Vanessa Diener, Pierre Margot, d’architecte restaurateur estimé à persona non grata. Mise en contexte vaudoise et française

Architecte spécialisé dans la restauration des monuments historiques, actif de 1950 à 1995, Pierre Margot était une figure incontournable du milieu du patrimoine. L’un des rares architectes spécialisés des Trente Glorieuses, il ne jouit pourtant pas aujourd’hui d’une grande popularité. Comment comprendre ce changement de statut d’une personne largement estimée à celle de persona non grata ? Le propos de cet article est de montrer que, au-delà d’une personnalité et de pratiques dont la forme a pu déplaire, Pierre Margot incarne un modèle, une vision historiquement située de la restauration, qui entre en conflit avec l’émergence d’une nouvelle gestion cantonale des monuments historiques.

La façade nord de la Maison du Prieur à Romainmôtier, état après restauration, vers 1961 (ACV, PP 549/1212). 

Ludivine Proserpi, La similipierre et l’esprit. Frédéric Gilliard et la restauration de monuments historiques religieux dans l’entre-deux-guerres

Frédéric Gilliard (1884-1967) est un protagoniste majeur parmi les architectes restaurateurs de l’entre-deux-guerres dans le Canton de Vaud. Il est particulièrement actif dans le domaine des monuments religieux et restaure de nombreux sanctuaires, anciens et modernes. S’exprimant par le biais d’articles et de conférences publiques, autant de sources inédites, il élabore une réflexion théorique sur ce sujet. Ses écrits sont des documents précieux pour cerner les nouveaux enjeux qui orientent la restauration à cette époque : cette pratique doit permettre de rénover les sanctuaires et s’associe peu à peu à l’ambition de faire renaître un art sacré dans le milieu protestant. L’article vise à retracer la pensée théorique d’un architecte restaurateur qui, mieux que quiconque, aide à cerner l’évolution marquant la restauration des monuments religieux de l’entre-deux-guerres et nous permet de l’appréhender avec un regard nouveau.

Le temple de Villette dans son état actuel, après la restauration de Gilliard entre 1924 et 1932 (notreHistoire.ch, photo Anne-Marie Martin-Zürcher)