De la «Banane» à l’économie

Cristina Gaggini. Licence en Sciences politiques en 1992. Directrice romande d’economiesuisse. © Pierre-Antoine Grisoni - Strates
Cristina Gaggini. Licence en Sciences politiques en 1992. Directrice romande d’economiesuisse. © Pierre-Antoine Grisoni – Strates

On ne rencontre pas n’importe où une responsable d’economiesuisse. Rendez-vous est pris avec Cristina Gaggini au Benjamin, le bar de l’Hôtel de la Paix à Lausanne. Pas de snobisme, juste un gain de temps pour celle qui dirige depuis 2008 l’antenne romande de la Fédération des entreprises suisses. On la rejoint donc après un déjeuner agendé à l’hôtel. Jupe et cheveux courts, la quadragénaire d’origine tessinoise est déjà attablée à la terrasse du bar, profitant d’un soleil pas vraiment de saison et de la vue sur Lausanne où elle réside désormais.

Chic mais sans chichi, madame la directrice s’imaginait-elle dans de tels repas d’affaires quand, étudiante en Sciences politiques, elle passait ses midis à la «Banane», la cafétéria du campus de l’UNIL? «Je rêvais de faire carrière oui, dans un environnement international tel que l’ONU, le FMI. Mais j’avais surtout l’ambition d’exercer une activité qui mêle action et réflexion.» Si elle ne se voyait pas rester dans le monde académique, Cristina Gaggini a néanmoins «énormément» aimé ses études. Après une jeunesse entre Genève et le Tessin, elle choisit l’Université de Lausanne pour la «flexibilité des sciences» et la possibilité de mettre l’accent sur certains cours. «Les sciences politiques m’ont donné des clés de lecture interdisciplinaires utiles pour tous les métiers.»

Des outils d’analyse qu’elle mettra d’abord à profit en tant qu’assistante marketing au sein de l’Office suisse d’expansion commerciale, qui aide les sociétés suisses à s’exporter à l’étranger. Quand elle pense avoir «fait le tour», une connaissance lui conseille de rencontrer le directeur des ressources humaines de son entreprise, le groupe Vaudoise assurances. «Un entretien informel qui deviendra entretien d’embauche» par un heureux concours de circonstances: la création d’un poste au sein de leur département marketing. Cristina Gaggini y restera 10 ans. Mais ayant «besoin d’être sollicitée et confrontée à des situations complexes», elle évoluera entre divers postes jusqu’à devenir secrétaire générale du groupe. Tout en complétant une formation de conseillère en Relations publiques.

«Lorsque je manque de stimulations, je m’ennuie et je passe à autre chose.» Et au sein d’economomiesuisse, Cristina Gaggini s’ennuie-t-elle parfois? Elle éclate de rire. «C’est le métier idéal.» Et reprend tout son sérieux pour évoquer les grands enjeux économiques du pays en 2014: les relations avec l’Union Européenne, la sortie du nucléaire, la réforme fiscale pour les sociétés étrangères établies en Suisse ou encore les salaires minimaux. Chargée de représenter la sensibilité romande au sein d’economiesuisse, ses journées «passent du coq à l’âne»: travailler sur une stratégie pour une campagne de votation, approuver un tout-ménage, faire un exposé public, déjeuner avec un patron d’entreprise, et passer du temps à discuter avec les gens pour se forger une opinion. «De longues journées, mais j’en retire beaucoup de satisfactions.» On lui demande comment elle concilie vie privée et professionnelle, elle rit: «Je ne suis pas un bon exemple». Célibataire, sans enfants. Sur les bancs de l’UNIL, Cristina Gaggini rêvait de sortir des sentiers battus, pas de fonder une famille. «Mais je suis très équilibrée», précise-t-elle, riant à nouveau. Avant de courir à une réunion. Fin de semaine habituelle d’une femme d’affaires en pleine action.

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