Conférence Lluís Fontboté

le jeudi 25 avril
à 18h30
Palais de Rumine
Auditoire Narbel, 5ème étage

et Online https://unil.zoom.us/j/2635095432

Mine de cuivre d’Aitik, Arctique de la Suède

Résumé:
D’un point de vue géologique – et contrairement aux idées reçues – il n’y a pas de risque d’épuisement des ressources minérales. La confusion entre les termes « ressources minérales » et « réserves » est l’une des principales raisons de l’idée fausse et largement répandue selon laquelle les ressources minérales vont s’épuiser rapidement. Les connaissances géologiques indiquent que les ressources de la plupart des matières premières minérales sont suffisantes pour approvisionner la société dans un avenir prévisible à condition qu’un effort majeur d’exploration soit réalisé.

Il existe cependant d’autres limites à l’approvisionnement en ressources minérales nécessaires à la société, et il existe un risque certain de pénurie temporaire de métaux essentiels à la décarbonatation pour la transition énergétique. Les prévisions d’électrification selon les accords de Paris impliquent des augmentations extrêmement fortes et à court terme de la production de divers métaux. Les pouvoirs publics et la société civile doivent être conscientes que ces rapides augmentations ne sont pas réalistes, notamment pour le cuivre, et que l’évolution actuelle des investissements dans exploration et en général dans l’industrie minière n’invitent pas à l’optimisme.

La nature cyclique de l’économie minière et les inconnues quant à la manière dont la décarbonatation énergétique sera mise en œuvre ne facilitent pas non plus les efforts d’investissement nécessaires. Par exemple, les besoins en cobalt, nickel et lithium pourraient être radicalement impactés.

Actuellement, les investissements dans l’exploration sont aussi entravés par les retards dans l’obtention des permis. Malgré les récents progrès importants et les technologies modernes qui atténuent l’impact environnemental, même lors de l’exploitation de gisements à faible teneur, les activités d’exploration et d’exploitation minière ont de plus en plus de difficultés à obtenir le « permis social » et l’accès au terrain nécessaire. La reconnaissance croissante du besoin de ressources minérales de la part des pouvoirs publics et en général de la société civile est un facteur favorable mais il y a beaucoup à faire surtout en termes de transparence, confiance et éducation. Les changements dus à l’émergence de critères de souveraineté (l »Inflation Reduction Act » aux EEUU, le « Critical Raw Materials Act » en Europe, constituent des nouvelles opportunités mais aussi des défis.

D’autre part, la grande majorité des gisements exploités ont été découverts en surface ou dans les 300 mètres supérieurs de la croûte. Les données géologiques montrent que des gisements sont également présents à de plus grandes profondeurs. La technologie minière est prête pour l’exploitation minière à des profondeurs de 3000 m et plus. Cependant, la découverte de gisements en profondeur nécessite des investissements accrus et la pleine application de nos connaissances sur les systèmes minéraux. Le développement de techniques d’analyse en temps réel, de meilleures méthodes de forage, de géophysique de fond de trou et d’imagerie électromagnétique et sismique 3D, ainsi que l’utilisation de « big data » et d’approches d’apprentissage automatique (« AI ») offrent de nouvelles opportunités.

Les géologues et autres professionnels dans l’exploration et l’exploitation des ressources minérales de manière durable sont face à un avenir brillant. Le défi actuel consiste à former des géologues capables de gérer la richesse des données générées. Cela exige une formation ciblée sur le « return to the basics »: des solides compétences de travail sur le terrain, de minéralogie, de pétrologie, de géologie structurale, de géochimie et une capacité d’analyse et de synthèse et, en même temps, la capacité de collaborer avec des spécialistes d’autres domaines.

Biographie:
Lluís Fontboté est professeur émérite de métallogénie à l’Université de Genève, où il a également été vice-doyen de la Faculté des sciences, président de la Section des sciences de la Terre et de l’environnement et directeur de l’ELSTE (École Lémanique en Sciences de la Terre) en collaboration avec l’Université de Lausanne. Il est diplômé de l’Université de Grenade, en Espagne, et a obtenu son doctorat de l’Université de Heidelberg, en Allemagne. Entre, 1990 et 2018, il a dirigé le Groupe des Gisements Minéraux de l’Université de Genève, actif dans diverses régions du monde, où il y continue à développer des recherches. En 2012, il a été président de la Society of Economic Geologists (SEG) et en 2023, il a reçu la médaille d’or de la Society for Geology Applied to Mineral Deposits. Il est expert auprès de la Commission Européenne, en particulier dans le domaine des métaux critiques et travaille comme conseil dans l’exploration pour diverses compagnies minières.

Horaire: 18h30
Date: le jeudi 25 avril 2024
Lieu: Palais de Rumine
Salle: Auditoire Narbel. 5ème étage
Rejoignez nous Online: https://unil.zoom.us/j/2635095432
Gratuit et ouvert à tous