Récit d’un voyage dans les Alpes suisses accompagné de gravures reproduisant les dessins réalisés par l’auteur durant son périple : le nombre et la nature des dessins variant selon les exemplaires, il est difficile d’en préciser le nombre ; selon une étude de May de Rudder parue dans la Revue d’alpinisme (Bruxelles, année 1939-40, p.13-42), l’illustration comprend : un titre-frontispice en couleurs représentant l’auteur en randonneur alpin, 18 planches de costumes coloriées, 48 planches de paysages, 7 cartes dépliantes (dont une retraçant le trajet effectué depuis Rennaix, en Belgique) et une planche de musique (Ranz des vaches), le tout réalisé en lithographie.
Livres illustrés – Campagne 2009-2010
La Bastille revue et corrigée par Linguet
L’avocat Simon-Nicolas-Henri Linguet fut l’un des plus brillants publicistes des années pré-révolutionnaires. Son esprit caustique et sarcastique lui valut de nombreux ennemis, et il préféra quitter la France. On le retrouve en Suisse, en Hollande, à Londres, où il publie en 1777 sa célèbre feuille, les Annales civiles, politiques et littéraires. Suite à son enlèvement par la police française à Bruxelles en 1780, il passera deux années à la Bastille qui lui inspireront la rédaction de ces Mémoires dont la publication fit grand bruit.
Parmi la dizaine d’éditions publiées en 1783 sous l’adresse supposée de Londres, deux le furent à Lausanne. Celle-ci sort des presses d’Abraham-Louis Tarin, identifiable à son matériel typographique, probablement pour le compte du libraire-éditeur François Grasset.
Frontispice représentant l’auteur, en compagnie d’autres personnages se prosternant devant la statue élevée à la gloire de Louis XVI avec, à l’arrière-plan, la Bastille en ruine. La prémonition ne se vérifia pas complétement : la Bastille fut bien détruite, mais pas par Louis XVI, et Linguet fut décapité en 1794…
Aux sources du « pittoresque »
«The art of sketching is to the picturesque traveler what the art of writing is to the scholar. Each is equally necessary to fix and communicate its respective ideas.»
Formulée dès 1768 dans son Essay on Prints, la définition du pittoresque en peinture de William Gilpin (1724-1804) a marqué le goût anglais en matière picturale pendant près de cinquante ans. Figure incontournable de l’esthétique pré-romantique, Gilpin est, avec Jean-Baptiste Le Prince ou plus tard Goya, un des principaux promoteurs de l’aquatinte, ou gravure en manière de lavis, appelée à dominer la scène artistique à la fin du 18e et au début du 19e siècle.
« L’heureux jour » contrefait à Lausanne
Contrefaçon lausannoise d’un opuscule publié la même année à Paris. La vignette et le fleuron ont été gravés en taille-douce à Lausanne par Chovin sur le modèle parisien, oeuvre d’Eisen ; le titre gravé et le frontispice illustrant l’édition originale n’ont pas été repris.
Né à Genève en 1718, Jacques-Antony Chovin est le premier taille-doucier établi à Lausanne, en 1761, après avoir été actif à Bâle, où il signe des travaux dès 1748 au moins. Auparavant, les planches illustrant des ouvrages imprimés à Lausanne étaient confiées à des professionnels parisiens, lyonnais ou genevois.
Un incunable de l’aquatinte
Cette pochade littéraire prétend réduire à quelques exclamations le texte de l’auteur («En n’y mettant rien, en n’en pourra pas critiquer le style»), laissant le soin à quelque bonne plume de «s’exercer et remplir, en vers ou en prose, ce grand sujet». Prisé par les dadaïstes, qui y virent une préfiguration de leurs idées, ce livre étonnant est illustré de cinq planches anonymes attribuables à Jean-Baptiste Le Prince, considéré comme l’inventeur de la technique de l’aquatinte.
L’aquatinte, grâce à un procédé de grainage au sable des plaques permettant d’obtenir un effet de lavis, constituera un mode de représentation très apprécié à la fin du 18e siècle, avant d’être relayé par la lithographie puis par les procédés photomécaniques, moins coûteux. L’adresse de Lauzanne figurant est fictive. L’ouvrage a paru à Paris.
Un Robinson veveysan
François-Aimé-Louis Dumoulin (1753-1834) quitte Vevey à l’âge de vingt ans pour aller chercher fortune à Londres. Il y embarque pour les Antilles, où il demeurera neuf ans. En marge de ses emplois dans le commerce, il apprend la peinture en autodidacte. De retour à Vevey au bénéfice d’une petite fortune, il a pu vivre de sa peinture, notamment en vendant des œuvres et en donnant des cours de dessin privés.
Les Voyages et aventures de Robinson Crusoé, de Daniel Defoë ont paru en anglais en 1717. La première traduction française a été publiée à Amsterdam en 1720. Cette fiction inspirée de l’histoire véridique d’un marin écossais abandonné pour s’être rebellé sur l’île de Juan Fernandez, au large du Chili, de 1705 à 1709, a fait rêver des générations d’adolescents. Dans l’ « Avertissement » placée à la tête du volume, Dumoulin souligne bien l’importance de ce texte et de son illustration pour le jeune homme qu’il avait été : « Dès mon enfance, ce livre et les figures qui y étaient attachées, fixèrent singulièrement mon attention ; je leur dois le goût de la lecture, du dessin et de l’étude de la nature, et Robinson Crusoé développa chez moi le désir de voyager ».
La suite gravée à l’eau-forte et retouchée au burin par Dumoulin constitue un des ensembles d’images les plus riches inspirés par les voyages de Robinson.
Le volume présenté appartient à la rarissime réédition sur « grand papier » publiée à Vevey par le libraire Blanchoud vers 1818, quelques années après la parution originale, imprimée par Loertscher et fils.
Un fac-similé de l’édition originale de ce livre peut être commandé à la BCU-Lausanne ou acheté à la boutique du Musée.
Un dessinateur yverdonnois peu connu : Fritz de Niederhäusern
Souvenirs de la campagne du Rhin, 1857, dédiés au vingtième bataillon (commandant Many) par F. de Niederhäusern (Genève : Imprimerie Auto-lith. Eisenhardt, 1857)
Cet album relate en vingt planches lithographiées la participation d’un bataillon genevois à une des premières mobilisations de la toute jeune armée fédérale, placée sous le commandement du Général Dufour- Il s’agissait de contenir la menace d’une invasion prussienne de la Suisse à la suite du coup d’état tenté en 1856 pour rétablir la souveraineté de la Prusse sur le canton de Neuchâtel, réuni à la Confédération depuis 1848.
Né à Yverdon en 1828, François-Louis (alias Fritz) de Niederhäusern a été l’élève d’Alexandre Calame à Genève. Le recueil intitulé Badenweiler 1862 (14 planches) témoigne de son établissement en Alsace, près de Mulhouse, où il épouse en 1867 Olga Koechlin et où il décédera en 1888. L’exemplaire acquis est dédicacé à « Monsieur Emile Koechlin » (industriel de Mulhouse apparenté à son épouse).
24 vues de Lausanne au temps des Romantiques
Cet album contient 24 vues de Lausanne signées « J. Dubois ». L’activité du peintre genevois Jean Dubois (1789-1849) prend place dans le contexte du développement du tourisme en Suisse, à l’époque romantique. Il a gravé des vues pittoresques qui ont fait l’objet de publications plus ou moins ambitieuses selon les possibilités de l’éditeur. Destinés à une clientèle aisée, ces recueils étaient réalisés avec beaucoup de soin. Les gravures publiées permettent de documenter de nombreux endroits et bâtiments modifiés ou disparus, qui n’ont pas toujours connu les honneurs d’une représentation picturale.
Les planches qui composent ce volume ont été imprimées par André-Philibert Spengler, l’un des premiers lithographes romands, établi à Genève et à Lausanne au début des années 1820.
Cervantès imprimé à Lausanne
Le libraire-éditeur lausannois Marc-Michel Bousquet, dont le commerce s’étendait à l’Europe entière, a publié les Nouvelles exemplaires de Cervantès à plusieurs reprises, en espagnol (1743) et en français (1744 et 1759), dans la traduction publiée par l’abbé Saint-Martin de Chassonville à Amsterdam de 1705 à 1707.
Le frontispice gravé et les 10 planches qui ornent cette parution sont identiques dans toutes les éditions de ce livre publiées par Bousquet.