dans le combat contre les maladies neurodégénératives, telles que la maladie d’Alzheimer ou encore le vieillissement cérébral. A l’UNIL depuis 2010, Nicolas Toni travaille sur la neurogenèse adulte: la capacité de notre cerveau à générer de nouveaux neurones, en particulier dans l’hippocampe, un centre important pour la mémoire et la régulation des humeurs. Il est envisageable désormais de pouvoir «stimuler les cellules souches de l’hippocampe» dans le lobe temporal. Comme on l’a prouvé chez la souris, l’augmentation ciblée de la neurogenèse dans les deux petits hippocampes bénéficie directement à la mémoire, ainsi qu’à la résistance à la dépression.
L’idée est d’utiliser ce processus de production neuronale dans le combat contre Alzheimer ou encore la dépression, sans les effets secondaires des médicaments actuels. Le vieillissement naturel est également concerné. Le scientifique dirige un groupe de recherche dont les expériences révèlent que les souris stimulées dans leur cage par divers jeux et tunnels manifestent ensuite une capacité de mémoire supérieure à celle de leurs congénères, pourtant en tous points pareilles, mais privées d’activités. L’exercice physique se présente comme un élément déterminant dans la régulation de l’activité des cellules souches.
Des comparaisons réalisées avec des groupes d’étudiants montrent que l’on peut même améliorer les résultats de jeunes personnes au faîte de leurs capacités mémorielles. Contrairement aux souris clones de la recherche, les êtres humains varient considérablement sur le plan génétique et environnemental, rappelle Nicolas Toni. Il évoque pourtant une étude sur d’anciens soldats suédois: ceux qui avaient témoigné d’une activité sportive lors de leur enrôlement bénéficient, trente ans plus tard, d’une meilleure santé cérébrale (moins de maladies neuro-dégénératives, d’accidents vasculaires cérébraux ou de dépression) et même d’un niveau d’études plus élevé. Ceci indépendamment de la grande variété des parcours de vie de ces personnes.
Le décryptage de ces mécanismes cérébraux et une connaissance plus précise des effets de la stimulation physique et/ou intellectuelle sur la neurogenèse pourraient fournir une base scientifique à la prévention, soutient le chercheur. Au Centre de neurosciences psychiatriques (Département de psychiatrie), il est associé au lancement d’une recherche translationnelle sur les maladies psychiatriques. Il s’agit d’explorer les mécanismes de régulation de la neurogenèse adulte afin de pouvoir les stimuler de manière spécifique et ainsi obtenir des effets bénéfiques sur la mémoire et les émotions.
La curiosité expérimentale qui anime Nicolas Toni depuis l’enfance ne faiblit pas. Il l’a observée chez ses propres enfants et souhaiterait que la science soit enseignée davantage comme un jeu. Par ailleurs, il estime que la religion ne devrait pas intervenir dans l’enseignement scolaire. «Mon fils m’a demandé si le Christ avait connu les dinosaures. Il avait alors 7 ou 8 ans, un âge durant lequel science et religion sont facilement confondues. Les religions comme un élément de culture, oui, mais pas si jeune. J’ai parfois l’impression que l’école fournit une meilleure éducation religieuse que scientifique, un comble dans notre environnement laïque», conclut-il.
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