Ecroulés, dispersés, fragmentaires. Voilà le sort d’une composante majeure de l’architecture antique dans nos régions. Les revêtements muraux et leur conservation délicate, cauchemar du fouilleur, requièrent toute la patience de l’archéologue, de leur prélèvement à leur publication. Longtemps négligés voire ignorés, les fragments d’enduits peints et de placages de marbres ont trop souvent fait l’objet d’un échantillonnage, prétendu témoin de la richesse d’un habitat. Le crépissage des murs, peint ou revêtu de marbre, Ie tectorium des Anciens, est tout autrement révélateur. Les travaux de ces dernières années prouvent que son étude apporte souvent des résultats essentiels à la compréhension d’une architecture: il montre des solutions techniques parfois insoupçonnées, il restitue Ie cadre décoratif des premiers siècles de notre ère, il offre la troisième dimension des édifices arasés.
Pour un tel résultat, les revêtements nécessitent un traitement adapté dès leur apparition sur la fouille. Expertise et couverture photographique vont orienter Ie choix du préIèvement. Qu’ils soient en remblai ou au pied des murs qu’ils décoraient, les enduits et les placages seront recueillis pièce par pièce, selon un carroyage serré (50 cm de côté), disposés en une couche dans des cagettes munies de sable ou de papier journal. Les plaques de peintures en connexion pourront être prélevées dans des coffrages ou des gangues de plâtre, avec l’aide d’un restaurateur. Les gisements trop complexes pour être fouillés sur place seront segmentés et déposés par blocs puis traités en laboratoire. Une documentation précise, fiche descriptive et dessin à l’échelle 1:1, accompagne Ie prélèvement.
Comme tout autre objet archéologique, les enduits et les placages prennent sens s’ils sont ramassés systématiquement, sans a priori liés à la beauté ou à la taille des fragments. Ainsi seulement peuvent être déterminées les teintes dominantes d’un décor, la surface de ses composantes. Même longue, une intervention attentive sur Ie terrain aboutira à une élaboration optimale, moins coûteuse en temps et en argent que s’il s’agit de reconstituer les informations manquantes. Etape délicate, Ie nettoyage du matériel s’effectue à l’aide de cotons-tiges humidifiés, de pinceaux durs et d’instruments de dentiste. Il s’opère sur toutes les faces des fragments, facilitant ainsi leur remontage.
La lecture des moindres traces dégagées donne des indications précieuses sur Ie support de mortier et sur la surface, gravée ou peinte. Des analyses physico-chimiques permettront de déterminer la nature et la provenance des pigments, des roches ou des mortiers rencontrés.