Docteure en sciences infirmières, la professeure Manuela Eicher dirige l’Institut universitaire de formation et de recherche en soins. Rencontre autour d’un repas bien commenté.
Manuela Eicher est arrivée à l’UNIL après une formation universitaire en soins infirmiers, en Allemagne, un passage comme formatrice à l’école Lindenhof à Berne dans le cadre du diplôme d’infirmière, une thèse doctorale sur le rôle de breast care nurse dans la prise en charge des cancers du sein à l’hôpital de l’Île à Berne et sept ans comme doyenne de la recherche en santé à la Haute École de santé Fribourg. Un parcours précoce qui doit tout à son caractère bien trempé, à son originalité – elle a commencé sa vie de jeune infirmière à São Paulo pour soulager le quotidien des malades du sida – et à sa boulimie de travail, bien qu’elle se récrierait sans doute face au terme de boulimie car son activité est «une passion».
Spécialiste en soins en oncologie, domaine qui combine «la haute technologie et les questions existentielles», elle a tissé des liens professionnels avec le Département d’oncologie dirigé par George Coukos. Elle est professeure associée depuis 2016, avec pour mission d’établir un partenariat entre ce Département et l’Institut universitaire de formation et de recherche en soins (IUFRS), qu’elle dirige. Elle a développé un groupe de recherche (infirmières et autres professionnels de santé en master, doctorat, post-doctorat) qui s’intéresse en particulier au soutien à l’autogestion des conséquences du cancer, et à la mise en œuvre de nouveaux modèles de soins. Un des projets de ce groupe est le «Laboratoire des patients en oncologie», visant à mieux intégrer les patients, et leurs proches, dans le processus de la recherche. Cette collaboration entre professionnels de santé et patients ou proches bien informés est essentielle, estime la chercheuse, qui étend cette démarche vers un public plus large lorsqu’il s’agit de prévention.
Dans le canton de Vaud, des infirmières et infirmiers formés à dessein (voir le site de l’IUFRS) peuvent poser un diagnostic et prescrire des médicaments, tandis qu’une autre formation universitaire orientée sur la recherche et le changement des pratiques permet «d’implanter dans la clinique les nouveaux savoirs scientifiques en soins infirmiers». Face au vieillissement de la population, estime Manuela Eicher, il faut éviter autant que possible les hospitalisations et permettre aux personnes de rester actives même dans la maladie, qu’elles apprennent à gérer entre autres avec un soutien infirmier. L’idée est d’aider à «maintenir les capacités et d’apprendre à vivre ou mourir avec la maladie». On songe à son propre futur en parlant avec cette spécialiste qui mène et encadre des recherches ciblant «les soins, pas la maladie», le bien-être des malades chroniques et de leurs proches: un enjeu de société majeur. Dans un hôpital adapté aux aînés – projet CHUV avec des chercheurs de l’IUFRS – le personnel infirmier a un rôle central à jouer.
En dehors de son travail, elle se consacre à sa famille et à ses amis, sans oublier ses chats et ses plantes. Elle aime, le matin, écouter des podcasts radiophoniques, chanter, faire du vélo, partager des moments privilégiés avec son mari, sa fille et son fils, deux adolescents. Elle n’a pas le temps de se disperser ni le
loisir de baisser les bras face à la souffrance d’autrui. «Ce n’est pas un job, c’est ma vie», conclut-elle.
Une ville de goût
Barcelone pour ses poissons à la planche
Une personne à sa table
L’infirmière Florence Nightingale pour sa rigueur scientifique… ou l’acteur Javier Bardem.
Un souvenir gustatif
La raclette de son enfance en Valais.