Besjane Dërguti, Lucie Tardin & Catherine Schmutz Nicod, « L’immeuble d’habitation avenue d’Échallens 15 à Lausanne construit en 1901 par l’entrepreneur Charles Pache »

Cet article expose les résultats du séminaire Architecture et Réhabilitation. Le cas d’un immeuble lausannois 1900, donné par Catherine Schmutz Nicod au semestre d’automne 2018, en collaboration étroite avec l’Unité d’enseignement (UE) «Architecture et réhabilitation», dirigée par le professeur EPFL Luca Ortelli. Il détaille dans une première partie les buts de l’UE, puis présente la synthèse du travail de deux étudiantes UNIL en histoire de l’art, portant sur le site et son contexte urbain, l’immeuble et son constructeur, l’entrepreneur lausannois Charles Pache, figure importante autour de 1900.

Adrien Noirjean, « Sur les traces de Pierre Racine, ingénieur et architecte (v. 1665-1728). Compte rendu d’une enquête menée du Jura au fossé rhénan »

Qui était Pierre Racine, l’architecte du début du XVIIIe siècle ayant construit la résidence des princes-évêque de Bâle à Delémont ? Nous avons remonté les différents indices laissés tant par les échanges épistolaires des administrations que par les comptabilités de chantiers. Ceux-ci nous ont conduit à Bâle, à Neuchâtel, à Porrentruy, à Mulhouse etc. Étrangement, Pierre Racine était y était identifié tout à tour comme architecte, entrepreneur, directeur des bâtiments, ingénieur hydraulique, charpentier. Or, ces attributions étaient pour la plupart isolées, à tel point que nous avons supposé par moment l’existence de plusieurs personnages homonymes. Grâce à la découverte de documents jetant des ponts entre ces différents profils, nous sommes parvenu à reconstituer un parcours pour ce maître entrepreneur originaire des montagnes jurassiennes et actif essentiellement à Bâle, en Alsace et dans le Jura, avec à la clé, la redécouverte de quelques réalisations originales.

© AAEB

Roshanak Haddadi, « Intérêt architectural et contextuel en jeu dans la conservation des tissus urbains non monumentaux. L’exemple de l’îlot Fabre à Lausanne »

Lors des débats sur la démolition des immeubles d’habitation de l’îlot Fabre, propriété de la Ville de Lausanne et jadis situés au pied de la Cathédrale, tout le monde est unanimement d’accord sur un point: les immeubles, pour la plupart tombés dans un état misérable, ne sont pas de nature à inspirer du regret. De ce point de vue, le projet est autant salué par les citoyens que par l’administration communale. Bien que cet îlot occupe une situation stratégique par rapport à la Cathédrale, sa disparition ne suscite pas de grandes controverses. En outre, les débats nourris sur l’avenir de la surface libérée amènent les décideurs à ne rien reconstruire, mais à se contenter de semer du gazon, afin de mettre davantage en valeur l’aspect majestueux et grandiose du monument gothique.

L’îlot Fabre nous fournit un bon exemple pour analyser les intérêts architecturaux et contextuels en jeu dans la conservation des tissus urbains non monumentaux à l’époque de l’entre-deux-guerres. L’histoire de la démolition de cet îlot étant largement méconnue, cette étude souhaite en retracer les circonstances ainsi que celles de l’après-démolition (1934-1939).

© MHL, photo Hippolyte Chappuis, 1938.

Guillaume Curchod, « « Un tout homogène ». Les transformations et restaurations de l’Ancienne Académie, de la cure des professeurs et de la maison Curtat à la Cité »

Sur la colline de la Cité, l’ensemble formé par l’Ancienne Académie, la cure des professeurs et la maison Curtat, accueille aujourd’hui le Gymnase de la Cité. Si ces édifices sont harmonieusement raccordés entre eux et présentent une physionomie unifiée, tel n’a pas toujours été le cas. Le dépouillement des archives a permis de mesurer l’ampleur des travaux entrepris dans le premier tiers du XXe siècle par le Canton sur ces bâtiments dont l’affectation et l’agencement ont évolué au cours des siècles. En particulier, les grandes campagnes de transformations, rénovations et restaurations des années 1920 et 1930 définissent la physionomie actuelle des bâtiments et le rapport qu’ils entretiennent entre eux. Ils constituent un cas d’étude intéressant en matière de restauration de l’entre-deux-guerres, période moins étudiée par la recherche. Il s’agira donc de saisir les enjeux posés par les travaux entrepris au cours de cette période: les choix stylistiques, ainsi que les intentions et les valeurs guidant les transformations et restaurations.

© Archives cantonales vaudoises

Éloi Contesse & Tamara Robbiani, « L’État bâtisseur. Valorisation des dossiers de plans de l’ancien Service des bâtiments de l’État de Vaud »

Suite à la constitution de deux nouveaux fonds de plans de l’ancien Service des bâtiments de l’Etat de Vaud au sein des Archives cantonales vaudoises (cotes : SB 233 et SB 285), l’article propose de les présenter à un plus grand public. Après une brève contextualisation des documents par rapport au maître de l’ouvrage, il est donné un aperçu de leurs contenus, en particulier des objets illustrés et des auteurs des dessins. L’opportunité est également saisie pour mettre en avant quelques réflexions essentielles autour de la constitution des archives d’architecture et de ses problématiques, et de les partager avec les utilisateurs de ce patrimoine documentaire.

@ Archives cantonales vaudoises

Catherine Schmutz Nicod & Laura Bottiglieri, « Les moulins d’Orbe. Du moulinet à la minoterie industrielle »

Situé à un emplacement stratégique, à proximité immédiate de la vieille ville d’Orbe, à la jointure entre la rivière et le bourg, le complexe des moulins d’Orbe est intrinsèquement lié à l’urbanisme de la ville. Son implantation est ancienne, car les franchises de la Ville et les comptes communaux attestent l’existence d’un moulin à Orbe en 1404.

Les moulins d’Orbe constituent l’un des rares témoins de site meunier n’ayant pas changé d’affectation depuis le Moyen Âge, avec une certaine substance ancienne conservée. En effet, ce type de patrimoine, caractérisé par une constante évolution au service des avancées technologiques, a largement disparu en terres vaudoises et au-delà. La traversée de la révolution industrielle a souvent et irrémédiablement raison des installations anciennes.

En l’état actuel, les bâtiments conservés sont représentatifs de différents styles et époques. Les moulins d’Orbe font actuellement l’objet d’une importante réflexion en vue de leur éventuelle reconversion. Cette actualité donne l’occasion de revenir sur l’histoire d’un site artisanal et industriel remontant au Moyen Âge dont l’affectation n’avait pas changé durant plus de 600 ans.

 

 

 

Ludivine Proserpi, « La restauration du temple d’Orbe. De l’évolution dans la pratique de la restauration monumentale durant l’Entre-deux-Guerres »

La restauration du temple d’Orbe, dirigée entre 1933 et 1934 par le bureau d’architectes Gilliard & Godet, représente un cas d’étude privilégié pour comprendre les enjeux de la pratique, encore peu connue, de l’entre-deux-guerres et pour cerner les évolutions par rapport au tournant du siècle. Alors que d’une part ce cas d’étude témoigne de la volonté toujours marquée de mettre en évidence les découvertes archéologiques perçues comme des éléments fondamentaux dans la compréhension de l’histoire de l’édifice, elle témoigne d’autre part l’importance croissante des valeurs d’art et d’usage, au sens explicité par Alois Riegl. La restauration du temple d’Orbe peut par conséquent être perçue comme un témoignage de l’ambition de renouveau esthétique qui anime le monde protestant en Suisse romande durant l’entre-deux-guerres.

© Archives cantonales vaudoises

Luigi Napi, « Montchoisi près d’Orbe. Un avatar du château impérial de La Malmaison »

La maison de campagne de Montchoisi, édifiée à la sortie d’Orbe, à l’ouest de la route conduisant à Valeyres-sous-Rances, offre au voyageur une imposante façade, intrigante par l’ampleur de sa toiture, particulièrement par la forme en pavillon surmontant les deux avant-corps latéraux à frontons triangulaires. Mais cette façade monumentale dissimule et réunit à la fois, sous une composition rigoureusement symétrique, les fonctions résidentielles et rurales.

Cette typologie est loin d’être unique et connaît plusieurs exemples antérieurs édifiés au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. En revanche, le caractère exceptionnel du décor de sa façade orientale évoque, pour l’auteur, le château impérial de la Malmaison. L’article explore cette comparaison à travers le lien étroit entre l’épouse du propriétaire et l’ex-impératrice. Par comparaison stylistique, il propose également des pistes quant aux architectes de la maison de Montchoisi.

@ Archives cantonales vaudoises

Yves Dubois & Laurent Auberson, « De l’aquarelle à la pierre: l’Hôtel de Ville d’Orbe dans tous ses états »

Le patrimoine bâti d’Orbe est d’une originalité qui trouve son expression la plus manifeste dans l’hôtel de ville, l’hôpital et l’église Notre-Dame. La faible ampleur de la façade de l’hôtel de ville ne saurait reléguer les qualités d’un édifice qui s’inspire des modèles les plus prestigieux de l’architecture du XVIIIe siècle et soutient aisément la comparaison avec les bâtiments publics des autres villes vaudoises de l’Ancien Régime.

L’histoire de son architecture n’avait jamais fait jusqu’ici l’objet d’une étude complète. C’est ce que propose le présent article, qui est articulé en deux parties. La première est un examen critique et une interprétation des dessins de façades conservés au Musée d’Orbe. La seconde retrace l’histoire de la construction dans son contexte et s’arrête sur quelques aspects de l’architecture réalisée ou seulement projetée, ainsi que sur un programme sculptural non agréé.

 

@ Photo Claude Jaccard

Isabelle Roland, « Une œuvre méconnue de Gabriel Delagrange: la maison de maître des Tilleuls à Renens »

La maison de maître des Tilleuls à Renens fait partie des nombreuses «campagnes» édifiées au cours du XVIIIe siècle aux abords de la ville de Lausanne par des notables de cette cité. Elle a été construite à partir de 1768 pour Pierre-Elie Bergier et son épouse Jeanne Elisabeth Albertine Diedey, selon les plans de l’architecte Gabriel Delagrange, l’un des plus talentueux à cette époque. Ce dernier a été contraint de récupérer une partie des murs d’une ancienne ferme des années 1729, ce qui a engendré un plan particulier et tout à fait unique, intégrant le logement du fermier dans le socle de la maison de maître. Les différentes phases de l’élaboration de ce projet singulier sont connues grâce à une douzaine de plans signés de Delagrange, conservés dans les archives de la Ville de Renens.

Après avoir été menacée de démolition dans les années 1990, la maison des Tilleuls a été réhabilitée en 2014-2016 par la commune; elle accueille aujourd’hui un lieu dédié à l’art et un café.

© Archives cantonales vaudoises