Debout les retraités!

Apprendre toute sa vie, c’est bien beau. Mais est-ce possible? A la retraite, les cahiers au feu? tente de faire le point sur la question. Réalisé sous la direction du sociologue Roland J. Campiche et du neurobiologiste Yves Dunant, cet ouvrage collectif se déguste à la carte, en fonction de ses besoins, de ses intérêts, voire de l’humeur du moment. On nous y rappelle que «la représentation qu’on se fait encore du vieillissement de la population freine la mise en place de solutions propres à favoriser le vivre ensemble de toutes les générations.» Et l’on nous suggère que les activités déjà effectuées par les adultes aînés témoignent de réelles compétences et connaissances qu’il suffit tout simplement d’entretenir et de développer. Pour autant, bien sûr, que l’on sache encore faire fonctionner ses neurones.

Vous êtes inquiets à ce sujet? La contribution d’Yves Dunant va vous rassurer. Certes, nous n’avons pas encore de traitement efficace contre les démences séniles, mais la déchéance cognitive liée à l’âge n’est pas une fatalité. Le spécialiste prend pour exemple l’étude concernant Sœur Mary qui avait été enseignante toute sa vie et qui, quasiment jusqu’à sa mort à 101 ans en 1993, avait réussit brillamment tous les tests concernant ses capacités de mémoire, d’association et de raisonnement.

Et pourtant, comme l’a révélé l’autopsie – à laquelle elle avait donné son accord, son cerveau ne pesait plus que 870 g et présentait les caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Que s’était-il passé? Au fur et à mesure de l’avancée de la maladie, «les fonctions perdues dans les régions atrophiées étaient reprises dans d’autres régions, stimulées, sans doute, par son activité intellectuelle continuelle tout au long de sa vie». Le concept de «réserve cognitive» était né.

Vous préférez les témoignages, le concret? Ça tombe bien, le livre commence avec un chapitre consacré aux «Expériences de vie». On y découvre notamment la jolie trajectoire de Magdalena R. Lors d’une période de chômage, cette dernière avait voulu se recycler, mais on lui avait dit qu’à 50 ans, cela ne valait plus la peine d’apprendre un nouveau métier. Parvenue à la retraite, Magdalena R. se retrouve brutalement devant un certain vide, elle cherche un sens à sa vie et va peu à peu retrouver le goût et la soif de la découverte en suivant des cours dans une université pour seniors. Cela l’amène à faire un nouveau pas: se former pour apprendre aux autres. Magdalena R. a choisi d’enseigner le français aux migrants. / Mireille Descombes

A la retraite, les cahiers au feu? Sous la direction de Roland J. Campiche et Yves Dunant. Antipodes (2017), 123 p.

Né d’un cours public organisé par la Faculté de théologie et de sciences des religions, cet ouvrage collectif traite de plusieurs aspects particuliers de la Réforme, au fil des cinq siècles qui nous séparent de Luther. Par exemple, la coexistence pas toujours facile des catholiques et des protestants dans certaines communes du baillage commun d’Orbe-Echallens, entre le XVIe et le XVIIIe siècle, est exposée par Christian Grosse, professeur à l’UNIL. Le propos des auteurs, fins spécialistes francophones, est certes savant, mais reste très accessible. / DS

Unité et diversité des Réformes. Ed. par Simon Butticaz et Christian Grosse. Labor et Fides (2018), 171 p.

Dans un procès, une expertise psychiatrique n’est demandée par le juge qu’en cas de soupçon d’une responsabilité limitée résultant d’un trouble mental. Révisé en 2007, le Code pénal insiste sur les mesures et l’internement, donc la psychiatrie. Sous la plume du juge fédéral Jean Fonjallaz et du psychiatre Jacques Gasser, on comprend à quel point la mise en avant de la notion de «dangerosité» (et de protection de la société) implique la collectivité et le collectif: experts psychiatres qui se supervisent puis experts et ensemble de la chaîne pénale. / NR

Le juge et le psychiatre. Par Jean Fonjallaz et Jacques Gasser.
Stämpfli – Médecine et Hygiène (2017), 223 p.

Nelly Niwa, cheffe du projet, et le vice-recteur à la durabilité Benoît Frund racontent l’histoire de Volteface, plateforme dédiée à la transition énergétique. Les douze projets de recherche-action conçus en trois ans sont expliqués de manière concrète et intelligible. De l’ouvrage émerge parfois l’impression que la transition énergétique est une donnée abstraite, voire une utopie. Le passage à une société plus sobre en énergie est une démarche complexe qui ne peut ignorer les enjeux sociaux et le facteur humain. / FZo

Volteface. La transition énergétique?: un projet de société. Editions d’en bas et Editions Charles Léopold Meyer (2018), 276 p.

Comment l’identité religieuse, faite de mouvements et de ruptures, se bâtit-elle grâce à des modèles, que ceux-ci proviennent de textes fondateurs, mythologiques par exemple, de récits de vies exemplaires ou de narrations personnelles, à l’image de ces témoignages publics de conversion que l’on peut notamment entendre dans certains milieux évangéliques? Les contributions de cet ouvrage très riche, fruit d’un colloque, explorent de vastes et subtiles questions. /DS

Récit de soi et narrativité dans la construction de l’identité religieuse.
Sous la dir. de P.-Y. Brandt, P. Jesus et P. Roman. Editions des archives contemporaines (2017), 248 p.

Rejeté en votation en 2016 en Suisse, mis sur le tapis lors des Présidentielles françaises de 2017, le Revenu de base inconditionnel (RBI) fait son bonhomme de chemin. Toutefois, cet outil souffre d’un manque: il ne prend pas en compte les questions écologiques. Maître d’enseignement et de recherche à l’Institut de géographie et durabilité, Sophie Swaton propose la création d’un «Revenu de transition écologique». Ce RTE soutiendrait les personnes «qui ont choisi de se lancer dans des activités socialement utiles et écologiquement tenables.» / DS

Pour un revenu de transition écologique. Par Sophie Swaton. Puf (2017), 224 p.

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