Conférence
Aurélien Barrau invité à l’UNIL
La première conférence du cycle «Envies d’agir», dédié aux enjeux scientifiques et sociétaux de notre temps, s’est déroulée à l’UNIL le 3 octobre 2019 (à voir sur youtube.com/UNILTV). Sur l’invitation de Jacques Dubochet, l’astrophysicien Aurélien Barrau s’est exprimé sur la sauvegarde de l’environnement. Face à une salle comble, il n’a pas mâché ses mots: «Un biocide est en cours. La vie s’effondre sur Terre!» Après avoir présenté les données scientifiques qui selon lui attestent de la «fin» prochaine de notre monde, ce chercheur au Centre national de la recherche scientifique en France a proposé des pistes à suivre pour limiter les dégâts. Pour lui la solution n’est pas technologique, mais sociale et politique. LC
Recherche
On veut réinventer l’eau froide!
Le Conseil d’État vaudois soutient le projet de construction d’un «centre d’imagerie Dubochet» de cryo-microscopie sur le site de l’UNIL à Dorigny. Cette discipline a justement valu son Prix Nobel de chimie au Morgien, en 2017. Développée dans les années 80, cette technique d’imagerie permet de préserver la structure des échantillons biologiques soumis à la microscopie électronique. Elle suscite donc l’intérêt des chercheurs du Centre suisse du Cancer – Arc lémanique ou des scientifiques qui s’intéressent aux dégénérescences du cerveau, comme la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer. (Réd.)
L’UNIL dans les médias
Chouettes, Fortnite, Grèce et trilobites
9023 Le nombre d’articles et d’émissions qui ont mentionné l’UNIL ou le CHUV dans les médias romands en 2019 (d’après la revue de presse Argus au 10 décembre).
Début septembre, la publication d’un article dans Nature Ecology and Evolution, par des chercheurs du Département d’écologie et d’évolution, a connu un certain succès. Menés par le professeur Alexandre Roulin, les travaux ont montré que, contre toute intuition, les chouettes effraie à plumage clair attrapent davantage de campagnols que leurs consœurs plus sombres lors des nuits de pleine lune. Pourtant, ces rapaces sont alors bien visibles! L’astuce, c’est que les rongeurs possèdent une aversion pour la lumière soudaine, qui les tétanise sur place de longues secondes. Leur stupeur facilite leur capture. Une technique que Le Monde, dans son édition du 11 septembre, a titré «La peur blanche de la chouette effraie».
Mi-octobre, Fortnite a suscité des remous particuliers. En effet, l’accès à ce jeu vidéo a été coupé pendant près de deux jours par son éditeur, de manière volontaire. Les compétences de l’UNIL dans ce domaine ont été mise à contribution par les médias pour commenter ce «coup». En octobre toujours, swissinfo est revenue, en plusieurs langues, sur les fouilles menées par l’École suisse d’archéologie en Grèce à Érétrie (lire Allez savoir! 70, octobre 2018). Sur le site esag.swiss, le rapport qui met en lumière les découvertes de 2019 est par ailleurs disponible.
Le 17 octobre, une recherche à laquelle a pris part Robin Marchant, conservateur au Musée cantonal de géologie, a fait le tour du monde (du New York Times à The Hindu). Parue dans Scientific Reports (groupe Nature), l’étude de fossiles de trilobites découverts au Maroc a permis de montrer que ces arthropodes disparus présentaient des comportements collectifs, il y a 480 millions d’années. DS
Voyage
Roulez jeunesse!
Piloté par Alexandra Stam (FORS) et Patrick Rérat (professeur à l’UNIL), cet ouvrage éclaire la mobilité temporaire de la jeunesse suisse: échanges linguistiques, bénévolat sous les Tropiques, stages à l’étranger, etc. Un sujet encore peu étudié.
Tout d’abord, une confirmation: la plupart des jeunes envisagent davantage de déménager à l’étranger (et de préférence dans des pays anglophones) que dans une autre région linguistique de la Suisse. Ce sont les hommes qui sont les plus rétifs à une telle mobilité interne. Quelles sont leurs motivations? Une partie cherche à améliorer son employabilité en apprenant une langue. D’autres souhaitent profiter de la vie. Enfin, certains profitent d’avoir du temps entre deux formations pour voyager. Dans la grande majorité, les personnes qui ont pu partir reviennent satisfaites de leur expérience. Truffée de chiffres, cette enquête constitue un portrait de la jeunesse suisse sous un angle très peu étudié encore. DS
Passage en revue
Degas voyage au XXIe siècle
2852 Le nombre d’articles que les chercheurs de l’UNIL et du CHUV ont fait paraître dans des revues scientifiques évaluées par les pairs, en 2019 (d’après Serval, au 10 décembre).
Une partie de l’œuvre d’Edgar Degas (1834-1917) demeure peu étudiée. Dans le cadre de son master en humanités numériques, Joanna Müller s’est intéressée aux monotypes du peintre, dont 450 ont été recensés. «Il s’agit d’une technique de gravure… sans gravure, résume la diplômée de l’UNIL. L’artiste travaille à l’encre sur une plaque non poreuse, de zinc ou de cuivre.» Ensuite, il applique une feuille de papier et l’ensemble passe sous presse. Le caractère perfectionniste de Degas est connu. Le travail de Joanna Müller, qui a pratiqué la technique du monotype, nuance cet aspect. «Vous avez des surprises, des résultats inattendus à la sortie de la presse. Le peintre français laissait donc, dans cette partie de son œuvre, une part au hasard et à la spontanéité du matériau.»
Avec un seul encrage, Degas sortait jusqu’à trois épreuves (ou cognates), qui devenaient fantomatiques au fur et à mesure des tirages. Le peintre rehaussait les monotypes noir-blanc les plus pâles en couleur, à la gouache, transformant ainsi les compositions originales. Pour mieux comprendre la fonction du monotype chez Degas, Joanna Müller a superposé et comparé numériquement les différents cognates, mobilisant un algorithme capable de définir des clusters (ou ensembles) de pixels dont les valeurs sont proches.
Si la composition n’a pas bougé, «Degas s’inscrit dans la tradition “classique” du dessin préparatoire, à la manière d’Ingres». Mais dans un certain nombre de cas, les contours de l’œuvre sont modifiés par l’application de la couleur, comme par exemple les postures ou les proportions des personnages. Ici, le peintre travaille sur la lumière, les ombres et les contrastes, ce qui l’oblige à restructurer sa composition entre le dessin de départ et le monotype rehaussé.
En liant l’un des fondateurs de l’impressionnisme à l’informatique d’aujourd’hui, Joanna Müller espère que de nouvelles recherches explorent des aspects méconnus d’un artiste que l’on croit connaître. DS
La fonction de la technique monotypique dans l’œuvre d’Edgar Degas. Une analyse des dimensions sociologiques, historiques et techniques. Par Joanna Müller (2019). En accès libre sur serval.unil.ch.
A l’honneur
Littérature, traces, paix et cancer
Maître d’enseignement et de recherche en Section des sciences du langage et de l’information de l’UNIL, Isaac Pante a reçu le Prix de création artistique de la Fondation Édouard et Maurice Sandoz 2019. L’écrivain dispose maintenant d’une année pour réaliser le projet qui lui a valu cette distinction. Il va rédiger un recueil d’une trentaine de nouvelles de trois à six pages chacune, dont l’action sera dialoguée pour l’essentiel, et dont le dénouement n’interviendra qu’en toute fin de récit, selon le principe de la nouvelle à chute. À terme, ce recueil devrait être traduit pour publication dans des revues anglophones, et faire l’objet d’une lecture publique. (Réd.)
Christophe Champod, professeur à l’École des sciences criminelles, a reçu la prestigieuse médaille Douglas M. Lucas 2020. Remise par l’Académie américaine des sciences forensiques, cette reconnaissance souligne l’excellence des travaux de ce chercheur, spécialiste de l’interprétation des traces (lire Allez savoir! 68, janvier 2018). Christophe Champod a relevé l’importance du travail de ses collègues, en Suisse et dans le monde, ainsi que des doctorants. «Grâce à leurs efforts, nous aspirons à développer une discipline scientifique où les incertitudes sont quantifiées, plutôt qu’une science forensique où l’on se remet à la seule parole de l’expert.» (Réd.)
Le professeur assistant à la Faculté des hautes études commerciales Dominic Rohner a été nommé responsable d’un nouveau réseau de recherche dédié à la prévention des conflits et aux politiques pour la paix. Lancé pour une durée initiale de trois ans au sein du Center for Economic Policy Research, l’un des centres scientifiques les plus importants en économie au niveau mondial, ce nouveau pôle de compétences place la souffrance humaine comme préoccupation première. Regroupant de nombreux experts spécialisés dans les questions de conflit, cette structure doit permettre de renforcer la visibilité de la recherche dans ce domaine. LC
Professeure ordinaire à la Faculté de biologie et de médecine et cheffe du Service d’oncologie médicale au CHUV, Solange Peters a reçu cette année le prestigieux Prix Bonnie J. Addario, décerné par la Fondation GO2, une alliance de deux organisations importantes engagées dans la lutte contre le cancer du poumon aux États-Unis. Cette distinction remise fin juillet 2019 en Californie lors de l’International Lung Cancer Conference récompense l’engagement de la scientifique pour cette cause, en particulier ses travaux de recherche sur les biomarqueurs, l’amélioration de l’accès aux soins et la promotion de l’avancement des femmes en oncologie. (Réd.)