R. Gounelle – B. Mounier, éds, La littérature apocryphe chrétienne et les Écritures juives (Publications de l’Institut romand des sciences bibliques 7), 2015, 507 p.
La littérature apocryphe chrétienne est très peu citée dans les recherches sur la formation et le développement du canon des Écritures chrétiennes. Le colloque de Strasbourg a fait dialoguer des savants qui ne collaborent pas habituellement : les spécialistes de la littérature apocryphe chrétienne et les spécialistes de l’histoire de la Bible juive. Il a tenté d’attirer l’attention des premiers sur les références que les apocryphes chrétiens font aux Écritures juives et de les inciter à mettre davantage à profit les outils et les méthodes développées par l’histoire de l’exégèse durant ces dernières décennies ; analyser les apocryphes à la lumière de l’histoire des Écritures juives et de leur interprétation peut en effet fournir des éléments non négligeables sur le contexte de production d’un écrit et ouvre, dans certains cas, de nouvelles perspectives sur son interprétation.
La littérature apocryphe chrétienne provoque un certain renouveau dans l’étude de la réception du Premier Testament dans le christianisme et apporte de nouveaux matériaux à l’étude des relations entre judaïsme et christianisme, dans l’Antiquité comme au Moyen Age. En mettant au jour de nouvelles formes, inconnues jusque-là, du texte biblique et en analysant la façon dont les Écritures juives ont été exploitées dans des contextes parfois peu documentés par ailleurs, ce colloque a également mis au jour de nouvelles données, que les spécialistes de l’histoire de la Bible juive devront prendre en compte.
Les contributions présentées au colloque de Strasbourg témoignent de la multitude des méthodes à déployer pour circonscrire le phénomène citationnel dans des textes qui ne proposent que rarement des citations explicites. L’étude du rapport des apocryphes chrétiens aux Écritures juives peut en effet aussi bien passer par la recherche de citations précises dans des textes spécifiques et l’identification de leurs sources que par l’analyse des jeux d’allusions et d’intertextualité ; s’interroger sur le choix des versets et sur leur combinaison, questionner les changements qui y ont été apportés ou encore les situer dans l’histoire de leur réception peuvent s’avérer tout aussi fructueux.
Le colloque de Strasbourg ne prétendait pas couvrir l’ensemble de la littérature apocryphe chrétienne. Les contributions ici réunies n’en étudient pas moins un large éventail de textes de provenances et de datations très diverses : des textes liés aux prophètes et à l’histoire d’Israël côtoient des récits consacrés à la vie et à l’enseignement de Jésus et aux apôtres.