Colloque international : Sport et Cinéma. La technique à l’épreuve du réel
18 et 19 novembre 2021
Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges
Comme l’ont expliqué Patrick Diquet et Christophe Meunier (Les Origines sportives du cinéma, 2017), le sport a accompagné l’histoire du cinéma dès les premières images captées par Georges Demenÿ. Depuis, certaines disciplines sportives ont attiré l’attention des cinéastes par leur intensité et potentiel esthétique : l’athlétisme (ex. Les Chariots de feu d’Hugh Hudson, 1981), la boxe (Raging Bull de Martin Scorsese, 1980), le football (Pelé, naissance d’une légende de Michael et Jeff Zimbalist, 2016), le baseball (42 de Brian Helgeland, 2013) ou encore le basket-ball (Coach Carter de Thomas Carter, 2005). Avec le support des grands studios européens ou hollywoodiens, de nombreux longs métrages (comédie, drame, film noir, science-fiction) ont ainsi marqué de leur empreinte l’histoire culturelle, allant du burlesque (Sportif par amour, 1927) à la politique internationale (Rocky IV, 1985), de l’action pure (Rush, 2013) à l’économie du sport (Le Stratège, 2011), du drame historique (De l’ombre à la lumière, 2005) aux questions d’identité nationale (As One, 2012). En règle générale, ces films répondent aux besoins émotionnels d’un large public et aux nécessités commerciales d’un marché en expansion.
Bien que le sport soit un sujet prisé par les cinéastes, il demeure encore trop rarement étudié par les chercheurs en sciences humaines et sociales, même si l’ouvrage de Seán Crosson, (Sport and Film, 2013) a permis une première avancée en la matière. Retraçant l’histoire des films de sport depuis les débuts du cinéma, l’auteur explore diverses clés de lecture pour analyser ce corpus spécifique et donne des outils méthodologiques. D’autres études plus ciblées ont également permis d’ouvrir des pistes de réflexion : la question du sentiment d’appartenance nationale (Klara Bruveris, 2017), la question des athlètes de couleur (Samantha N. Sheppard, 2020), la figuration des athlètes féminines (Jayne Caudwell, 2009 ; Viridiana Lieberman, 2015), la représentation du cyclisme (Bruce Bennett, 2019) ou de la lutte (Luke Stadel, 2016), la description du coaching sportif (Nicholas Chare, 2016) voire les occurrences sportives dans une œuvre cinématographique (Bauer, 2018). Que ce soit en histoire, en sociologie ou en psychologie, les films de sport sont de plus en plus considérés comme des matériaux potentiels et originaux permettant de renouveler les réflexions scientifiques.
Toutefois, un aspect minoré – et qui fait souvent l’objet de débats chez les spectateurs avertis – mérite notre attention : la technique sportive. De ce point de vue, il faut saluer l’article incontournable de Sebastian Byrne (2017) sur la représentation des gestes sportifs et de leur crédibilité narrative. En nous appuyant sur les travaux de Bernard Stiegler (2018) et ceux de Gilles Deleuze (1985), ce colloque international propose de questionner l’usage du « corps instrument » (Christine Détrez, 2002) et la nature de sa transposition. Dès lors, si le cinéma exploite l’efficacité spectaculaire et esthétique des gestes sportifs, lesquels relèvent d’indicateurs codifiés et institutionnalisés, ces derniers ne restent-ils pas assujettis à leur idéalisation par une création fictionnelle et des narrations aléatoires ?
En se focalisant moins sur la figure de l’athlète que sur la dimension technique de l’effort sportif ou artistique (dans les arts du cirque ou de la danse par exemple), cette manifestation scientifique vise ainsi à déplacer notre regard pour mieux réinterroger, entre réalité et fiction, performance et esthétique, témoignage et science-fiction, la culture sportive. Si « la fiction peut dire des choses… que les autres genres ne peuvent tout simplement pas capturer » (Douglas Booth, 2005), le sport oblige les chercheurs à réfléchir, au-delà de ce que les films peuvent dire, sur la façon dont ils les montrent.
Les propositions de communication, rédigées en français ou en anglais (500 mots environ), seront à envoyer par courrier électronique aux organisateurs avant le 1er juin 2021 sous forme de résumé, accompagné d’un bref curriculum vitae. Elles devront s’inscrire dans un ou plusieurs axes d’analyse proposés ci-dessous :
Axe n° 1 : Techniques sportives et techniques cinématographiques
Axe n° 2 : Histoire et représentation des techniques sportives au cinéma Axe n° 3 : La beauté du geste sportif et artistique
Axe n° 4 : Apprentissage, coaching et performance
Axe n° 5 : Adaptation, intertextualité et sérialité
Axe n° 6 : Imaginaires, fantasmes et science-fiction
Organisateurs
Thomas Bauer (thomas.bauer@unilim.fr)
Loïc de la Croix (loic.de-la-croix@u-bordeaux.fr)
Hugo Gerville-Réache (hugo.gerville@etu.unilim.fr)
Bibliographie indicative
Technique & cinéma
André Gaudreault et Martin Lefebvre, Techniques. La Technique et le temps, tome 3 : le temps du cinéma, Paris, Galilée, 2001.
Corps & cinéma
Christophe Damour (dir.), Jeu d’acteurs : corps et gestes au cinéma, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, coll. « Fromes cinématographiques », 2017.
Jérôme Game (dir.), Images des corps/corps des images au cinéma, Lyon, ENS Éditions, coll. « Signes », 2010.
Jean-Marc Leveratto, « Les techniques du corps et le cinéma. De Marcel Mauss à Norbert Elias », Le Portique. Revue de philosophie et de sciences humaines, n° 17, 2006. https://journals.openedition.org/leportique/793
Sport & cinéma
Julien et Gérard Camy, Sport & cinéma, Nice, Éditions Du Bailli de Suffren, 2016.
Sean Crosson, Sport, Film and National Culture, London, Routledge, 2013.
Emma Poulton & Martin Roderick, “Introducing sport in films”, Sport in Society, vol. 11, n° 2-3, 2008, p. 107- 116.
Technique sportive & cinéma
Sebastien Byrne, “Actors who can’t play in the sports film : exploring the cinematic construction of sports performance”, Sport in Society, vol. 20, n° 11, 2017, p. 1565-1579.