Situés au pied du Jura vaudois, les marais des Pontets Est et Ouest abritent de nombreuses plantes et animaux menacés, grâce à l’existence d’une mosaïque de milieux variés. Le suivi mené sur ce site a confirmé sa richesse écologique.
On y trouve à la fois des zones humides, des milieux plus secs ou des gouilles temporaires et encore bien d’autres milieux spécifiques où prospèrent des espèces rares et menacées. Les marais du Pontet abritent ainsi huit sortes d’orchidées différentes. Certaines se plaisent plutôt dans les marais (Epipactis des marais), d’autres dans les forêts comme l’orchis moucheron ou l’orchis de Fuchs, alors que la Listère à feuilles ovales pousse plutôt en lisière de forêt.


Orchis moucheron © Caroline Khamissé
Les marais des Pontets abritent aussi des salamandres tachetées, la fameuse salamandre noire et jaune, reconnaissable entre toutes. La présence de larves a été observée, ce qui est très bon signe, car cela signifie que la salamandre tachetée se reproduit sur place. Parmi les reptiles, on trouve la coronelle lisse, une espèce de serpent en danger. À noter aussi la présence du lucane cerf-volant. Ce gros insecte dépend du bois mort et en particulier de gros troncs. « On ne s’attendait pas forcément à le trouver car il n’avait encore jamais été observé sur le site », explique Caroline Khamissé, responsable de projet Paysage et nature au Parc naturel régional Jura vaudois
Plus de trente espèces menacées
Parmi les espèces animales et végétales trouvées lors de cet inventaire, plus de trente sont menacées, en tout cas en Suisse mais souvent aussi à l’échelle européenne. Un déclin surtout dû à la diminution de leurs habitats voire carrément à leur disparition dans certaines régions.
La participation de groupes d’étudiants a permis de faire des relevés plus systématiques. « Il y a plus de biodiversité qu’attendu ». Les résultats de l’inventaire ont ainsi confirmé la grande valeur écologique des marais des Pontets, aussi bien pour le site Est que celui de l’ Ouest.
Le suivi écologique mené par Caroline Khamissé a été effectué de 2016 à 2018. Il y a eu d’autres suivis en 2020, 2023 et 2024. Dans l’ensemble, il n’y a pas eu d’évolution car ces milieux sont là depuis très longtemps. « Cette stabilité est positive car ces milieux sont rares et propices à la biodiversité », explique Caroline Khamissé.
Grande libellule forestière
Laissés à eux-mêmes, les marais ont une tendance naturelle à se combler. Ceux des Pontets ont été revitalisés, il y a une dizaine d’années, pour favoriser le Cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), une grande libellule noire et jaune. Cette libellule est en effet une espèce forestière qui apprécie les petites gouilles mais aussi les petits ruisseaux, c’est-à-dire des eaux qui restent fraîches toute l’année, alors que la plupart des espèces de libellules ont, au contraire, besoin d’eaux chaudes et stagnantes.

Cordulégastre bidenté © Bärbel Korch Libellenschutz
Concrètement, plusieurs gouilles ont été aménagées et reliées par des ruisselets. Le tout a été assorti d’opérations de débroussaillage. À noter que les bas-marais des Pontets font partie du territoire du Parc naturel régional Jura vaudois. Il s’agit d’un parc d’importance nationale, qui offre son expertise aux communes du territoire pour préserver et entretenir divers biotopes.
D’autres inventaires sont prévus tous les deux ans, le prochain en 2026, en se focalisant à chaque fois sur un ou deux groupes particuliers d’espèces. Le tout à différentes périodes de l’année, en fonction des groupes ciblés. Si l’inventaire se focalise sur les amphibiens, par exemple, l’inventaire aura plutôt lieu au printemps, voire début mars.
Pour les reptiles et les plantes en revanche, la meilleure période se situe plutôt en été.
Les marais des Pontets sont gérés à la fois par le Parc Jura vaudois et le groupement forestier qui s’occupe des forêts communales de la région. Pour les années à venir, il s’agira de regarder s’il y a un besoin de travaux et si oui, lesquels. Par exemple cette année, il est prévu d’aller arracher les petits arbres dans les marais.
Cet article est une version vulgarisée d’un article paru dans le bulletin 2024 de la Société Vaudoise des Sciences Naturelles : « Suivi écologique des bas-marais des Pontets» Caroline Khamissé
Auteur: Khamissé Caroline
Bulletin 103
Année: 2024
Pages: 79 – 83
DOI : https://doi.org/10.5169/seals-1061945

