Portrait de Matthieu Gafsou

Par Rebecca Onesti

Par Rebecca Onesti, Master en histoire de l’art et en sciences historiques de la culture, UNIL

Matthieu Gafsou est né à Lausanne en 1981. Après des études à l’Université de Lausanne en philosophie, littérature et cinéma, il entreprend une formation de photographe à l’École d’arts appliqués de Vevey. Il participe à plusieurs expositions collectives et individuelles, notamment reGeneration2 et Only God Can Judge Me, toutes deux au Musée de l’Elysée à Lausanne en 2010 et 2014. En 2018, l’exposition H+ est présentée aux Rencontres de la Photographie d’Arles, puis voyage à l’international. En 2022, son projet Vivants est exposé au Musée d’art de Pully. Il enseigne à l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL).

Dans son projet pour l’exposition Techno-mondes, Matthieu Gafsou projette le public dans un monde fictif fait de Chimères. Ses images insolites invitent le spectateur à s’arrêter et à regarder de plus près pour essayer de comprendre à quoi est dû leur caractère singulier. L’artiste fait le choix de travailler avec l’intelligence artificielle. Il utilise le logiciel Dall-e qui fonctionne grâce à un prompt : une requête sous forme textuelle est soumise à l’intelligence artificielle qui, à partir de celle-ci, produit des images. Gafsou expérimente en donnant au programme des instructions, souvent accompagnées d’extraits de textes d’écrivains, notamment d’écrits dystopiques caractérisés par leur évocation de futurs possibles (notamment chez Damasio, Gibson, ou issus de la Bible). Il a aussi fait appel au moteur de traduction Deepl, afin de traduire les textes du français à l’anglais. Enfin, lorsque Dall-e produisait des images en noir et blanc, il a utilisé une autre IA présente dans Photoshop pour les coloriser automatiquement.

Fig. 1. Matthieu Gafsou, Chimères n°07, série Chimères, 2023

L’environnement et l’écologie font partie des thèmes qui l’ont guidé dans la réalisation de ses photographies. Il y présente un monde où la survie devient difficile. L’être humain se retrouve impuissant face à la destruction et à la désolation du monde provoquée par lui-même. Malgré le fait que le titre de la série Chimères (2023) suggère un monde fantastique et que toutes les images soient fictives, la série pose la question de la vraisemblance de tels scénarios dans un avenir proche.

Fig. 2. Matthieu Gafsou, Chimères n°09, série Chimères, 2023