Derrière les barreaux

Au temps de Lucky Luke, les malfrats étaient enduits de goudron et de plumes, puis passaient leur temps à briser des cailloux à coups de masses dans la cour d’un pénitencier. Une vision bien éloignée des geôles helvétiques contemporaines, que dépeint Daniel Fink dans son analyse La prison en Suisse. Un état des lieux. Dans son ouvrage, le chargé de cours à l’UNIL dresse un portrait inédit de l’univers carcéral, encore largement méconnu, selon ses termes. Un monde qui a par ailleurs bien changé au fil des décennies, notamment au regard de l’évolution du cadre légal.

Ainsi, le lecteur apprend par exemple que le recours à la peine privative de liberté a largement diminué depuis l’introduction dans le Code pénal des peines pécuniaires. Aujourd’hui, 12% des condamnations se soldent par une peine de prison, contre 62% avant la révision du texte, en vigueur depuis 2007.

De façon plus globale, l’auteur montre que la réalité de la prison a changé dans son ensemble. Si elle avait pour but d’isoler du reste de la société, la mise en détention opte depuis les années 80 pour un système favorisant la réinsertion. Notamment par le biais de contacts entre détenus, en adoptant un régime communautaire, en encourageant la formation, l’accès aux médias et les contacts extérieurs ou par l’accès à des outils comme Internet pour effectuer des recherches d’emploi. «Le Code pénal indique que les conditions de détention doivent en effet être adaptées au monde extérieur», précise le chargé de cours.

L’analyse de Daniel Fink s’attarde encore sur un thème souvent sujet à débat: la récidive. Selon le chercheur, elle concernerait majoritairement les jeunes hommes dont les antécédents sont nombreux. La récidive serait aussi plus forte juste après une condamnation ou une libération. Reste que la politique carcérale a aussi pris acte du potentiel de désocialisation de toute incarcération pour revoir sa copie. «Mon hypothèse consiste à montrer, grâce à des chiffres qui attestent ce fait, que moins on enferme, plus le taux de récidive baisse.» Une constante depuis 2007.

A noter enfin la différence de traitement selon le profil de la population. En somme, nous ne sommes pas tous égaux face à la loi. «La fonction de la prison est aujourd’hui largement celle d’un instrument de régulation des flux migratoires, servant aussi à corriger un comportement souvent toléré pour la population résidante, qui serait alors puni d’une simple amende», conclut-il. / David Trotta

La prison en Suisse. Un état des lieux. Par Daniel Fink. PPUR (2017), 136 p.

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«Mon cher, avec une gifle on a raison de tous les hommes.» Roman à la première personne, Montclar raconte l’éducation sentimentale et morale d’un jeune aristocrate, à travers l’Europe. Ce texte de Guy de Pourtalès fait immanquablement penser à Adolphe de Benjamin Constant, lointain aïeul de l’écrivain genevo-neuchâtelois. Ce journal intime à l’écriture élégante a été publié pour la première fois en 1926. Annoté, il reparaît aujourd’hui réédité chez Infolio, sous la responsabilité du Centre de recherche sur les lettres romandes (UNIL), qui en conserve les deux manuscrits. / DS

Montclar. Par Guy de Pourtalès. Infolio (2017), 292 p.

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Les actions des Brigades rouges, de la RAF ou d’Action directe ont nettement moins frappé la Suisse que les pays voisins. Mais tout n’a pas été paisible pour autant. Tiré de sa thèse soutenue à l’UNIL, l’ouvrage de Carole Villiger met en lumière les différents mouvements qui ont marqué l’histoire récente. L’auteure a notamment mené un long entretien avec un séparatiste jurassien. Au-delà, son texte traite des extrémistes de droite et de gauche, des antinucléaires, ainsi que de la violence «importée», des causes palestinienne ou arménienne par exemple. / DS

Usages de la violence en politique (1950-2000). Par Carole Villiger. Antipodes (2017), 295 p.

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Ce numéro d’une revue éditée par la Faculté des lettres nous plonge dans l’histoire du métier d’architecte en France, en Suisse et en Allemagne, au XIXe siècle. Les contributions mettent en lumière les aspects collectifs de cette profession. Grâce à de nombreux exemples, le lecteur découvre les écoles qui les formaient, leur organisation en associations et sociétés, leurs règlements, leurs publications et la promotion de leurs activités. Les coulisses d’un bureau d’architecte genevois – celui d’Antoine Leclerc – sont enfin présentées sous la forme d’une étude de cas.  / DS

Profils d’architectes. Ed. par Dave Lüthi. Etudes de Lettres (1/2017), 168 p.

Cet ouvrage synthétique expose comment le droit suisse s’applique au monde numérique. Avocat, chargé de cours à la Faculté de droit, d’administration publique et des sciences criminelles, Sylvain Métille commence par rappeler le fonctionnement d’Internet, avant de présenter différents aspects juridiques qui nous touchent régulièrement. Protection des données personnelles, atteintes à l’honneur, commerce en ligne ou droits d’auteur sont ainsi notamment traités. Une lecture indispensable.  / DS

Internet et droit. Protection de la personnalité et questions pratiques. Par Sylvain Métille. Schulthess (2017), 182 p.

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Seul canton entièrement italophone, le Tessin s’affiche comme périphérie menacée. C’est l’une des conclusions au regard de ses revendications envers Berne, le pouvoir central donc. Quelle place pour sa langue, largement minoritaire face à l’allemand et le français? Quelle souveraineté et quelle protection pour un territoire partageant une frontière avec une autre nation à l’heure de la libre circulation des personnes? Analyse inédite d’un phénomène peu connu, celui du régionalisme politique.  / DTR

Les défis du régionalisme politique en suisse. Le Tessin et ses relations avec Berne. Oscar Mazzoleni. Slatkine (2017), 216 p.

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